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Procès en appel de l'accident mortel de bus scolaire de Millas: défense inchangée pour la conductrice

Condamnée pour l'accident mortel d'un bus scolaire à un passage à niveau à Millas (Pyrénées-Orientales) en 2017, la conductrice n'entend pas changer de position: à son procès en appel, qui s'ouvre à 14H00, à Aix-en-Provence, elle devrait maintenir qu'elle n'a pas percuté les barrières.

"Pour elle, et je pense qu'on va le démontrer, les barrières étaient levées", a expliqué son avocat, Me Jean Codognès, à l'AFP.

Jugée responsable de ce drame, dans lequel six collégiens avaient perdu la vie, Nadine Oliveira avait été condamnée à cinq ans de prison, dont quatre avec sursis, pour homicides et blessures involontaires, en novembre 2022, à Marseille.

Dix-sept enfants avaient aussi été blessés, dont huit grièvement, dans cette collision avec un TER si violente qu'elle avait coupé le car en deux.

Mais Mme Oliveira avait aussitôt fait appel et, sauf surprise, elle ne devrait donc pas changer de ligne de défense: pour elle, le passage à niveau était bien ouvert quand elle a tenté de le traverser avec son bus.

Avant le drame, Nadine Oliveira avait emprunté ce passage à niveau N.25 presque 400 fois et elle ne l'avait jamais vu fermé. "Si les barrières avaient été baissées, elle n'aurait évidemment jamais franchi ce passage à niveau", a insisté Me Codognès auprès de l'AFP.

La question de savoir si la conductrice avait forcé ou pas la barrière du passage à niveau, en ramenant un groupe de 23 adolescents vers la commune de Saint-Feliù-d'Avall, dans la région de Perpignan, avait été au cœur des débats du procès en première instance.

- "Elle est combative" -

Mais plusieurs témoignages, notamment ceux des conducteurs du TER, mais aussi d'une enfant assise à l'avant du car, avaient convergé pour décrire la barrière fermée.

Très affectée, en larmes chaque fois qu'elle devait revenir sur ce trajet du 14 décembre 2017, Nadine Oliveira avait été hospitalisée dès le quatrième jour d'audience et n'avait plus assisté au reste des débats.

Cette fois-ci, a expliqué Me Codognès, "elle est sous médicaments, mais elle est combative" et elle devrait bien assister aux débats prévus jusqu'au 25 novembre, débats qui seront retransmis en direct au tribunal judiciaire de Perpignan.

Le procès en première instance s'était tenu à Marseille, à plusieurs centaines de kilomètres du lieu du drame, car la cité phocéenne est la seule ville avec Paris à accueillir un pôle spécialisé dans les accidents collectifs.

Une certitude: cette ligne de défense immuable de la conductrice, qui "se maintient dans une forme de déni", est une déception pour les parents de Teddy, un des enfants décédés dans l'accident, a expliqué à l'AFP leur conseil, Me Eric Moutet.

"Le premier procès avait permis d'avancer sur beaucoup de choses, et ils en étaient sortis soulagés. Mais ils n'attendent pas grand-chose du procès en appel", remarque-t-il: "Ce qui est important, je crois, c'est si cette fois elle va pouvoir assumer le procès, être là".

Me Vanessa Brandone, qui représente la famille de Loïc Bourgeonnier, lui aussi mort dans l'accident, a elle aussi témoigné auprès de l'AFP de la lassitude de ses clients: "Ils ont juste envie que ça se termine".

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