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Richemont surfe sur la forte demande pour le luxe et s'envole en Bourse

Une vitrine de Cartier à Genève le 30 mars 2022L'action du géant suisse du luxe Richemont s'envole vendredi en Bourse après la publication de ses résultats semestriels sur fond de forte demande dans la joaillerie et l'horlogerie, les riches acheteurs étant à l'affût de montres et bijoux pour se protéger contre l'inflation.

En Bourse, son action s'envolait de plus de 21% dans les premiers échanges avant de ralentir un peu au fil de la séance. A 11H49 GMT, l'action gagnait encore 8,82% à 116,55 francs suisses.

Malgré une base de comparaison très élevée après la forte reprise du luxe l'an passé, le groupe genevois, qui publie ses résultats sur une base décalée, a dévoilé un chiffre d'affaires en hausse de 24%, à 9,6 milliards d'euros. Par comparaison, les analystes interrogés par l'agence suisse AWP l'attendaient en moyenne à 9,4 milliards d'euros.

Le groupe propriétaire de la maison de joaillerie Cartier a fait état d'une croissance à deux chiffres dans toutes ses activités, dopées par le retour des touristes en Europe revenus faire leurs emplettes dans les boutiques chics.

Ses ventes ont encore augmenté de 24% dans la joaillerie par rapport à la même période l'an passé, de 22% dans l'horlogerie et de 27% dans la mode et accessoires, qui englobent notamment les sacs à main Delvaux et la marque de mode Chloé.

- Protection contre l'inflation -

"Nous voyons une tendance en faveur des produits plus chers", a expliqué Cyrille Vigneron, le patron de Cartier, lors d'une conférence téléphonique.

Avec l’accélération de l'inflation, les clients qui "ont les moyens" veulent acheter des objets de luxe "avec une valeur tangible et durable", a-t-il décrypté, notant qu'ils ne se tournent pas vers des produits moins chers, mais au contraire vers des produits plus onéreux qui gardent leur valeur dans le temps.

La haute joaillerie se porte "très bien", a indiqué le patron de Cartier qui constate également une forte demande dans l'horlogerie où les listes d'attentes sont longues. Il a notamment évoqué une édition limitée d'un modèle qui a été entièrement "pré-vendue" avant même de pouvoir arriver sur le marché.

Comme attendu, le groupe qui réalise plus de la moitié de son chiffre d'affaires dans la joaillerie a toutefois fait état d'une perte nette 766 millions d'euros, contre un bénéfice de 1,2 milliard au premier semestre.

En août, le groupe avait dévoilé un projet de cession en deux étapes de Yook-Net-A-Porter, qui regroupe ses activités dans la vente en ligne, à la plateforme britannique de commerce en ligne Farfetch. Mais il avait prévenu que la transaction entraînerait des dépréciations d'actifs de 2,7 milliards d'euros.

- Reprise des achats touristiques -

En Europe, les ventes de Richemont ont bondi de 45% avec le retour des touristes du américains et du Moyen-Orient.

"A cause du dollar élevé, les touristes des Etats-Unis sont incités à acheter à l'étranger", a souligné le patron de Cartier.

Malgré une base de comparaison élevée, les ventes de Richemont ont toutefois encore augmenté de 22% dans la zone Amériques. Elles ont également bondi de 76% au Japon et de 12% au Moyen-Orient sous l'effet de la demande domestique mais aussi touristique, notamment à Dubaï.

Seule la zone Asie Pacifique (hors Japon) est restée en retrait, les ventes y chutant de 5% hors effets de changes mais augmentant de 3% une fois converties en euros en raison de la politique de zéro-Covid en Chine. L'érosion a toutefois été bien moindre qu'au premier trimestre, ses ventes en Australie, à Singapour, en Corée du Sud et en Thaïlande aidant à compenser le manque à gagner en Chine.

Dans un commentaire boursier, Jean-Philippe Bertschy, analyste chez Vontobel, a jugé ces résultats "très solides", notant que la croissance dans la joaillerie et l'horlogerie a "substantiellement" accéléré au deuxième trimestre.

Jon Cox, analyste chez Kepler Cheuvreux, anticipe toutefois "toujours un ralentissement", a-t-il indiqué à l'AFP.

"Je suppose que les Européens vont être plus prudents à Noël, même si le tourisme dans la région va peut-être encore soutenir les ventes", estime-t-il.

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