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Attentat en Tunisie: nouvelles images du terroriste présumé, qui a tiré sur les touristes "avec un grand sourire"

Deux jours après l'attentat contre un hôtel à Sousse, les autorités tunisiennes ont pris des mesures pour protéger les sites touristiques du pays. L'auteur présumé de ce massacre revendiqué par l'Etat islamique est un étudiant tunisien se faisant passer pour un vacancier. Sur de nouvelles photos du terroriste, on peut le voir s'avancer calmement sur la plage avant de faire feu sur les clients de l'hôtel. L'homme a choisi ses victimes pour porter un coup au secteur touristique. Le dernier bilan est de 38 morts, dont une Belge.

La Tunisie va armer sa police touristique et déployer un millier d'agents de sécurité supplémentaires pour protéger hôtels, plages et sites touristiques après un attentat contre un hôtel qui a fait 38 morts, le plus sanglant de l'histoire du pays. C'est la première fois, selon les autorités, que la police touristique va être armée. Le Premier ministre Habib Essid avait annoncé dès vendredi qu'"un plan exceptionnel" serait mis en oeuvre pour protéger les sites touristiques.

Vendredi, un jeune Tunisien de 23 ans a fait irruption sur la plage de l'hôtel Riu Imperial Marhaba à Port El Kantaoui, près de Sousse (140 km au sud de Tunis), une kalachnikov cachée dans son parasol, avant d'ouvrir le feu sur les touristes.





Une Belge parmi les victimes

Au moins 15 Britanniques ont été tués selon le Foreign office, un bilan qui pourrait s'alourdir car les autorités tunisiennes n'ont pas encore fini d'identifier les 38 victimes. Selon Dublin, trois Irlandais ont aussi péri. Un mort et trois blessés de nationalité belge figurent parmi les victimes. Parmi elles, deux couples, originaires de Verviers et de Namur.

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Six personnes hospitalisées étaient toujours aussi dans un état critique."La direction de l'hôtel est en contact permanent avec les hôpitaux locaux pour connaître l'état des blessés encore hospitalisés", a écrit dans un communiqué le Groupe RIU qui gère le Riu Imperial Marhaba Hotel où a eu lieu la tuerie. "Ce qui est positif, c'est que le nombre des personnes hospitalisées diminue mais nous pensons tout le temps aux six blessés qui sont toujours dans un état critique", ajoute le communiqué.

Londres a par ailleurs averti que "d'autres attaques terroristes en Tunisie étaient possibles", et Scotland Yard y a dépêché des hommes. Dimanche après-midi, un petit groupe de policiers britanniques est arrivé à la morgue de l'hôpital Charles Nicolle de Tunis, où les corps des victimes ont été transférés.


Des complices ?

Sur les lieux du drame, des touristes et des Tunisiens passaient ce dimanche déposer des fleurs, mais les journalistes restaient plus nombreux que les badauds alors qu'un appel à manifester contre le terrorisme avait été lancé sur les réseaux sociaux. Le ministère de l'Intérieur a indiqué que la famille du tueur présumé avait été interrogée et que son téléphone portable, qu'il avait jeté dans la mer, avait été retrouvé."Une seule personne a perpétré l'attentat (...) mais ce qui est sûr, c'est qu'il y a des gens qui ont aidé" l'assaillant, abattu par la police après le carnage, a ajouté son porte-parole, Mohamed Ali Aroui.

Malek, 16 ans, un témoin de l'attaque, a raconté à l'AFP avoir vu le tireur "déposer son parasol sur le sable (...) Mais tout d'un coup, il a pris une Kalachnikov et a commencé à tirer sur le sable"."Tout le monde s'est levé pour voir ce qui se passait, puis on l'a vu tirer sur les touristes avec un grand sourire", a-t-il ajouté.

Selon des témoins, l'attaque a duré de 30 à 40 minutes, et beaucoup de Tunisiens se demandaient pourquoi l'assaillant n'a pas été neutralisé plus tôt par les forces de l'ordre. Interrogé par l'AFP, M. Aroui a refusé de réagir, arguant de l'enquête en cours.

Le groupe Etat islamique (EI) a revendiqué l'attaque, affirmant que le jihadiste, identifié par les autorités comme Seifeddine Rezgui, né en 1992, avait tué "des sujets des Etats de l'alliance croisée", en allusion à la coalition internationale antijihadistes menée par les Etats-Unis.


Un coup dur pour le secteur du tourisme

Avec 1.000 km de littoral, d'innombrables plages et des sites archéologiques de renommée internationale, la Tunisie a très longtemps été l'une des destinations phare des tours opérateurs européens. Mais depuis la révolution de 2011 qui a chassé du pouvoir Zine El Abidine Ben Ali, les bouleversements politiques, les tensions économiques et sociales et la montée du jihadisme ont pesé sur le secteur crucial du tourisme (7% du PIB).

Les réservations avaient déjà chuté après l'attentat du Bardo le 18 mars (22 morts dont 21 touristes étrangers) et selon des tours opérateurs britanniques et belges, quelque 4.500 touristes devraient avoir été rapatriés d'ici ce dimanche soir par des vols spécialement affrétés.


Derniers rapatriements

Les derniers clients en Tunisie du tour-opérateur Jetair ont été rapatriés ce dimanche matin. Ils sont arrivés vers 4h40 à Brussels Airport. Au total, près de 1.200 voyageurs ont encore été rapatriés par le voyagiste, depuis samedi après-midi, sur huit vols. Précédemment, environ 900 autres clients de Jetair avaient déjà rejoint la Belgique depuis la Tunisie dans la nuit de vendredi à samedi. Les avions ont atterri à Brussels Airport, et aux aéroports de Charleroi et d'Ostende. Le tour opérateur belge a également annoncé l'annulation de ses vols vers la Tunisie jusqu'au 31 juillet.


Poursuite des identifications

Tunis n'a toujours pas publié la liste détaillée des victimes qui n'étaient vêtues que de leurs maillots de bain au moment du carnage, sans papiers d'identité sur elles."Nous prenons le temps nécessaire. Il faut faire zéro erreur", a déclaré Naoufel Somrani, directeur des services d'urgence au ministère de la Santé, ajoutant que des familles étaient arrivées de l'étranger pour identifier les corps. Outre les victimes britanniques, un Allemand, une Belge, une Irlandaise et une Portugaise figurent parmi les morts selon les autorités.

Depuis 2011, des dizaines de soldats et policiers ont été tués par des jihadistes en Tunisie, un pays qui fournit le plus gros contingent de ressortissants -environ 3.000 - auprès de groupes extrémistes en Syrie, en Irak et en Libye.

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