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Notre pays a, pour la première fois depuis des années, enregistré une baisse de sa production de lait. Trois facteurs expliquent principalement cette situation inédite.
La Belgique enregistre une baisse inédite de sa production laitière pour la première fois depuis de nombreuses années. Avec une diminution de 34 millions de litres en 2024 par rapport à l'année précédente, le secteur laitier tire la sonnette d'alarme. Cette production qui atteignait 4,35 milliards de litres en 2024 est en déclin, une situation qui préoccupe profondément les éleveurs.
Les trois causes principales de cette situation
En premier lieu, la fièvre catarrhale, une maladie virale qui frappe les troupeaux, plus connue sous le nom de "maladie de la langue bleue", affecte directement la capacité des vaches laitières à produire du lait. "Dès que le virus s'installe dans l'animal, dans la vache laitière, la production baisse parce que la vache lutte contre le virus. Et du coup elle est en état de choc donc elle produit moins de lait évidemment", explique Gilles Remacle, un producteur laitier.
Les répercussions sont tangibles dans les exploitations comme celle de Gilles. Le rendement moyen par vache est actuellement de 22 litres par jour, contre 30 litres auparavant, soit une perte de plus de 25%. Une baisse significative qui s'ajoute à d'autres défis déjà complexes pour les producteurs.
Deuxième facteur, une qualité médiocre du fourrage récolté lors du printemps particulièrement pluvieux de l'année dernière. Ce fourrage, jugé "trop fibreux", joue un rôle non-négligeable dans la baisse de production. "Il a été récolté trop tard, pour une vache laitière en tout cas. Et alors la digestion est beaucoup plus lente. L'animal a besoin de plus de temps pour digérer les fibres. Et alors à ce moment-là la production est moins bonne."
Cette conjonction de problèmes naturels se traduit par des difficultés financières et des perspectives décourageantes pour certains agriculteurs. En 2023, pas moins de 244 producteurs laitiers ont cessé leur activité, fragilisant encore davantage la filière. Le manque de repreneurs dans les exploitations accentue cette problématique et rend la relève plus difficile. "Quand un exploitant n'a pas de repreneur derrière lui, il n'y a parfois pas de motivation ou plus de motivation", déplore Mathilde Glorieux, conseillère 'production animale' à la Fédération Wallone de l'Agriculture (FWA).
Enfin, le sentiment d'une charge constante chez les agriculteurs du secteur laitier émerge comme troisième facteur. La filière semble accablée par l'impression que "ça ne s'arrête jamais", entre baisses de prix et maladies récurrentes. Ces situations chroniques amplifient le découragement au sein des exploitations.
Malgré cette situation préoccupante, certains éleveurs gardent espoir. Gilles espère une reprise prochaine de la production grâce au retour des beaux jours, qui permettront le retour des vaches dans leurs prés, et à l'efficacité progressive du vaccin contre la fièvre catarrhale.