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La Turquie a signé lundi un accord avec le constructeur chinois de véhicules électriques BYD pour l'ouverture d'une usine sur son territoire, a annoncé la présidence turque.
L'accord a été signé au palais de Dolmabahce à Istanbul par le ministre turc de l'Industrie et de la technologie, Fatih Kacir, en présence du président turc Recep Tayip Erdogan, lors d'une cérémonie retransmise par les médias turcs.
Il prévoit un investissement d'un milliard de dollars, pour l'ouverture d'un site offrant 5.000 emplois directs pour une capacité de production de 150.000 voitures par an, selon le ministère.
Le président Erdogan avait préalablement reçu le conseil d'administration de BYD et son PDG, Wang Chuanfu, selon les photos diffusées par la présidence.
La localisation de la future usine n'a pas été précisée mais BYD devrait s'installer dans la province de Manisa, près de la ville côtière d'Izmir (ouest), sur un terrain offert par l'Etat, selon les observateurs.
L'usine récemment ouverte en Thaïlande par BYD dispose déjà d'une capacité de production de 150.000 véhicules par an.
L'implantation de BYD en Turquie permettrait au constructeur automobile d'accéder au marché européen en contournant les taxes relevées début juillet par Bruxelles sur les véhicules électriques chinois.
- hors taxes -
L'UE a imposé jeudi à titre conservatoire jusqu'à 38% de droits de douane supplémentaires sur les importations de véhicules électriques chinois.
En revanche, l'union douanière conclue par la Turquie avec l'UE fin 1995 a ouvert le marché européen aux voitures "made in Turkey", facilitant l'exportation de 70% de la production locale vers l'Europe de l'Ouest.
En outre, la Turquie a décidé en juin d'exonérer les investissements chinois sur son territoire et de ne pas taxer les importations de voitures d'origine chinoise, afin d'encourager l'investissement.
Selon le consultant indépendant Levent Taylan, joint par l'AFP, l'Etat turc fournirait gracieusement à BYD un terrain initialement dévolu au constructeur allemand Volkswagen qui avait prévu une vaste implantation avant d'y renoncer en 2020.
Volkswagen avait alors avancé des raisons économiques et la crise sanitaire du coronavirus, mais son recul correspondait aussi au lancement d'opérations militaires turques controversées dans le nord de la Syrie.
Avec BYD, "il s'agira d'un investissement pour le marché turc mais surtout européen, en déjouant les tarifs douaniers imposés aux véhicules d'origine chinoise", estime M. Taylan.
D'après ce fin connaisseur du marché automobile turc, BYD arriverait en Turquie avec "un potentiel" de vente "de l'ordre de 20 à 25.000 véhicules/an sur le marché local et environ 50 à 75.000 à l'export vers l'UE".
Le marché turc est en effet en plein boom: les ventes de voitures électriques ont été multipliées par neuf en 2023, faisant de la Turquie un marché plus important que celui de l'Italie ou de l'Espagne.
La Turquie possède un savoir-faire reconnu dans le domaine automobile avec un réseau de plus de 530 sous-traitants. Depuis les années 1970, le pays a attiré de nombreux constructeurs, tels Fiat, Renault, Ford ou Toyota.
En 2023, la Turquie s'est elle-même lancée dans la production nationale de voitures électriques avec le groupe local Togg dont 20.000 exemplaires ont été vendus.
Togg louche désormais vers le marché allemand.