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Licenciements chez P&O: manifestations et colère au Royaume-Uni

Manifestations de marins, déclarations politiques virulentes et préoccupation du gouvernement: le licenciement par l'entreprise de transport maritime P&O Ferries de 800 salariés au Royaume-Uni, annoncé la veille, continuait de secouer le pays vendredi.

Le ministre des Transports Grant Shapps a dit son "choc et (sa) consternation face au traitement insensible et brutal" réservé par P&O à ses employés, "licenciés via une vidéo Zoom préenregistrée, avec un préavis de seulement 30 minutes".

"Ce n'est pas une façon de traiter ses employés au 21e siècle", a-t-il martelé lors d'une conférence du parti conservateur à Blackpool (côte ouest de l'Angleterre).

Des manifestations ont eu lieu vendredi à travers le pays dans les ports de Douvres, Liverpool et Hull en Grande-Bretagne, mais aussi à Larne en Irlande du Nord, et ont rassemblé plusieurs centaines de personnes selon l'agence PA.

"Sauvez nos marins", "stop au désossage des emplois chez P&O" ou encore "résistez à toutes les suppressions d'emplois", pouvait-on lire sur les pancartes de manifestants rassemblés sous les falaises blanches de Douvres.

La veille, les images d'agents de sécurité équipés de menottes montant sur les navires de l'entreprise pour en déloger les marins avaient créé l'indignation, et les syndicats appelaient vendredi à poursuivre les actions contre des licenciements jugés illégaux, notamment via un boycott de l'entreprise.

"Il est encore temps de revenir sur cette décision honteuse", a affirmé le secrétaire général du syndicat RMT Mick Lynch dans un communiqué, appelant le gouvernement à intervenir.

P&O, qui assure notamment des liaisons entre Calais et Douvres, a assuré que la "survie" de l'entreprise dépendait "de changements rapides et significatifs", soulignant aussi que 2.200 emplois étaient conservés.

Cette filiale de DP World, opérateur portuaire basé à Dubaï, a été touchée de plein fouet par la pandémie de Covid-19 et l'annihilation du tourisme et des voyages internationaux.

Le gouvernement "prend ce problème très au sérieux", a assuré un porte-parole de Downing Street vendredi, indiquant que ce genre de comportement ne peut être toléré que "dans des circonstances extrêmes" et à condition que toutes les autres solutions, notamment les négociations, aient échoué.

"Nous ne pensons pas que ce soit le cas pour le personnel de P&O" et "nous examinons de très près les actions de l'entreprise pour voir si elle a agi dans le respect des règles", a indiqué la même source, ajoutant que l'exécutif déciderait ensuite d'éventuelles actions.

"J'agirai au parlement la semaine prochaine pour pousser le gouvernement à prendre des sanctions contre P&O", a déclaré de son côté Louise Haigh, députée et responsable des Transports au sein de l'opposition travailliste, présente dans le défilé de Douvres.

P&O Ferries avait déjà annoncé en mai 2020 le licenciement d'environ 1.100 personnes dans le cadre d'un plan visant à rendre l'entreprise "viable et durable" face à la pandémie et réduit donc de près de moitié ses effectifs en quasi deux ans.

Les syndicats britanniques avaient dénoncé jeudi une manœuvre visant à réduire la masse salariale en remplaçant les employés par de la main d'œuvre étrangère ou en incitant les marins licenciés à postuler aux agences d'intérim pour les mêmes postes à des conditions moins avantageuses.

La compagnie avait annoncé jeudi suspendre pour plusieurs jours toutes ses liaisons.

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