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Dans une interview accordée à la Web TV d’extrême-droite TV Libertés, la généticienne Alexandra Henrion-Caude a déclaré ceci : "Ça risque de provoquer l’émergence de nouveaux variants. Et est-ce que ce n’est pas ça qu’on a vu en Afrique du Sud, en Angleterre, où chaque fois on a le mot variant qui apparait en même temps que la vaccination ?"
Réponse : Vrai mais moins que sans vaccination
Formulée ainsi, cette question laisse penser que c’est la vaccination qui a engendré l’apparition de nouveaux variants. Or il n’en est rien. "La vaccination n’accélère pas l’émergence de variants. Cette émergence est un phénomène naturel dans la dynamique évolutive du virus et était bien antérieure à l’utilisation des vaccins dans la population. Divers exemples peuvent être citées. Le variant D614G est apparu dès le mois de mars 2020 et s’est implanté à l’ensemble de la planète. Un variant plus contagieux est apparu en Californie au mois de juillet (Cal-20C) et constitue aujourd’hui plus de 40 % des isolats dans l’Ouest des Etats-Unis. Le variant britannique 501-V1 (B.117) est apparu au mois de septembre dans le Comté du Kent et s’est implanté au Royaume Uni bien avant l’utilisation de la vaccination", argumente Benoit Muylkens, virologue à l’Université de Namur.
Par contre, effectivement, "la vaccination représente une pression de sélection sur le pathogène. Ceux qui y échappent sont positivement sélectionnés. C'est le cas pour tous les vaccins qui sont utilisé dans le monde. Donc, oui, c'est vrai. Mais ça n'a rien de spécifique aux vaccins Covid et je ne connais qu'un seul cas d'échappement documenté à un vaccin", explique Eric Muraille, maître de recherches au FNRS, biologiste et épidémiologiste attaché à l’Université Libre de Bruxelles.
Un certain risque dû à la protéine S
Mais les vaccins anti-Covid actuels ont bien une spécificité qui pourrait amener à des variants qui rendraient ces vaccins moins efficaces. "Je pense que ce risque pourrait exister pour tous les vaccins anti-SARS-CoV-2 actuellement utilisés en Europe qui sont des vaccins sous-unitaires visant la seule protéine S. Il y a donc sans doute un certain risque qui doit être suivi de près. Néanmoins, cette protéine S est grande. Seuls certaines parties mutent, ce qui permet de conserver la reconnaissance d'autres parties par des anticorps ou par la réponse cellulaire. Je pense donc que le risque existe, mais il est mesuré et l'émergence de variants est suivies de très près", rassure Laurent Gillet, professeur de vaccinologie à l’Université de Liège.
La circulation du virus augmente les chances de variants
L’important, c’est de se rendre compte que sans vaccination, l’émergence de variants sera bien plus importante qu’avec vaccination. "La vaccination va, lorsque l’immunité de groupe sera atteinte, diminuer la probabilité d’émergence de variants. Si le virus continue à se multiplier dans une population non-vaccinée, la pression de sélection associée aux souches préalablement existantes existe aussi. Et dans ces conditions où le virus n’a pas de rempart immunitaire, sa circulation plus intense augmente les chances de voir émerger et se disséminer des variants", explique Benoit Muylkens.
Pourquoi, parce que "le virus mute à chaque fois qu’il se multiplie. Plus il y a de présence dans la communauté" et plus le risque de mutations est donc grand. Ce risque d’apparition de variants est dès lors moins grand avec la vaccination qu’avec une "prolifération sauvage" du virus, conclut Yves Van Laethem, porte-parole interfédéral de la lutte contre le coronavirus et Chef de service des maladies infectieuses au CHU Saint-Pierre de Bruxelles.
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