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Aussi étrange que cela puisse paraître, les conducteurs équipés d'un avertisseur de radar reçoivent près de 50% de procès-verbaux en plus par kilomètre parcouru comparé à ceux qui n'en possèdent pas, ressort-il mardi d'une étude de l'institut Vias. Ce dernier recommande dès lors d'interdire ce type d'appareils, d'autant qu'ils permettent aussi d'échapper aux contrôles alcool.
Coyote, Waze ou encore Tom Tom Go, en Belgique, plus d'un conducteur sur trois (37%) utilise régulièrement un ou plusieurs systèmes d'avertissement qui donnent la localisation des radars et des autres contrôles de police. Selon cette étude menée sur plus de deux ans et mandatée par le gouvernement belge, les conducteurs équipés d'un avertisseur de radars reçoivent 50% de procès-verbaux pour excès de vitesse en plus que les conducteurs qui n'en ont pas.
"Les conducteurs qui sont équipés d’un avertisseur de radar pensent qu’à tout moment ils seront avertis en cas de contrôle et donc ils supposent aussi que s’il n’y a pas d’alerte, il n’y a aucun risque de se faire contrôler et ont tendance à rouler plus vite", précise Benoît Godart, le porte-parole de l’Institut Vias.
Ils sont également plus susceptibles de penser qu'il n'y a pas de danger à dépasser la limitation si la route est déserte (26% contre 19% pour les non-utilisateurs). Un résultat "logique", explique l'institut, puisque les conducteurs équipés d'un avertisseur de radars roulant sur une route sans recevoir d'alerte supposent qu'ils n'ont aucun risque de se faire contrôler. Les infractions sont donc plus nombreuses.
Changer d'itinéraire plutôt que de comportement
En outre, les alertes visuelles et sonores de ces appareils peuvent entraîner une certaine distraction, pointe Vias. Elles encouragent les conducteurs à utiliser leur système pendant qu'ils conduisent, ce qui peut les détourner de la route. Les messages publicitaires qui s'affichent dans certains systèmes peuvent également distraire les automobilistes.
L'institut souligne enfin l'effet négatif de ces avertisseurs sur les contrôles liés à l'alcool. "Il est facile pour un conducteur ayant trop bu de changer d'itinéraire et d'éviter ainsi de se faire prendre. L'effet sur la sécurité routière est donc clairement négatif d'autant que les conducteurs concernés vont probablement prendre un chemin plus long qu'initialement prévu, ce qui accroît le risque d'accidents."
Face à ces conclusions, Vias recommande d'adapter la législation belge et d'interdire les systèmes permettant d'échapper aux contrôles de police mobiles, une mesure déjà en vigueur dans des pays comme la Suisse et l'Allemagne. La Belgique, rappelle l'institut, a pour objectif de réduire à 320 le nombre de morts sur les routes d'ici 2030. Dans cette optique, une telle interdiction "serait tout à fait appropriée", conclut-il.