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Un abattoir, certifié bio, du Vigan (Gard) a été fermé mardi à titre conservatoire après la diffusion d'une vidéo montrant les mauvais traitements infligés à des animaux, qui a relancé le débat sur le traitement des bêtes dans ces établissements.
Plusieurs enquêtes ont été ouvertes. Animaux mal étourdis, moutons lancés violemment contre des barrières, coups répétés à la matraque électrique : l'association de défense des animaux L214 a publié sur son site une vidéo d'environ 4 minutes 30 filmée, assure-t-elle, à l'abattoir intercommunal du Vigan.
Les images ont immédiatement suscité une vague de réprobation, quatre mois à peine après une affaire similaire, déjà révélée par L214 dans un abattoir municipal d'Alès, également dans le Gard, fermé temporairement et toujours visé par une enquête préliminaire.
Dès mardi matin, Roland Canayer, président de la communauté de communes du pays viganais, qui gère l'abattoir du Vigan, a annoncé sa fermeture "à titre conservatoire" et la suspension de son personnel "jusqu'à nouvel ordre". Une enquête administrative va également être menée en interne, a ajouté M. Canayer au cours d'une conférence de presse.
Sur le plan judiciaire, le procureur d'Alès, Nicolas Hennebelle, a annoncé l'ouverture d'une enquête préliminaire après la plainte de L214 "dénonçant des faits de sévices graves, mauvais traitements sur animaux et violation de la réglementation relative à l’abattage".
La SPA s'est aussi constituée partie civile afin que les responsables de l'abattoir "mais aussi chacun des auteurs des actes puissent être poursuivis individuellement et faire l'objet des peines les plus lourdes". L'association a de nouveau demandé l'interdiction de l'abattage sans étourdissement.
Dénonçant des "pratiques intolérables" et des "manquements graves", le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a diligenté une enquête de la Brigade nationale d’enquête vétérinaire et phytosanitaire. Il a aussi dénoncé "des actes de maltraitance qui seront sanctionnés comme il se doit".
Le ministre a été vertement critiqué par Brigitte Bardot, qui l'a qualifié de "ministre des abattoirs abjects". "Vous devriez avoir honte de votre inaction face aux scandales que nous dénonçons et contre lesquels vous ne faites rien", écrit-elle.
-"Dysfonctionnement du personnel"-
L'abattoir du Vigan, un bâtiment de tôle vert amande et gris foncé situé dans une petite zone artisanale à l'entrée de cette commune du parc national des Cévennes de près de 4.000 habitants, ne fonctionnait pas mardi matin, a constaté une journaliste de l'AFP.
L'établissement traite entre 300 et 350 tonnes de viande par an provenant d’animaux d’une petite centaine d’éleveurs issus essentiellement des Causses et des Cévennes qui travaillent en circuit court.
"Il y a une (bêtise) qui est faite effectivement sur l’agneau qui est jeté sur la barrière, c’est sûr, c’est inadmissible, ça ne veut pas dire qu'à toutes les heures d’ouverture de l’abattoir, des fautes professionnelles sont commises", a estimé Rémi Leenhardt, éleveur ovin de Valleraugue.
Pour le président de la commission élevage de la chambre d’agriculture du Gard, Luc Hincelin, "c’est le dysfonctionnement du personnel" qui est en cause et non "le fonctionnement de l’abattoir". "Ce qu’on voit sur les images, c’est de la maltraitance sur animaux et des fautes professionnelles", a-t-il indiqué, regrettant "le manque de contrôle" des trois salariés de l'abattoir.
Les images montrent un employé lancer violemment à plusieurs reprises des agneaux contre les clôtures. Des bovins et des porcs, théoriquement égorgés après avoir été étourdis, sont saignés alors qu'ils bougent encore. Un employé semble s'amuser à donner des coups de matraque électrique brefs et répétés pour tester la réaction des bêtes.
"Même dans un abattoir tourné vers le bio et le local, les animaux perdent la vie dans la souffrance", déplore la chanteuse Nili Hadida, du groupe Lilly Wood and the Prick, qui présente la vidéo de l'association --dont le nom fait référence à l'article L214 du code rural, qui, en 1976, désigne les animaux comme des "êtres sensibles".
L214 demande une nouvelle fois une commission d'enquête parlementaire sur les méthodes d'abattage dans les abattoirs français. Dans un communiqué distinct, la Confédération française de la boucherie-charcuterie-traiteurs (CFBCT) a appuyé cette demande et milité pour un "modèle de consommation raisonnée" de viande.