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Dix militaires péruviens à la retraite ont été condamnés mercredi à des peines de six à douze ans de prison pour crimes contre l'humanité, reconnus coupables du viol systématique de neuf femmes, parfois mineures, entre 1984 et 1985, lors du conflit armé interne contre la guérilla maoïste du Sentier lumineux.
Cette sentence clôt cinq années de procédure d'une affaire devenue emblématique au Pérou, étant la première à juger des violences sexuelles commises par des soldats.
Aucun des dix condamnés, représentés par leurs avocats, n'était présent à la lecture du jugement. Trois autres soldats ont été condamnés par contumace.
Les viols systématiques ont été commis à partir de 1984, lorsque l'armée péruvienne a installé une base près des villes andines de Manta et Vilca dans la région de Huancavelica (sud), l'une des plus pauvres du Pérou.
Certaines des victimes étaient mineures et cinq d'entre elles sont tombées enceintes, ont rappelé leurs avocats.
L'affaire a été révélée en 2003 par la Commission Vérité et Réconciliation (CVR), qui a recueilli 35 dénonciations de violences sexuelles répétées de membres des forces armées à Huancavelica, perpétrées entre 1984 et 1995.
Selon la CVR, au cours des deux décennies de violence armée au Pérou (1980-2000), des centaines de cas de viols, d'esclavage sexuel, de prostitution forcée, de mariages forcés et d'avortements ont été recensés. Le Registre unique des victimes du conflit armé chiffre à 5.882 le nombre de cas de viols dénoncés.