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Peut-être êtes-vous dans la même situation qu'Olivier, qui nous a contactés via le bouton orange "Alertez-nous". Afin de mieux comprendre les prochains débats politiques à l'approche des élections, il aimerait savoir comment l'État gagne de l'argent et, surtout, comment il le dépense? Nous avons donc récolté tous les chiffres pour résumer cela le plus simplement possible, et nous avons interrogé un spécialiste afin d'avoir son avis sur les perspectives budgétaires des prochaines années. Allez, on s'accroche, vous allez voir, ce n'est pas si compliqué que cela.
"En vue des élections, serait-il possible d’avoir une explication détaillée des revenus et dépenses de l’État? Comment l’Etat gagne de l’argent et quelles sont les principales ressources (TVA, impôts fonciers, amendes, dividendes entreprises publiques, etc.)? Et comment sont repartis les dépenses de l’État?" Ces questions d'Olivier, cruciales, on se le pose parfois. Mais on a rarement toutes les (bonnes) réponses. On tente d'y voir plus clair.
Pour cet exercice, nous prendrons les chiffres de 2021, année pour laquelle toutes les données nécessaires sont disponibles. Dans un premier temps, intéressons-nous aux recettes de l'État. Au niveau fédéral, il faut avant tout distinguer les recettes fiscales des recettes non-fiscales. Cette première catégorie est la plus lucrative puisqu'elle rapporte près de 116 milliards au fédéral. Au sein des recettes fiscales, on distingue ensuite l'imposition directe de l'imposition indirecte (voir graphique ci-dessous).
L'imposition directe
L'imposition directe est principalement composée du précompte professionnel, soit le prélèvement sur les salaires, à la source de l'impôt, qui représente à lui seul 46 milliards d'euros. Viennent ensuite les versements anticipés (17 Md), que les entreprises et les indépendants payent en cours d'exercice pour ne pas devoir régler tous leurs impôts à la fin de l'année, et le précompte mobilier (4,2 Md), un impôt relatif aux revenus générés par les comptes d'épargne, les obligations ou la perception de dividendes.
Notons également que lors de l'envoi des avertissements extrait de rôle (document qui renseigne le calcul d'impôt et qui renseigne un montant à payer ou à se faire rembourser), les indépendants et particuliers ont récupéré près de 5 milliards d'euros en fin d'année, tandis que les entreprises ont dû verser 3,2 milliards à l'Etat.
L'imposition indirecte
Sans surprise, c'est la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) qui occupe une part majoritaire de cette catégorie, avec 33 milliards de recettes dans les caisses de l'État fédéral. Autre sujet qui revient souvent à la surface au moment des conclaves budgétaires: les accises. Cette imposition qui touche le carburant, le tabac, les boissons alcoolisées, mais aussi l'électricité et le gaz, rapporte plus de 9 milliards d'euros à l'état. Les droits d'enregistrement, de douane et de succession rapportent ensemble la somme de 6 milliards.
Les recettes non-fiscales
Ce sont les revenus de l'Etat qui proviennent de participation dans des entreprises ou de plus-values sur la vente du patrimoine détenu, par exemple. Au total, elles rapportent 3 milliards et demi d'euros.
Précisons que toutes ces recettes ne sont pas utilisées directement par le gouvernement fédéral. Une redistribution a lieu vers les régions, les communautés, la sécurité sociale ou encore l'Union européenne. Les accises sur le tabac sont par exemple partiellement redirigées vers la sécurité sociale tandis que l'Union européenne touche une partie de la TVA et que la région wallonne touche les droits de succession.
Enfin, d'autres taxes sont directement prélevées par les régions, comme le précompte immobilier par exemple, ou par les communes, qui peuvent parfois décider du taux des taxes additionnelles sur l'impôt des personnes physiques, au précompte immobilier et à la taxe de mise en circulation. Les communautés, elles, n'ont aucun moyen de prélever l'impôt et dépendent donc des subventions versées par le fédéral. Mais vous l'avez compris, il y a davantage que 120 milliards d'euros par an qui remplissent les caisses publiques.
Quelles sont les dépenses ?
Pour traiter des dépenses belges, nous prendrons en compte l'ensemble de l'argent dépensé par tous les niveaux de pouvoir, et pas seulement le niveau fédéral. Ainsi, ce sont au total 279 milliards qui sont répartis en différentes grandes catégories. La plus grande étant les allocations sociales qui pèsent 105 milliards. Dans ce terme générique, sont compris: les pensions et les soins aux personnes âgées (48,3 Md), les allocations de chômage (10,3 Md), les dépenses pour les malades de longue durée et les invalides (18,5 Md) ainsi que les allocations familiales et les différentes aides à la famille (11,3 Md).
Les soins de santé, quant à eux, pèsent plus de 40 milliards à la Belgique et sont surtout composés des soins hospitaliers (20,9 Md) et des soins ambulatoires, soit les soins apportés en dehors des hôpitaux (15,2 Md). Ces deux catégories constituent ce qu'on appelle la sécurité sociale, qui coûte donc près de 150 milliards à notre pays.
Nos administrations coûtent cher
En plus de la sécurité sociale, trois catégories pèsent à peu près le même poids dans le budget national: les administrations, la politique économique et l'enseignement. La première catégorie citée est dédiée au fonctionnement des pouvoirs publics. Près d'un tiers des 35 milliards qui y sont consacrés sont utilisés pour financer les fameux SPF, les services publics fédéraux, les différents parlements, gouvernements et cabinets ainsi que la famille royale, précisent nos confrères de l'Echo.
La politique économique est, elle, divisée en deux grandes familles. Les subsides à l'économie, au commerce, au marché du travail et les subsides dédiés au transport et à la mobilité. Enfin, l'enseignement occupe également une place importante dans la liste des dépenses avec 31,6 milliards d'euros qui y sont consacrés, ce qui place la Belgique au-dessus de la moyenne européenne.
La Belgique sur la bonne voie ?
Lors du dernier exercice budgétaire, la Belgique a accusé un nouveau déficit de 17,4 milliards d'euros. Un chiffre qui s'ajoute à la dette déjà bien pesante, qui devrait atteindre 508 milliards d'ici la fin 2024 selon les prévisions.
Selon l'économiste Bruno Colmant, membre de l'Académie royale de Belgique, le vieillissement de la population va forcément augmenter davantage les dépenses publiques. "La grande augmentation, ça va être dans les soins de santé. La situation n'est pas bonne en Belgique, donc on risque d'augmenter les impôts et de creuser encore plus la dette publique. Ceux qui disent qu'ils vont diminuer l'impôt, j'appelle cela des menteurs".