Partager:
Une étude de l'Université d'Anvers dresse un constat inquiétant : les jeunes sont nombreux à connaître, voire à créer des "deepnudes". La plupart du temps, ce sont des hommes.
C'est un acte illégal et punissable par la loi, pourtant, plus de 7% des jeunes ont déjà tenté de réaliser des "deepnudes". C'est ce que révèle une étude de l'Université d'Anvers, réalisée auprès de plus de 2 800 jeunes Belges âgés de 15 à 25 ans, à la demande de l'Institut pour l'égalité entre les femmes et les hommes (IEFH) et du secrétariat d'État à l'Égalité des chances, à l'Égalité des genres et à la Diversité.
Les jeunes Belges sont même 41,9% à en avoir déjà entendu parler et 13.8% a en avoir déjà reçu. Mais de quoi s'agit-il ? Ce sont des images ou des vidéos truquées exposant une personne nue grâce à l'utilisation de l'intelligence artificielle. Pour les générer, des outils sont utilisés que 12.8% des jeunes Belges connaissent.
Pourtant, la création de deepnudes n'est pas anodine. Elle a souvent des conséquences graves pour les victimes. D'ailleurs, l'étude montre que l'impact de transmission de deepnudes est similaire à la distribution d'images sexuellement explicites sans le consentement de la personne concernée. Les conséquences peuvent être un état de stress post-traumatique, des troubles anxieux, une dépression, une perte de confiance en soi, et même des pensées suicidaires, d'après l'Université d'Anvers.
Qui sont, généralement, les victimes ?
98% des deepnudes qui circulent sur Internet représentent des femmes et la plupart du temps, ceux-ci sont réalisés par des hommes. Ils sont d'ailleurs plus nombreux, parmi les jeunes, à connaître le phénomène, à posséder des deepnudes ou à avoir essayé d'en créer, par rapport aux femmes.
Child Focus reçoit, d'ailleurs, de plus en plus d'appels de mineurs, via sa ligne d'assistance 116 000, après avoir été victimes de deepnudes.
Les motivations sont diverses, selon l'étude : volonté d’humilier la victime, vengeance, curiosité ou volonté de se rendre populaire.
C'est souvent sur les réseaux sociaux que les jeunes trouvent ces images ou vidéo. Les applications concernées sont Snapchat (32,9 %), X (25,7 %), Instagram (25,5), TikTok (20,2 %) et Telegram (18,9 %). La plupart de ces applications ne proposent pas d'outils pour lutter contre les deepnudes.
Quel est le cadre juridique ?
Mais, côté juridique, un cadre existe déjà afin de punir la réalisation ou le partage de deepnudes non consentis ou utilisant l'image de mineurs, d'après le communiqué de l'Institut pour l'égalité entre les femmes et les hommes. Les réglementations se multiplient aussi au niveau européen. Il n'y a, en revanche, pas de cadre juridique et d'autorégulation pour les applications impliquées, selon l'Institut.
C'est pour cette raison que L’IEFH appelle à mieux lutter contre ce phénomène : "Il est plausible que de plus en plus de nus profonds soient créés et partagés, car les applications seront développées encore plus facilement. Quiconque permet de tels développements technologiques doit s'assurer que les outils ne peuvent pas être utilisés à des fins malveillantes. Cette responsabilité doit incomber aux développeurs et aux fournisseurs d'applications. La Belgique ne peut pas rester seule face aux applications étrangères qui bafouent nos lois de protection des personnes".