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Le nombre d'ouvertures de procédures de sauvegarde, redressement ou liquidation judiciaire continue de croître au 2e trimestre 2024, selon une analyse des jugements des tribunaux publiée mercredi par le groupe Altares, mais l'augmentation ralentit.
"Nous pouvons voir le verre à moitié plein ou vide", résume Thierry Million, directeur des études d'Altares. Car, d'une part, 16.371 défaillances d'entreprises ont été recensées au printemps, faisant de ce deuxième trimestre 2024 "un des trimestres les plus lourds de notre histoire."
Seuls les 2e trimestres de 2009, après la crise financière, et de 2013, avec une crise des dettes souveraines, avaient franchi la barre des 16.000 défauts.
69.500 emplois sont ainsi menacés ce trimestre, calcule Altares, un nombre en augmentation de 25% sur un an.
De très mauvais chiffres, qui étaient pourtant attendus: depuis la fin des aides massives de l'Etat pendant la période Covid, s'est enclenché un phénomène de rattrapage. De nombreuses entreprises se sont mises dans de graves difficultés financières en devant rembourser une partie de ces aides, tout en souffrant d'une conjoncture morose et d'un carnet de commandes atone.
Or cette période de rattrapage, qui a démarré en 2022, semblerait approcher de la fin, les derniers chiffres montrant, selon Thierry Millon, une "tendance de décélération très claire".
"Nous ne sommes pas loin du plateau haut à partir duquel les faillites vont pouvoir dans un premier temps se stabiliser, avant ensuite de reculer", présage M. Millon.
D'abord parce que les plus petites entreprises ont passé le plus dur, la plupart ayant soit déjà déposé le bilan, soit fini de rembourser les aides Covid.
Aussi, car le secteur du commerce aux particuliers, qui avait beaucoup souffert en particulier dans la restauration ou l'habillement, retrouve des couleurs, relève Thierry Millon.
Le commerce de prêt-à-porter enregistre ainsi à peine plus de 250 procédures, un nombre en retrait de 7,7% sur un an. Pareillement, moins d'une trentaine de supermarchés ont fait défaut (-45%) et la restauration traditionnelle a vu 777 procédures ouvertes au second trimestre (+1,3%) soit seulement une dizaine de plus qu'un an plus tôt.
"Nous n'avons plus une sinistralité qui serait aujourd'hui justifiée à 100% par les années Covid", résume auprès de l'AFP François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME).
Mais "si l'on ne voit pas remonter à court terme le niveau d'activité, c'est très préoccupant quand même", estime-t-il, en particulier pour les PME de 50 à 99 salariés.
Cette catégorie d'entreprises affiche en effet une augmentation très rapide du nombre de défauts (+48%) et subit une forte poussée des liquidations judiciaires (+91%). 30% des 80 PME de cette taille en procédure de défaillance se concentrent dans deux activités, le transport routier de marchandises et la sécurité privée.
"C'est le point le plus inquiétant, d'abord parce qu'il y a davantage d'effectifs dans les entreprises de cette taille que dans les très petites entreprises, mais également parce que ce sont habituellement les piliers de notre économie."
"Même si l'on arrive à un plateau du nombre de défaillances, vu la conjoncture politique aujourd'hui et l'incertitude qu'elle engendre, nous ne voyons pas remonter à court terme le niveau d'activité", s'inquiète François Asselin.
Pour 2024, Altares conserve son hypothèse de 64.000 défaillances sur l'année.