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Transat Jacques-Vabre: casse prohibée pour les Ultim

A l'aube du très attendu tour du monde en Ultim, cinq maxi-trimarans prennent le départ dimanche au Havre de la 16e édition de la Transat Jacques-Vabre, prestigieuse course en double créée en 1993, avec pour objectif de l'emporter en évitant surtout de casser.

Les géants des mer jouent gros sur ce périple de 7.500 milles nautiques, de l'Atlantique nord au sud, direction la Martinique. Car dans deux mois, Thomas Coville et consorts prennent le départ d'une autre course en gestation depuis plus de 10 ans.

L'Arkea Ultim Challenge, qui débute le 7 janvier prochain à Brest, verra six de ces multicoques majestueux, plus rapides voiliers océaniques de course, partir pour un périple autour de la planète avec un seul homme à bord, une grande première.

"C'est une grande nouveauté, un aboutissement pour la classe. Nos bateaux ont été conçus pour ça, mais c'est la première fois qu'on va naviguer aussi longtemps d'affilée", explique à l'AFP Armel Le Cléac'h, skipper du Maxi Banque Populaire.

- "Épée de damoclès" -

Cette aventure inédite est toutefois conditionnée à la présence d'au moins quatre Ultim sur la ligne de départ en janvier. Des avaries majeures pendant la Transat Jacques-Vabre ou lors du convoyage retour fin novembre pourraient donc tout bouleverser.

"On sait qu'on a cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Si on tape une bille de bois, qu'on casse un appendice pendant la Transat, à quelques semaines d'un tour du monde, cela pourrait être compliqué", résume François Gabart (SVR Lazartigue).

De là à modifier le comportement des marins ? "Non, quand on fait une course on est à 100%. Si un bateau n'est pas capable de terminer une transatlantique sans avarie majeure, c'est qu'il n'est pas prêt pour un tour du monde", dit Charles Caudrelier.

Même si tous les Ultim étaient allés au bout lors de la dernière Route du Rhum, en novembre 2022, le voyage n'avait pas été de tout repos. Le Banque Populaire avait brisé une pièce majeure et rebroussé chemin avant de repartir, le SVR Lazartigue avait lourdement endommagé un foil.

- Maturité -

Mais Caudrelier, vainqueur du dernier Rhum à bord du Maxi Edmond de Rothschild, estime que "depuis toute la classe a encore progressé" en matière de fiabilité et est désormais prête à enchaîner deux rendez-vous majeurs rapprochés.

"Il y a cinq ou six ans, on mettait plus de temps à réparer car ces bateaux sont des bijoux de technologie. Maintenant on a des rechanges, davantage de connaissances. On a atteint une forme de maturité", avance Thomas Coville (Sodebo).

Son Ultim a cassé une dérive lors d'une sortie d'entraînement fin septembre. En une semaine, la pièce avait été remplacée et le bateau sera au départ de la Route du Café au Havre.

Les skippers devraient boucler le tour du monde de janvier, un tracé d'Ouest en Est passant par les 3 caps (Bonne-Espérance, Leeuwin et Horn), en une quarantaine de jours, d'après le record en solitaire établi par François Gabart en 2017 (42 jours, 16 heures).

Pour la Transat Jacques-Vabre, qui se court en double, ils pourraient mettre seulement deux semaines. "Cela va ensuite aller vite, le bateau devra repartir en France deux ou trois jours après l'arrivée, on vérifiera son état au retour et il y aura une ou deux semaines de repos avant le tour du monde", détaille Anthony Marchand (Actual).

"On est que très moyennement inquiet", assure Joseph Bizard, directeur général d'OC Sport Pen Duick, organisateur de l'Arkea Ultim Challenge. "La classe a besoin de faire des courses pour exister et se préparer. Les bateaux auraient aussi pu casser lors de sorties d'entraînement avant le tour du monde", remarque-t-il.

La météo très musclée annoncée lors des premiers jours de la Transat Jacques-Vabre ne devrait toutefois pas rassurer les armateurs de ces grands voiliers.

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