Ces mots à ne surtout pas dire à un proche souffrant de dépression: "Il va culpabiliser"

Face à un proche en dépression, l’attitude de l’entourage joue un rôle essentiel, mais il ne faut pas faire n'importe quoi. Il peut être tentant de vouloir rassurer en disant "c'est bon, ça va passer" ou "la vie reprend le dessus". Pourtant, ces réactions, bien qu’animées de bonnes intentions, peuvent aggraver son sentiment d’isolement, note la psychiatre Caroline Depuydt. "Dire 'c'est qu'une petite passade', c'est minimiser. Si vous dites 'ça va aller', c'est une façon de ne pas prendre en compte l'intensité de la douleur de l'autre", explique-t-elle.

La psychiatre déconseille également de "bousculer" une personne atteinte de dépression en lui disant, par exemple, "t'as qu'à te bouger". Votre proche pourrait alors répondre : "Si c'était facile, je le ferais. Les bons conseils, je les connais, il se fait que je n'arrive pas à les appliquer", imite Caroline Depuydt.

La psychiatre explique qu'il est important, pour mieux accompagner un proche en détresse, de comprendre ce qui bloque. Elle évoque la "maladie des trois A" :

• Aboulie : perte de la volonté, même pour des tâches simples comme faire les courses.
• Apragmatisme : incapacité à se mettre en mouvement, même en ayant conscience de ce qu’il faudrait faire.
• Anédonie : perte de plaisir, même pour des activités autrefois appréciées.

Ces symptômes ne sont pas de la paresse ou un simple manque de motivation, mais bien des manifestations de la maladie. "C'est des symptômes au même titre que la fièvre, lors d'une grippe. Vous ne le maîtrisez pas. Quand on voit quelqu'un qui est déprimé, si vous lui dites 't'as qu'à aller dehors', effectivement, faire de l'activité physique et aller dehors, c'est très bon quand on est déprimé, ça a un effet antidépresseur. Mais la personne n'a pas de volonté, n'a plus la capacité de se mettre en route et elle n'a plus la capacité de prendre du plaisir. Donc, elle va dire 'oui, mais je n'y arrive pas', et va culpabiliser".

Ce qu'il faut faire pour aider un proche

Caroline Depuydt insiste sur la nécessité de reconnaître la souffrance de la personne dépressive et de lui exprimer son soutien sans jugement. "Dites 'je me rends compte que c'est hyper compliqué pour toi', donc pas minimiser, mais reconnaître et dire 'waouh, je ne peux pas imaginer à quel point ça doit être dur, mais je suis avec toi'".

Plutôt que de donner des conseils abstraits, la psychiatre recommande de prendre des initiatives et d’accompagner la personne de manière proactive. Elle conseille par exemple de dire : "Qu'est-ce que je peux faire pour t'aider ?" et si la personne en souffrance ne sait pas répondre, proposez quelque chose de concret : "Je t'emmène, on va aller faire des courses ensemble".

"Vous aidez l'autre, vous la faites sortir, vous la faites rencontrer du monde, vous permettez qu'elle fasse des courses, vous rentrez avec elle, vous faites un petit peu de batch cooking, donc vous savez qu'en fait vous l'aidez très pratiquement, vous êtes à côté d'elle, vous prenez des initiatives pour essayer de la soutenir et c'est ça qui permettra de traverser cette période difficile".

La personne vous en sera extrêmement reconnaissante

Ce type de soutien permet non seulement d’aider la personne dans son quotidien, mais aussi de lui montrer qu’elle n’est pas seule face à ses difficultés. "Ça ne sera pas antidépresseur, mais ça permettra vraiment d'aider à traverser et la personne vous en sera extrêmement reconnaissante. Une fois qu'elle ira mieux, elle pourra vous dire combien ça l'a aidé de ne pas être seule dans ces moments-là".

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