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Le tribunal de première instance néerlandophone de Bruxelles rendra son jugement le mois prochain dans le procès intenté par Éric Jonckheere, président de l'Abeva, l'association des victimes de l'amiante en Belgique, contre le groupe cimentier Eternit.
Eric Jonckheere poursuit l'entreprise, qui a produit des matériaux de construction contenant de l'amiante jusqu'en 1998, pour erreur délibérée. Le plaignant estime en effet qu'Eternit serait responsable de son cancer de la plèvre.
Eric Jonckheere est le cinquième membre de sa famille à être confronté à cette maladie. Son père travaillait à l'usine Eternit à Kapelle-op-den-Bos et habitait à proximité. Il y a cinq ans, la cour d'appel avait confirmé un arrêt de 2012 du tribunal de première instance, qui avait jugé que l'usine était responsable de la maladie de sa mère, Françoise Van Noorbeeck.
Éric Jonckheere reçoit, comme d'autres patients, une indemnisation du Fonds Amiante, créé en 2007, avec pour inconvénient qu'il ne peut pas saisir la justice pour réclamer une indemnisation complémentaire à moins de prouver qu'il y a une "erreur intentionnelle". Selon Éric Jonckheere et son avocat, c'est bien le cas concernant Eternit.
"Les grandes industries de l'amiante comme Eternit sont depuis longtemps conscientes des risques associés à l'amiante", estiment les plaignants. "Malgré cela, ils ont exposé leurs salariés et leurs proches à l'amiante. Ils ont par ailleurs passé sous silence les effets nocifs et reporté le plus longtemps possible l'utilisation de produits de substitution. Eternit savait qu'une telle attitude aurait inévitablement des conséquences fatales pour un certain nombre de personnes et leurs familles. Poursuivre le modèle de production d'Eternit dans ces circonstances est une faute délibérée."
Eternit conteste fermement les arguments des plaignants.