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La Commission européenne s'exposerait à des "contre-réactions virulentes" de la zone euro si elle acceptait le projet de budget expansionniste qui lui a été soumis par la coalition populiste au pouvoir en Italie, a estimé mardi son président Jean-Claude Juncker.
"Si nous acceptions tout ce que le gouvernement italien nous propose, nous aurions des contre-réactions virulentes dans d'autres pays de la zone euro", a prévenu M. Juncker dans une interview donnée à plusieurs télévisions et radios italiennes.
"Si nous acceptions (...) des dérapages par rapport aux règles européennes, il est vrai que dans certains pays cela aurait pour conséquence de nous couvrir d'injures et d'invectives, parce que ma Commission et moi-même, nous sommes accusés par plusieurs gouvernements en Europe (...) d'avoir été trop flexibles pour ce qui est de l'Italie", a-t-il insisté.
Les Etats membres de la zone euro avaient jusqu'à lundi pour remettre leurs projets de budget à la Commission, chargée ensuite de les évaluer.
Les autorités européennes se sont déjà montré critiques envers les chiffres rendus publics par l'Italie au début du mois, notamment parce que le déficit public, qui devrait atteindre l'an prochain 2,4% du produit intérieur brut (PIB). Ce chiffre est bien plus élevé que le chiffre de 0,8% promis par le précédent gouvernement de centre gauche.
Ce budget inquiète d'autant plus la zone euro que la dette italienne, à 131% de son PIB, affiche après la Grèce le ratio d'endettement le plus élevé parmi les 19 pays ayant adopté la monnaie unique.
"Evidemment, les finances publiques italiennes nous causent beaucoup de soucis, mais nous n'avons pas de préjugés", a affirmé M. Juncker, qui doit s'entretenir avec le président du Conseil italien Giuseppe Conte en fin d'après-midi.
"Nous allons avoir un débat vertueux avec nos amis italiens, qui savent que leur niveau de dette publique est trop élevé et que le projet de budget ne respecte pas en entièreté les recommandations du Conseil des ministres, du Conseil européen", a-t-il ajouté, soulignant l'"écart entre ce qui fut promis et ce qui est présenté aujourd'hui".
Selon les règles européennes, la Commission européenne a jusqu'au 22 octobre pour engager des consultations avec Rome en "cas de non respect grave" des règles et deux semaines pour adopter un avis.
Si son opinion est négative, l'exécutif européen peut demander à l'Italie de lui présenter un projet de budget révisé, dès que possible et, en tout état de cause, dans les trois semaines suivant la date de son avis.