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Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées au Père-Lachaise à Paris pour un adieu à Emilie Dequenne, que l'actrice, emportée par la maladie à 43 ans, a voulu sans fleurs mais qui doit permettre de soutenir la recherche contre le cancer
Aux côtés d'autres personnalités du cinéma, dont Sami Bouajila, Alice Belaïdi, Natacha Régnier, Albert Dupontel, Hafsia Herzi ou Andrea Ferréol, les réalisateurs Jean-Pierre et Luc Dardenne sont venus dire au revoir à leur "Rosetta". Ils se sont assis au premier rang avec la famille.



Révélée à 18 ans dans leur film, fauchée par un cancer rare au terme d'une lutte acharnée qu'elle avait rendue publique, Emilie Dequenne est morte le 16 mars, laissant le souvenir d'une comédienne attachante, talentueuse et pleine d'énergie. Un registre de condoléances a été mis à disposition à l'extérieur, et un dessin de l'actrice, signé Jean-Charles de Castelbajac, égaye les marches qui permettent d'accéder au crématorium, où se tient la cérémonie religieuse.



A l'intérieur, deux photos, avant et après la maladie: l'une, en noir et blanc, cheveux longs, l'autre en couleur, cheveux courts. Sur les deux clichés, un même sourire. "A la demande d'Emilie, merci de ne pas offrir de fleurs", avait écrit sa famille, ses amis et son agente, Danielle Gain, dans un faire-part. "Préférez nous aider à faire progresser la recherche sur le corticosurrénalome en faisant un don à l'Institut Gustave Roussy", l'un des principaux centres de lutte contre le cancer en France, où elle est décédée, avaient-ils ajouté.
Une page a été ouverte à cet effet sur le site de l'institut par la famille de l'actrice, rappelant qu'elle "rêvait d'un monde où les traitements seraient plus efficaces". En octobre 2023, Emilie Dequenne avait annoncé être atteinte de ce cancer du système endocrinien, diagnostiqué deux mois plus tôt et qui la tenait éloignée des plateaux. Elle est décédée après une rémission, puis une rechute.
Aimée du public
Avec ces obsèques, le cinéma français et francophone pleure la mort prématurée d'une comédienne aimée du public et appréciée dans le milieu du 7e art. Des frères Dardenne, qui l'ont révélée, à Tahar Rahim et Vincent Macaigne, qui ont partagé l'affiche avec elle, les hommages ont afflué après son décès, en France comme en Belgique, son pays natal.


Une cérémonie d'hommage doit également être organisée avec la ville belge de Chièvres lors de la remise du livre de condoléances à la famille. Emilie Dequenne a connu la consécration dès son apparition à l'écran, en décrochant le prix d'interprétation à Cannes pour "Rosetta" (1999), de Luc et Jean-Pierre Dardenne. Elle a été fauchée "en plein vol, c'est l'archange foudroyé", a déclaré Luc Dardenne après sa mort.
Ce rôle a été le prélude à une carrière bien plus vaste, avec une cinquantaine de films ("La fille du RER" d'André Téchiné en 2009, "A perdre la raison" de Joachim Lafosse en 2012, "Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait" d'Emmanuel Mouret en 2020...), dans lesquels l'actrice a su varier les registres.
Une grande âme, une grande actrice
"Révoltée à l'écran, elle était la douceur même dans la vie, une vie qui s'achève scandaleusement tôt, tant elle avait encore d'amour à donner. Nous la pleurons", a salué le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux. Juliette Binoche l'a remerciée d'avoir partagé ce qu'elle traversait "avec tant d'ardeur et de générosité". "Tout ce que tu étais, comme actrice et comme femme, inspirait l'admiration et l'amour", a salué sa compatriote Virginie Efira. Leïla Bekhti a rendu hommage à une "grande dame, grande âme, grande actrice, une reine".
Emilie Dequenne s'était mise en retrait du métier depuis l'annonce de son diagnostic de cancer. Mais en mai 2024, à la faveur d'une rémission, la comédienne était apparue sur le tapis rouge à Cannes au bras de son mari, l'acteur Michel Ferracci. Souriante, les cheveux courts en raison de son traitement, elle venait célébrer les 25 ans de "Rosetta" et présenter son dernier film, "Survivre".