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Soupçons de corruption au Parlement européen: "Choquant que des personnes avec de tels salaires se laissent tenter"

L'horizon de l'eurodéputée grecque Eva Kaili, écrouée dans un scandale de corruption présumée au Parlement européen impliquant le Qatar, s'est assombri jeudi avec sa mise en cause dans une autre affaire, liée à des soupçons de fraude.

Déchue mardi de sa vice-présidence du Parlement européen, l'élue socialiste de 44 ans est actuellement détenue en Belgique dans le cadre d'un "dossier de corruption, blanchiment d'argent et organisation criminelle" au sein de l'institution européenne.

L'affaire a provoqué une onde de choc à Bruxelles et Strasbourg, poussant la présidente de l'assemblée, Roberta Metsola, à annoncer des "réformes d'ampleur" pour 2023.

Invité dans La Matinale de Bel-RTL, Dominique Dussard, le président de Transparency international Belgique (association indépendante qui promeut la transparence en politique), a évoqué cette affaire.

S'attendait-il à une affaire d’une telle ampleur ? "On savait que le Parlement européen était un peu faible sur le plan des processus d’intégrité, mais on ne s’attendait pas à ça maintenant, alors que le Mondial se déroule au Qatar. Cela étant, c’est intolérable et invraisemblable de la part de membres d’une assemblée chargée de promouvoir la défense de l’Europe et des citoyens, de devenir le porte-parole d’intérêts d’autres états", souligne-t-il.

Des valises de billets ont pour rappel été retrouvées dans les mains de députés européens, à la sortie d’un hôtel, chez leurs proches, à leurs domiciles.

"C’est totalement surréaliste", réagit Dominique Dussard. "La bonne nouvelle est que cette situation a porté un coup terrible à la crédibilité et donc à la confiance qu’on a à l’égard du Parlement européen. C’est malheureux, car il est clair que la majorité des membres et des équipes qui y travaillent font un bon travail. Il y a un gros problème car il faut recréer la confiance et la crédibilité dans cette institution. La bonne nouvelle est que la justice s’en est saisie et on voit que ça provoque chez les citoyens, pour la presse, au sein des institutions européennes, un tremblement de terre. Il faut maintenant que ça mène vers des résultats positifs et concrets."

Les importants salaires (de 7.000 à 11.000 euros) des députés européens n’ont pas empêché de les corrompre.  

"Pour éviter la corruption, une rémunération correcte est une manière de prévenir la tentation. Malheureusement, les personnes qui constituent une assemblée, une organisation, sont des humains. Et vous avez des humains qui même avec un revenu confortable se laissent tenter. D’où la nécessité de mesures qui vont permettre de réduire le risque de ces dérapages et aussi de les identifier très tôt. C’est vrai qu’il est choquant de voir des personnes qui ont des salaires très confortables encore se laisser tenter par ce genre de comportements", conclut Dominique Dussard.

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