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Ce vendredi, le ministre de l'Intérieur Pieter de Crem indiquait que les visites transfrontalières étaient à nouveau autorisées à partir de samedi. Cela concerne nos pays voisins (la France, les Pays-Bas, le Luxembourg et l'Allemagne). Problème, depuis ce samedi matin, des dizaines de personnes nous indiquent ne pas avoir pu passer les frontières.
"Mon mari a contacté la gendarmerie en France. Le gendarme a eu un ton très énervé parce que c’était déjà le énième appel pour ce sujet. Il a été très clair, hors de question que les Belges rentrent en France sans raison particulière ! Des amendes sont prévues", nous écrit une lectrice. "On nous dit qu'on peut aller voir notre famille en France mais quand on arrive à la frontière. On est refoulés car les frontières sont fermées jusqu'au 15", ajoute une autre.
Lorsque nous contactons la gendarmerie de Maubeuge (France), même son de cloche. Une policière nous assure que la France n'autorise toujours pas la venue de Belges pour des visites familiales ou faire leurs courses. "Ces déplacements ne sont toujours pas autorisés par la police française", précise-elle. Elle rappelle qu'en cas de contrôle, un amende de 135 euros est donnée. "En cas de récidive, on peut aller jusque la garde à vue", s'exclame la policière.
Alors que dit la loi? Nous contactons alors le ministère de l'Intérieur français. On nous indique que la France n'autorise toujours pas la venue de Belges sur son territoire."Comme on l'a toujours dit, nos frontières ne rouvriront pas avant le 15 juin", nous précise une porte-parole. Avant d'ajouter: "Certes, la Belgique autorise la sortie de son territoire mais la France n'ouvre toujours pas ses frontières".
La Belgique a-t-elle voulu avancer trop vite?
"A la frontière, ces personnes doivent présenter une attestation", souligne le ministère français. Le déplacement est permis à d'autres strictes conditions qui sont énoncées ici.
En France, outre les Français ou résidents permanents en France, les travailleurs frontaliers, les transporteurs internationaux, de nouvelles catégories de personnes sont autorisées à accéder au territoire désormais, notamment pour des motifs familiaux (conjoints séparés, poursuite de la scolarité, garde d’enfants, visite de parents dépendants) et professionnels (travailleurs saisonniers et travailleurs européens en détachement dont la mission ne peut être reportée) pour contribuer à la relance de l’économie.
Ces restrictions devraient être valables jusqu'au 15 juin.
Alors qu'une ouverture des frontières coordonnées avait été envisagée par les pays européens, la Belgique a-t-elle voulu avancer trop vite? Du côté des autorités françaises, on parle d'un problème déjà rencontré lorsque l'Italie avait annoncé l'ouverture des frontières.
Le ministère de l'Intérieur français nous indique que si des Belges sont contrôlés à la frontières, les forces de l'ordre leur demanderont de faire demi-tour. S'ils sont contrôlés au sein du territoire français, une amende de 135 euros est applicable.
Interviewé ce matin, avant que nous obtenions la réaction du ministère français, le ministre belge des Affaires Etrangères nous parlait d'un manque d'information de la part des forces de l'ordre. Selon lui, si des Belges se faisaient refouler aux frontières, c'est parce que les commissariats des pays voisins n'avaient pas encore été informés de cette ouverture des frontières.
"L'arrêté ministériel est entré en vigueur aujourd'hui, publication au moniteur belge donc il appartient maintenant au ministre de l'Intérieur de veiller à ce que l'information circule correctement et je ne doute pas qu'il s'y est évidemment attelé. C'est vrai que l'arrêté est publié aujourd'hui donc je comprends qu'il y ait un petit flottement pendant une heure ou deux par rapport à l'application de cette règle. Elle s'installe et on est dans un processus progressif de réouverture des frontières prudent et idéalement concerté, avait insisté Philippe Goffin.
Ce samedi 16h30: le ministre Goffin apporte une petite précision...
Dernier rebondissement à 16h30: Philippe Goffin précise à l'agence Belga que l'autorisation ne concerne pas la France, mais seulement les Pays-Bas, l'Allemagne et le Luxembourg. Si le Grand-Duché semble effectivement ouvert aux Belges, vous allez voir que la situation semble moins claire pour les frontières néerlandaise et allemande.
Résultat: il est toujours impossible de vous rendre en France que ce soit pour visiter de la famille ou pour faire vos courses.
Grand-Duché du Luxembourg: le pays réagit positivement
Du côté, du Grand-Duché du Luxembourg, les visites semblent bel et bien possibles puisque la décision a été saluée au Grand-Duché. "Il s'agit d'un geste apprécié à la veille du week-end de la Pentecôte qui permettra aux familles de se revoir après des semaines de séparation", a souligné le ministre des Affaires étrangères, Jean Assleborn.
Pays-Bas: des Belges refoulés
Pour les Pays-Bas, malgré l'annonce des ministres belges et la précision du ministre Goffin, des Belges sont aussi refoulés à la frontière néerlandaise. Nos confrères de la chaîne flamande VRT ont appelé la maire d'une commune néerlandaise frontalière, L'Ecluse. "Les Belges sont doués pour les tactiques surprises. En mars, la frontière s’est soudainement fermée sans aucune consultation, et maintenant nous sommes à nouveau surpris", répond Marga Vermue. Elle précise avoir eu des contacts cette semaine avec des bourgmestres belges et dit ne pas être au courant. "Ce n’est pas un bon exemple de communication", réagit-elle.
Allemagne: encore flou
Qu'en est-il en Allemagne? Selon les dernières informations communiquées par le pays, l'ouverture des frontières est prévue au 15 juin. L'Allemagne a instauré dès le 16 mars des contrôles aux frontières avec une partie de ses voisins, dont la France, la Suisse et l'Autriche, avant de revenir à plus de coordination sur la question notamment des frontaliers.
Et aux Pays-Bas? Des incertitudes demeurent. Des lecteurs nous ont informé via notre bouton orange Alertez-nous qu'ils avaient été refoulés ce samedi à la frontière.