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De belles couleurs d'été pour oublier deux sombres années de pandémie: Air France-KLM a dégagé 460 millions d'euros de bénéfice net au troisième trimestre, réalisant même un chiffre d'affaires supérieur à celui de la période correspondante de 2019 malgré certains vents contraires.
Fruits d'avions quasi pleins, de tarifs élevés et du succès des classes "affaires" et "premium economy", ces résultats "très solides" permettent au groupe aérien franco-néerlandais de réduire à nouveau son endettement, a-t-il annoncé vendredi.
Il va ainsi rembourser par anticipation le mois prochain un milliard d'euros de prêts garantis par l’État français, sur 3,5 milliards encore dus.
Malgré cette amélioration, la Bourse de Paris a très mal réagi. L'action a chuté de 13,05% à 1,37 euro.
Le cours avait beaucoup augmenté depuis mi-octobre, à la suite des relèvement d'objectifs d'autres acteurs du secteur en Europe, soulignant des "attentes très optimistes du marché" qui n'ont pas été comblées, explique à l'AFP Yi Zhong, analyste d'Alpha Value.
"L'ampleur du réajustement" lui semble toutefois trop marqué et elle "continue à croire à une augmentation dans le consensus d'analystes."
Les analystes de Stifel ont aussi pointé du doigt des comptes encore fragiles face à une "détérioration des fondamentaux du marché" redoutée l'année prochaine, en particulier l'érosion du pouvoir d'achat.
"Au quatrième trimestre, nous avons déjà vendu 75% des sièges disponibles (...) nous ne voyons aucune réduction de la demande" pour l'hiver, a insisté le directeur financier Steven Zaat lors d'une conférence de presse téléphonique.
Le groupe veut déployer environ 85% de son offre d'avant-crise lors du trimestre en cours et quelque 90% au premier trimestre 2023.
Air France-KLM a tiré profit de la cruciale période estivale en transportant 25 millions de passagers, 47,6% de plus qu'au troisième trimestre 2021.
Mais son chiffre d'affaires a fait largement mieux, bondissant de 77,6% à 8,11 milliards d'euros, un niveau supérieur de 500 millions d'euros à celui du troisième trimestre 2019, avant l'irruption du Covid-19.
Air France-KLM n'a pourtant déployé cet été que 89% de sa capacité en sièges de 2019, avec un taux de remplissage de 88%.
Grâce au bénéfice du troisième trimestre -néanmoins plombé de 300 millions d'euros par le dollar fort, selon M. Zaat-, la société passe de 232 millions d'euros dans le vert sur les neuf premiers mois de l'année. Elle avait perdu 7,1 milliards d'euros en 2020 et 3,3 milliards en 2021.
Sa dette nette a décru de 2,2 milliards d'euros depuis fin 2021, à 5,9 milliards.
Sauvé de la faillite par les États français et néerlandais, et deux fois recapitalisé, le groupe est sorti intrinsèquement plus rentable de la crise du Covid-19, après une cure d'amaigrissement tant en effectifs qu'en avions.
- Intérêt pour TAP -
En outre, "en réponse à la hausse des prix du carburant et à l'augmentation d'autres coûts externes, le Groupe a procédé, sur l'ensemble de ses vols long-courriers, à plusieurs augmentations tarifaires au cours du premier semestre" et a aussi vu sa rentabilité par siège gonflée par le succès de ses classes supérieures en cabine.
La "low cost" Transavia, dont la flotte s'étoffe et sur laquelle Air France-KLM compte pour revenir dans le vert sur le marché intérieur français, va de son côté atteindre en 2022 une capacité en sièges-kilomètres offerts de 115% par rapport à 2019, montant même à plus de 140% au quatrième trimestre.
La performance du groupe aurait été encore meilleure sans l'explosion des cours du pétrole: la facture de kérosène a atteint 2,3 milliards d'euros rien qu'au troisième trimestre, une hausse de 181% sur un an.
Autres vents contraires, des pénuries de personnel à Amsterdam-Schiphol, le "hub" de KLM, ont contraint la compagnie à annuler de nombreux vols cet été. Des "progrès significatifs" ont été enregistrés depuis, a affirmé le directeur général du groupe Benjamin Smith.
Air France-KLM estime qu'il terminera l'année sur un bénéfice d'exploitation supérieur à 900 millions d'euros, non loin du 1,14 milliard de 2019.
Il veut profiter des opportunités de consolidation du secteur aérien en Europe: membre d'un consortium retenu pour négocier le rachat de la compagnie italienne ITA, il s'intéresse aussi à la portugaise TAP, a confirmé M. Smith vendredi.
Le groupe est ouvert "à un partenariat" avec TAP, ou "une prise de participation" dans la compagnie, renationalisée en urgence pendant la crise sanitaire, a ajouté le dirigeant d'entreprise, alors que selon la presse portugaise, Lufthansa, concurrent malheureux dans le dossier ITA, est également sur les rangs.