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Des milliers de retraités ont manifesté jeudi contre la hausse de la CSG et le coup de rabot sur les pensions prévu l'an prochain, espérant accentuer les "craquements" apparus au grand jour entre le gouvernement et une partie des députés de la majorité.
"Une vie à travailler, une vie à cotiser et maintenant rackettés": la pancarte aperçue dans le cortège parisien rappelle celles des manifestations de septembre 2017, mars et juin 2018.
Comme les trois fois précédentes, les mêmes neuf syndicats et associations de retraités (CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Solidaires, FGR, LSR et UNRPA) ont appelé à une "mobilisation générale" pour défendre les "pensions en danger".
Dans la capitale, entre la place de l'Opéra et celle de la République, les organisateurs ont compté jeudi après-midi 15.000 participants (3.500 selon la préfecture de police) sous le soleil, dont d'importants bataillons de la CGT.
"Je me battrai jusqu'à ce que ma retraite retrouve son niveau d'avant la hausse de la CSG", lance Michel, 76 ans, ancien salarié de la recherche spatiale qui dit avoir perdu 80 euros par mois depuis janvier.
Claude, 76 ans également, perd lui 850 euros par an, soit "deux semaines de vacances en gîte" pour cet ancien ouvrier de l'industrie aéronautique.
"On est là pour défendre le peu de droits pour lesquels on s'est battu quand on travaillait", ajoute Rosine, ancienne animatrice sociale.
D'autres rassemblements étaient prévus dans une cinquantaine de villes en métropole. Des médias locaux ont compté 1.500 personnes à Bordeaux (800 selon la police), 500 à Pau et 400 à Bayonne. Des journalistes de l'AFP ont par ailleurs dénombré 700 manifestants à Périgueux et 200 à Marseille, tandis que 300 personnes ont défilé à Nantes, selon la police.
Une mobilisation en-deçà de celle du 15 mars, point d'orgue du mouvement qui avait réuni 200.000 participants selon le "groupe des neuf".
"Ce n'est pas une déception. Il y a toujours un noyau dur déterminé à ne pas accepter les mesures du gouvernement", affirme Didier Hotte, de FO, qui constate que ces choix budgétaires provoquent "des craquements dans la majorité" parlementaire.
- "Pas la dernière journée" -
Une vingtaine de députés LREM a en effet déposé un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2019, introduisant "plus de progressivité dans les taux de CSG" pour les retraités, adopté contre l'avis du rapporteur général Olivier Véran.
Cette modification, qui devra être à nouveau votée dans l'hémicycle la semaine prochaine pour être intégrée au PLFSS, est révélatrice d'un désaccord sur la "correction" promise par Edouard Philippe.
Le Premier ministre avait concédé après le 15 mars un geste fiscal en faveur des retraités modestes, qui devrait concerner 350.000 foyers selon le PLFSS. Mais qui ne change rien pour environ 60% des 16 millions de retraités, qui ne bénéficient d'aucune compensation de la hausse de la CSG, et paient ainsi les baisses de cotisations pour les salariés.
"Ils ne savent plus par où prendre le sujet. Ils sentent bien que l'électorat retraité leur échappe", observe Michel Salingue, de la FGR.
D'autant plus que les retraités seront encore mis à contribution l'an prochain pour équilibrer les comptes de la Sécu: leurs pensions de base ne seront revalorisées que de 0,3%, quand la hausse des prix devrait atteindre 1,3%.
Ce coup de rabot décidé par l'exécutif vise à économiser 2,8 milliards d'euros et à présenter ainsi un budget en excédent pour la première fois depuis 2001.
Au total, "en trois ans, un mois de pension aura été pris dans la poche des retraités", selon les organisateurs des manifestations de jeudi, qui envisagent déjà de nouvelles dates de mobilisation.
"Ce ne sera pas la dernière journée d'action", affirme Maud Giloux, de la CFE-CGC.
"On n'a pas le choix, parce que le budget est en train de se négocier en ce moment", ajoute Jean-Pierre Floret, de la CGT.
Une réunion est prévue le 5 novembre pour discuter d'éventuels "prolongements" du mouvement.