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Victoria veut attirer l’attention sur la problématique des robots tondeuses et des hérissons. Les accidents, souvent mortels, avec ces appareils se multiplient, explique-t-elle dans son message reçu via le bouton orange Alertez-nous. Pour les éviter, "Il faut impérativement désactiver ces machines dès le coucher du soleil", conseille la jeune femme.
Elle raconte que sa voisine a retrouvé une petite bête mutilée dans son jardin : "Elle n’était pas de mauvaise volonté, elle n’était pas au courant. Très souvent, ces animaux ne peuvent pas être sauvés. Mais depuis, ma voisine ne fait fonctionner sa machine qu'en journée".
Les robots tondeuses connaissent ces dernières années un succès grandissant. Le prix de ces engins qui réalisent la tonte de la pelouse tout seul s’est démocratisé, on trouve des petits modèles à quelques centaines d’euros, les plus perfectionnés peuvent atteindre plusieurs milliers d’euros. D’après Husqvarna, leader dans le marché de ces appareils, 14% des Wallons et 7% des Flamands possèdent un robot tondeuse. Le fabricant belge Belrobotics, spécialisé dans les appareils destinés à l'entretien de grandes surfaces comme des terrains de foot, avance un chiffre : une hausse de 30% des ventes pour le secteur en 2018.
Mais l’utilisation plus intensive de ces appareils serait à l’origine d’une multiplication des accidents avec les hérissons. Les Creaves, centres de revalidation des espèces animales vivant à l'état sauvage, constatent une recrudescence des blessures causées aux hérissons par ces appareils. Violaine Fichefet, spécialiste biodiversité à la section environnement du Service public de Wallonie, parle de plusieurs centaines ces dernières semaines.
Se pose également la question de l’impact du confinement: les foyers disposant d’un jardin sont restés plus chez eux, ils ont peut-être plus tondu leur pelouse et plus détectés ce genre de problèmes… Cela reste une hypothèse.
Pourquoi les hérissons sont-ils particulièrement vulnérables à ce type d’accident?
Le hérisson est un petit mammifère insectivore disposant de poils durs, hérissés et piquants. Il mesure entre 15 et 30 cm. Sa petite taille le rend difficilement détectable par ces robots. C’est un animal semi-nocturne : il dort la majeure partie de la journée et il est actif durant la nuit. Autre caractéristique qui complique ses chances de survie face à la machine: il ne fuit pas devant le danger, il se met en boule. Quand un engin le croise, la collision est donc quasi inévitable.
Les hérissons sont également menacés par l’urbanisation, le trafic routier et l’utilisation des pesticides. Ces animaux qui aident à préserver les espaces verts sont en voie de disparition, leur population a très fortement diminué depuis 1950.
Une recommandation wallonne, une interdiction dans certaines communes
En cas d’accident avec un robot tondeuse, les plaies constatées sont profondes. Et quand les hérissons sont retrouvés blessés, parfois après plusieurs jours, la seule option est souvent l’euthanasie.
Dans un centre de revalidation à Theux, on a dénombré plus de 60 hérissons mutilés depuis le printemps. Un autre de ces Creaves wallon, qui ne souhaite pas être localisé, dit avoir réceptionné 250 de ces mammifères entre le 1er avril et le 9 juin. Parmi ceux-ci, 153 n’ont pas pu être sauvés.
Le problème est remonté, ce qui a poussé les autorités wallonnes à émettre une recommandation par rapport à l’usage des robots tondeuses : éviter absolument d’utiliser ces appareils durant la nuit, et si possible à partir de 2 heures après le lever du soleil et maximum 2 à 3 heures avant le coucher du soleil. Un courrier a été envoyé à l’Union wallonne des villes et communes pour sensibiliser à ce sujet.
Certaines communes ont pris des règlements pour interdire cet usage la nuit, c’est le cas de Couvin, Thuin, Seraing, Liège ou encore Flémalle.
Des modèles de robots plus dangereux que d’autres
D’après les centres de revalidation, certains modèles d’appareils sont moins dangereux que d’autres. Des appareils sont équipés de capteurs et dévient de leur trajectoire face à un obstacle mais la plupart de ces engins ne parviennent à détecter que les obstacles d’importance, d’une taille supérieure à 50 ou 70 cm. D’autres engins sont équipés d'un balai brosse, qui pousse avant de couper.
La société Belrobotics commercialisent des appareils équipés de petites lames rétractables, similaires à des lames de rasoir. Elles se rétractent lorsqu’elles rencontrent une résistance. Ces têtes de coupe ne provoqueraient pas de blessures ou des blessures très superficielles aux animaux, indique la société sur son site. L’entreprise belge teste de nouvelles technologies pour améliorer encore la sécurité de ses produits pour les animaux de très petite taille.
Les appareils du fabricant Husqvarna disposent également de lames légères et repliables en cas de contact avec un objet qui permettent, énonce-t-il, de réduire considérablement l’impact éventuel avec de petits animaux, en comparaison avec les robots à lames fixes.
Au cabinet de la ministre wallonne de l’Environnement Céline Tellier, on indique que cette dernière souhaite solliciter le fédéral pour savoir s’il est possible d’imposer des conditions de sécurité particulières aux fabricants de robots tondeuses.
En attendant, la meilleure protection reste de respecter les recommandations et d’activer ces robots tondeuses uniquement en journée, de préférence entre 10 et 18 heures.