Accueil Actu

La N-VA pourrait-elle gouverner avec l'extrême droite? DéFI veut exclure le parti, un député flamand réagit

François De Smet a été invité dans l'émission C'est pas tous les jours dimanche sur RTL TVI. Notre présentateur Christophe Deborsu a notamment interrogé le président de DéFI sur sa proposition concernant la N-VA. Le parti, anciennement dénommé FDF, veut placer le parti nationaliste flamand dans le cordon sanitaire. Bref, exclure la N-VA des débats et des majorités gouvernementales. Gilles Verstraeten, député de la N-VA à Bruxelles, a également été invité pour expliquer la position de son parti.

Christophe Deborsu: Monsieur De Smet, vous voulez un cordon sanitaire autour du PTB (communistes du Parti des Travailleurs de Belgique), du Vlaams Belang (extrême droite flamande), mais aussi de la N-VA. Pourtant je pensais que c'était un parti de droite, conservateur il est vrai, mais pas d'extrême droite. Qu'en est-il?

François De Smet: Le nationalisme en tant que tel, c'est vrai, ce n'est pas une opinion anti-démocratique. Ce n'est pas ma tasse de thé, je la combats. Mais le droit à l'auto-détermination des peuples, au fond, a sa place dans le champ démocratique. Notre problème, on n'est pas anti-Flamands du tout, on est anti-nationalistes et on est anti-nationalistes singulièrement à cause du nationalisme de la N-VA. Pour nous, un problème majeur, c'est sa porosité avec encore plus nationaliste et extrémiste que lui: le Vlaams Belang. Je prends un seul exemple d'actualité parce qu'il est criant. À Grimbergen, donc en périphérie (ndlr: en Flandre près de la région bruxelloise), ces derniers jours, votre parti, la N-VA, est en train de renverser un bourgmestre VLD (ndlr: libéraux flamands).

Christophe Deborsu: Ils l'ont fait, avec le CD&V d'ailleurs (ndlr: chrétiens démocrates flamands).

François De Smet: Avec le CD&V c'est vrai, qui partage cette responsabilité, pour y placer un bourgmestre d'extrême droite. Qui a été, qui n'est plus c'est vrai, mais qui a été 15 ans membre du Vlaams Belang. C'est pour moi la rupture du cordon sanitaire la plus grave depuis l'après-guerre. C'est ça notre problème.

Christophe Deborsu: Mais le CD&V a fait la même chose. Donc vous pourriez dire la même chose par rapport au CD&V.

François De Smet: Il y a effectivement une dérive du CD&V qu'il faudrait analyser. Mais c'est surtout la N-VA qui nous fait du "samen meerderheid" (ndlr: "une majorité ensemble", phrase lancée par Theo Francken, élu de la N-VA, à son président de parti Bart De Wever, lorsqu'il observait les résultats des dernières élections, où il a brièvement semblé qu'ensemble la N-VA et le Vlaams Beland pourraient avoir une majorité). Moi je ne sais pas dire si demain, et c'est notre grande inquiétude, si vous pourriez avoir une majorité séparatiste indépendantiste en Flandre. Tant qu'il y aura une porosité pareille entre le Belang et la N-VA, ça légitime d'avoir un cordon sanitaire politique. Je pense que tous les Francophones, d'ailleurs, devraient refuser de gouverner avec la N-VA et le Belang pour cette raison-là. Ça va nous amener dans une réforme de l'Etat et dans un risque d'indépendantisme fort.

Christophe Deborsu: Mais on peut le faire si c'est démocratique.

François De Smet: Ah s'il y a une majorité en Flandre, pourquoi pas. Mais vous n'allez pas reprocher aux francophones de s'occuper par exemple des 150.000 francophones de la périphérie qui n'ont peut-être pas envie d'être enfermés dans une Flandre gouvernée par la N-VA et le Belang.

Christophe Deborsu: Monsieur Verstraeten?

Gilles Verstraeten: Ce n'est pas sur la table aujourd'hui. C'est pour une commune flamande où, effectivement monsieur Laeremans (ndlr: l'ancien membre de l'extrême droite dont il est question) n'est plus membre du Vlaams Belang depuis très longtemps, ce qui fait que par exemple le CD&V se sente à l'aise aussi avec cette alliance.

Christophe Deborsu: Mais on estime qu'il est peut-être encore très sympathisant du Vlaams Belang. Son frère par exemple est député du Vlaams Belang. Vous me direz que ce n'est pas parce que votre frère fait un truc que vous faites la même chose, je suis bien d'accord.

Gilles Verstraeten: Une coopération avec le Belang n'est pas sur la table du tout. On ne va pas en finir avec le pays, on veut le réformer.

Christophe Deborsu: Vous ne gouvernerez jamais avec le Vlaams Belang au niveau de la N-VA?

Gilles Verstraeten: Avec le Vlaams Belang comme il existe aujourd'hui, qui a des députés qui font des déclarations homophobes, qui par exemple pour moi ne veulent pas me donner une vie de famille normale, qui font des déclarations racistes et tout ça. Avec ce Belang, non, il n'y a pas lieu de coopérer. Ce n'est pas le futur que je veux pour la Flandre.

François De Smet: Mais avec une Belang qui aurait suffisamment évolué, vous ne l'excluez pas.

Gilles Verstraeten: Mais ça, ça va évidemment de soi qu'on doit regarder avec un parti politique quel est leur programme, qui sont leurs représentants, qu'est-ce qu'ils veulent faire. C'est ça qui s'est fait avec monsieur Laeremans dans cette commune.

À lire aussi

Sélectionné pour vous