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Didier Reynders (MR) et Johan Vande Lanotte (sp.a) ont rencontré le Roi Philippe ce lundi vers 16h au palais royal. Ils lui ont présenté un nouveau rapport sur l'état de leurs travaux en vue de constituer un gouvernement fédéral. Comme c'était attendu, le Roi a prolongé la mission des deux informateurs. Les deux informateurs ont ensuite présenté la décision du Roi à la presse vers 17h avant de répondre aux questions des journalistes.
Interrogé en conférence de presse sur les probabilités de pouvoir former un gouvernement fédéral, voici la réponse de Didier Reynders: "Nous avons tous les deux quelques heures de vol en politique belge. Si on avait le sentiment qu'il n'y a aucune possibilité de progresser dans la démarche que nous sommes en train de mettre en place, d'abord nous la rendrions peut-être un petit peu plus publique que ce qui a été fait ces derniers temps. Mais surtout, plus sérieusement, nous proposerions de passer à autre chose. On a encore le sentiment aujourd'hui qu'il y a une capacité de progresser. Je dis bien de progresser. Je ne dis pas d'arriver à un type d'échéance. C'est ce qu'on va tenter de faire dans les quinze prochains jours".
Le Roi nous a demandé de poursuivre cette mission jusqu'au 1er juillet pour faire un nouveau rapport
"Le Roi nous a demandé de poursuivre cette mission jusqu'au 1er juillet pour faire un nouveau rapport", a d'emblée annoncé Didier Reynders. "Nous avions l'occasion de dresser un bilan politique, économique et social avec l'ensemble de nos interlocuteurs pendant la première phase de notre mission. Je peux vous dire qu'au cours des dix derniers jours, on a poursuivi ce travail. D'abord comme nous vous l'avions annoncé, en rencontrant un certain nombre d'acteurs que nous n'avions pas pu voir pendant la première phase. Je pense au Bureau du plan ou au Réseau wallon de lutte contre la pauvreté", a précisé le libéral.
"Au cours de la dernière semaine et demi, on a organisé une série de rencontres à nouveau avec l'ensemble des présidents de partis. Des présidents de tous les partis qui sont encore actuellement utiles en vue de jouer un rôle dans la formation d'un gouvernement fédéral. Nous avons essayé de tenir compte des attitudes de chacune des formations politiques par rapport aux autres, mais également de rester en contact et de voir comment évoluait les négociations dans les régions et communautés. C'était dès le départ un des aspects de la démarche", a encore ajouté Didier Reynders.
Que feront les informateurs d'ici le 1er juillet?
Dans la suite de son intervention, Didier Reynders a précisé quelle allait être la suite des événements pour la mission d'information. "Ce que nous proposons de faire dans les deux semaines qui s'ouvrent, c'est d'avoir des discussions approfondies avec chacune des formations politiques sur les différents sujets qui ont été abordés pendant ces premières phases d'information. En essayant de voir comment chacun imagine rencontrer les thèmes principaux, et avec quels partenaires", a précisé Didier Reynders.
De façon concrète, le vice-Premier ministre sortant a indiqué que des sujets très précis allaient être mis sur la table pour voir les positions de chaque parti:
- Le budget, et la vision de chacun pour atteindre l'équilibre budgétaire au cours de la prochaine législature. "Quand on sait que selon le Bureau du plan l'horizon est un déficit de l'ordre de 11 milliards d'euros en 2021", a précisé Didier Reynders.
- La concertation sociale, entre patrons, syndicats et gouvernement.
- Le débat sur le marché du travail et la création d'emplois, le soutien aux entreprises, aux PME et start-up.
- Le soutien au pouvoir d'achat des citoyens.
- L'enjeu climatique.
- La lutte contre la pauvreté: "comment augmenter les revenus les plus bas au niveau du seuil de pauvreté. Tout en ayant une attention particulier pour l'accès aux soins de santé", a précisé Didier Reynders.
- La politique dans plusieurs grands départements du service public fédéral: sécurité, justice, défense, pensions, migration.
"On va poursuivre ce travail de façon discrète", a annoncé Didier Reynders. "Chacun est bien conscient qu'au mois d'octobre la situation sera différente. Il faudra rentrer un budget auprès de l'Union européenne. Nous avons besoin de lancer le plus rapidement possible des négociations en vue de former un gouvernement fédéral", a-t-il conclu.
Nous ne sommes pas à la recherche d'une majorité des deux tiers
Interrogé par les journalistes en conférence de presse, Didier Reynders a précisé que lui et Johan Vande Lanotte ne cherchaient pas à former une majorité des deux tiers. "On est déjà bien en peine de tenter de trouver une majorité simple à la Chambre des représentants. Donc nous n'avons pas repris en tant que tel cet élément. Ça ne veut pas dire que c'est totalement absent de toutes les discussions et de toutes les déclarations qu'on peut entendre, en ce compris à l'extérieur. Mais nous n'avons pas repris cet élément, car nous ne sommes pas à la recherche d'une majorité des deux tiers", a confié Didier Reynders.
Plusieurs partis écartés des rencontres
Comme nous vous l'indiquions déjà ce lundi matin, la mission discrète de Didier Reynders et Johan Vande Lanotte s'est déroulée à l'abri des caméras de télévision. On sait néanmoins que depuis le dernier rendez-vous, ils ont multiplié les échanges avec le monde économique et politique. Ils ont rencontré l'ensemble des présidents des partis à l'exception du Vlaams Belang, du PTB et du cdH qui a choisi l'opposition à tous le niveaux de pouvoirs du pays.
Rappel de la situation:
11 jours après le premier état des lieux des informateurs au Palais Royal, rien ne semble avoir vraiment bougé. Bien sûr il y a eu les nouvelles entrevues : Didier Reynders et Johan Vande Lanotte ont rencontré à nouveau tous les présidents de partis, sauf le Vlaams Belang et le PTB, exclus des négociations par les autres formations. Il y a aussi eu des rencontres avec le Bureau du Plan, les réseaux de lutte contre la pauvreté, histoire de voir quels seront les défis économiques et sociaux à relever par le prochain gouvernement.
Jusqu'ici, sur le plan purement politique, on n'entrevoit aucune lumière au bout du tunnel, aucun signe qui permettrait de débloquer la situation. Le problème à résoudre reste le même : impossible de concilier à la fois les refus du PS et des verts de s'allier avec la NV-A, et vice-versa, et d'avoir un gouvernement qui représente le souhait d'au moins la moitié des électeurs néerlandophones.
Pour rappel, le Roi Philippe a chargé le 30 mai ces deux figures de la politique d'identifier les défis à relever par notre pays et d'identifier les possibilités ainsi que les conditions nécessaires en vue de former un gouvernement fédéral.
Jusqu’ici, seuls les visages des gouvernements de la région bruxelloise et de la communauté germanophone sont connus.