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Aisne: le "tunnel Winterberg" sondé à la recherche de soldats allemands emmurés en 1917

L'organisme allemand chargé des sépultures de guerre a lancé mardi une opération de forage dans la forêt de Craonne (Aisne) pour atteindre un tunnel où ont péri emmurés des dizaines de soldats allemands en 1917, au cours de la meurtrière offensive du "Chemin des Dames".

Après des recherches menées en avril 2021, qui avaient permis d'identifier l'entrée du site, dit "tunnel Winterberg" et de découvrir des objets appartenant à des soldats allemands, cette nouvelle opération vise à atteindre des cavités du tunnel puis à y introduire une caméra pour déterminer ce qu'elles renferment.

Mardi, le forage horizontal a permis d'atteindre une première cavité, à environ 50 m de l'entrée du tunnel. Dès mercredi, une caméra devrait pouvoir y être introduite, grâce à un forage vertical cette fois, selon la préfecture.

"Nous supposons qu'il y a une centaine de soldats dans le tunnel", a expliqué sur place mardi Arne Schräder, responsable du service exhumation du Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge (VDK), qui conduit les opérations de prospection, avec le soutien des autorités françaises.

Ces soldats du 111e régiment d'infanterie de réserve de Bade sont morts asphyxiés ou de privations.

Le 4 mai 1917, le site "a subi un violent bombardement dont une pièce de gros calibre est tombée à l'entrée du tunnel et a provoqué l'effondrement de son entrée (...), emmurant les soldats", a résumé le préfet de l’Aisne, Thomas Campeaux.

Si la décision d'une éventuelle exhumation des restes de soldats ne sera prise qu'ultérieurement, "il y aura de toute façon par la suite un travail pour faire de ce lieu un lieu de mémoire", a souligné le préfet.

En cas d'exhumation, les corps rejoindront une nécropole de la région, sauf si les descendants demandent leur rapatriement en Allemagne.

"On n'est pas dans un objectif absolu de récupération des corps comme dans les années 1970", a expliqué Yves Desfossés, chargé de mission archéologie des conflits contemporains à la Direction régionale des affaires culturelles, rappelant que "650.000 corps sont restés sur le terrain sur le front ouest", lors du premier conflit mondial.

Il souligne l'intérêt de ce site "assez exceptionnel" pour documenter la vie quotidienne de ces soldats et la façon dont ils sont morts.

"Nous avons rarement des chantiers d'une telle ampleur avec un tel soutien logistique", a insisté M. Schräder, remerciant les autorités françaises.

L'offensive du Chemin des Dames, une petite route de crête entre les rivières Aisne et Ailette, avait été lancée par le général Nivelle le 16 avril 1917, pour briser les lignes allemandes.

Censée être rapide et décisive grâce aux tout premiers chars de combats, elle tourna au fiasco et les combats durèrent finalement jusqu'au 25 octobre 1917, engendrant des pertes colossales: 187.000 vies côté français, dont de nombreux tirailleurs sénégalais, et 163.000 côté allemand.

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