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Et maintenant, le plus dur reste à faire: après avoir fini en tête des élections législatives, le Nouveau Front populaire, qui se dit prêt à gouverner, va entamer de difficiles tractations en son sein, notamment autour de la figure du Premier ministre.
La gauche revendique de former le gouvernement, même s'il lui manque une centaine de sièges pour atteindre la majorité absolue. Maintenant que "la fureur de la campagne est passée" selon les mots de Jean-Luc Mélenchon, les discussions entre les différentes composantes du Nouveau Front populaire ont commencé dès dimanche soir et vont se poursuivre dans les jours qui viennent.
Et le premier écueil sur lequel le Nouveau Front populaire risque de se déchirer est celui de l'incarnation, une question qui a déjà fait couler beaucoup d'encre pendant la campagne pour les législatives, alors même qu'un succès de la gauche était très hypothétique.
Qui pourrait être désigné Premier ministre, si la gauche est en capacité de gouverner ? Les Insoumis persistent dans l'idée que c'est au groupe majoritaire, qui pourrait être le leur sans que ça soit sûr, de proposer un nom. Les autres penchent pour une décision collective des députés de l'alliance, Jean-Luc Mélenchon étant devenu une figure trop clivante, même au sein d'une partie de la gauche.
Sur LCI, l'intéressé a maintenu "vouloir faire partie de la solution, pas du problème" et a appelé à la "stabilité", une manière de ne pas s'imposer, sans s'exclure cependant.
Le patron des socialistes Olivier Faure veut qu'un nom émerge à gauche "cette semaine ou en début de semaine prochaine", mais précise qu'"il y a des profils qui s'imposent plus que d'autres" pour "apaiser ce pays". Des propos qui semblent donc exclure Jean-Luc Mélenchon.
Pour Olivier Faure, le choix se fera "par consensus" ou par "vote" des différents députés de gauche. La proposition du "consensus" ayant été jugée acceptable par LFI.
- Quel programme ?-
Dimanche soir, toutes ses formations l'ont répété: ce sera sur son programme de rupture que le Nouveau Front populaire, fort de ses quelque 190 élus, veut baser son projet de nouveau gouvernement. Un programme qui "ne peut pas être découpé en morceaux", a prévenu Jean-Luc Mélenchon.
Avec en ligne de mire l'abrogation de la réforme des retraites, de la loi immigration et de la réforme de l'assurance chômage, mais aussi des mesures sur le pouvoir d'achat, comme le Smic à 1.600 euros net, et pour les services publics.
Pas de main tendue vers les macronistes donc.
Ce serait "un gouvernement minoritaire homogène", qui travaillerait "en partenariat avec la société civile pour avoir une assise plus large", qui exercerait le pouvoir réglementaire et déposerait des textes à l'Assemblée, qu'il discuterait avec les autres groupes "à ses risques et périls", explique un cadre socialiste.
- 49-3? -
Mais ces discussions se feront "sur des propositions du Nouveau Front populaire qui sont majoritaires dans l'opinion", insiste le secrétaire national du PS Pierre Jouvet, invitant les macronistes de gauche à "se positionner".
Même analyse de la part de l'écologiste Yannick Jadot: "Il nous revient de construire des majorités autour de notre projet".
Mais si la macronie fait le choix de la motion de censure, "le pays sera ingouvernable", et "on dira +on a essayé, ils nous ont empêchés+", ajoute Pierre Jouvet.
Ce gouvernement demanderait au président de la République et à son groupe de "s'engager à ne pas voter des textes avec le Rassemblement national", notamment "pour rendre le pays gouvernable", ajoute le cadre cité plus haut.
Jean-Luc Mélenchon a de son côté promis que l'augmentation du Smic se ferait "par décret".
Concernant l'annulation de la réforme des retraites, "ce qui s'est fait par le 49-3, peut se défaire par 49-3", a estimé de son côté le patron des socialistes Olivier Faure.
Face à la main tendue par certains dans le camp présidentiel pour former une coalition avec la frange la plus modérée de la gauche, un cadre insoumis s'agace: "Les macronistes tentent de nous voler la victoire et de faire une coalition" sans LFI.
Olivier Faure, dénonçant "une forme de tête-à-queue électoral" et des "arrangements de couloirs", a cependant semblé écarter l'hypothèse.
"Comment voulez-vous que les Français comprennent que d'un seul coup nous nous retrouvions ensemble pour gouverner à l'exclusion d'une partie de ceux qui ont fait campagne avec nous?", a-t-il demandé