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L'irruption violente du radicalisme islamique dans la société belge a ravivé le débat autour de la laïcité de l'Etat. Si les libéraux francophones réclament l’inscription de celle-ci dans la Constitution belge depuis longtemps, la nouveauté du weekend, c’est que Laurette Onkelinx est également pour. Mais "à titre personnel".
Au mois de mars, les députés MR Richard Miller, Denis Ducarme et Olivier Chastel ont déposé une proposition de révision de la Constitution sur la neutralité de l'Etat et l'impartialité de son action. Au-delà de l'affirmation de principe, les libéraux prêtent une conséquence pratique à une telle disposition. Elle permettrait d'exiger des partis qui se présentent aux élections de signer une déclaration reconnaissant les valeurs humanistes essentielles énoncées dans la Constitution.
Les Défi (ex-FDF) réclament également de longue date l'affirmation de la laïcité de l'Etat, sous ce vocable précis. En 2006, ils ont déposé une proposition allant dans ce sens. Le président Olivier Maingain l'a rappelé il y a peu. Il souhaite consacrer l'idée que "l'autorité de l'Etat l'emporte sur toute autre autorité, qu'elle soit religieuse ou morale", a-t-il souligné sur le plateau de la RTBF.
Le choix du mot a pourtant son importance. Depuis qu'elle a été reconnue au même titre que certains cultes, la laïcité présente un caractère ambigu parce qu'elle vise aussi bien la séparation des Eglises et de l'Etat que l'opposition aux religions, a fait remarquer le député Richard Miller (MR), ainsi que l'ont montré les discussions récentes en Communauté française sur le cours de philosophie et de citoyenneté.
Un tel débat n'est pas inscrit à l'ordre du jour du parlement. Il pourrait toutefois rebondir à l'occasion des discussions sur les mesures à prendre pour lutter contre le terrorisme puisqu'une révision de la Constitution sera nécessaire, pour une mesure toutefois bien différente: l'allongement du délai de garde à vue.
L'inscription de la neutralité et de l'impartialité passerait par l'article 10, ouvert à révision sous cette législature. Ainsi qu'il l'indiquait le week-end passé dans "La Libre", le MR propose une autre modification, sur le modèle allemand, pour permettre à la démocratie de se protéger de ses ennemis, en passant par l'article 11 (non révisable sous cette législature). Aucune des dispositions sur les droits et libertés des Belges ne pourrait autoriser un groupement à se livrer à une activité qui détruirait ces droits et libertés. "Personne ne peut alléguer des droits et libertés pour attaquer les droits et libertés d'autrui", a résumé M. Miller.
Ces questions ont pris un tour polémique ces derniers jours. Dans les médias, M. Ducarme s'en est pris vivement au PS et au cdH en les accusant d'avoir favorisé le communautarisme. Il dit vouloir mener un débat sur le socle commun des valeurs de la société belge et souhaite rouvrir des discussions restées lettre morte dans l'espace francophone, notamment le port de signes convictionnels à l'école et dans la fonction publique. "Nous devons avoir ce débat maintenant. Si après ce que nous avons subi, nous ne pouvions pas avoir un débat sur les valeurs, ce serait dramatique", a-t-il déclaré sur notre plateau.
Interrogée ce week-end, la cheffe de groupe PS à la Chambre, Laurette Onkelinx, s'est déclarée favorable à titre personnel à l'inscription du principe dans la Constitution. "Je trouve qu'il serait intéressant d'inscrire, maintenant, dans la Constitution, la laïcité de l'Etat", a-t-elle déclaré dans "Le Soir", en soulignant que son parti n'avait encore pris une position officielle sur cette question.