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Michel Claise était l'invité de Pascal Vrebos ce dimanche sur RTL TVI. Le juge d'instruction en matière financière auprès du tribunal de première instance de Bruxelles a notamment été interrogé sur la corruption en Belgique. Il dénonce le manque de moyens déployés par les responsables politiques.
Pour interroger, le juge d'instruction, notre présentateur lui a montré une séquence d'une précédente interview réalisée en février 2022. Alexander De Croo, le Premier ministre, était alors interrogé sur des déclarations de Michel Claise lui-même. "Nous sommes dans un pays corrompu. Soit les politiques ne comprennent pas, soit eux-mêmes sont corrompus. Ne négligez pas cette troisième hypothèse", avait lancé le juge d'instruction.
Voici la réponse du Premier ministre: "Si quelqu'un estime qu'il y a de la corruption, il faut le démontrer. Si ce monsieur dit ça, ce n'est pas rien de dire quelque chose comme ça, il faut le prouver. On ne peut pas dire ça d'une manière comme ça, à la légère".
Pascal Vrebos: Vous parlez à la légère, monsieur le juge? Vous avez des preuves de la corruption?
Michel Claise: Alors là monsieur Vrebos, quel plaisir d'être là six mois plus tard. Le dernier rapport de la cellule traitement des informations financières fait état de montants astronomiques blanchis par les organisations criminelles. C'est une institution étatique. Non seulement nous avons dans les données Sky ECC (NDLR: voir explication ci-dessous) mis en évidence, non seulement la puissance et l'énormité de cette situation. Vous avez 25 dossiers ouverts pour corruption dans le milieu policier, et ce n'est pas terminé. Alors nous sommes six mois après la déclaration de monsieur De Croo, est-il vraiment encore besoin de le lui prouver?
(Sky ECC: Plusieurs membres d'organisations criminelles utilisaient pour communiquer des appareils SKY ECC, un système permettant de crypter des messages mais décodé par les services judiciaires belges)
Pascal Vrebos: Alors quoi, le Premier ministre n'est pas au courant?
Michel Claise: S'il n'est pas au courant, c'est encore plus grave.
[…]
Pascal Vrebos: Vous avez quand même dit une phrase assez étonnante, vous avez dit "Au gouvernement, ils sont au Xanax plutôt qu'au Viagra". Vous accusez vraiment le politique de ne pas faire grand-chose, d'un laxisme évident.
Michel Claise: Totalement évident. En termes de moyens, de moyens humains et sur le plan informatique, imaginez un petit peu que nous menons des guerres avec des catapultes, et nous avons devant nous des criminels organisés.
Pascal Vrebos: Vous n'avez pas d'ordinateur?
Michel Claise: Nous avons des ordinateurs, mais le problème ce n'est pas d'utiliser un ordinateur ou une machine à écrire, c'est de rentrer en réalité comme dans Sky ECC. Là ça a été véritablement coup de bol extraordinaire de la part des forces de police des Pays-Bas et de Belgique. Mais simplement, c'est une exception. En réalité, tous nos systèmes informatiques et tous nos systèmes de communication sont entièrement piratés, on le sait.
[…]
Pascal Vrebos: Vous avez parlé du Greco, le Groupe d'Etats Contre la Corruption, qui a fait une vingtaine de recommandations pour lutter contre la corruption. Ça a donné quoi? Qu'a fait la Belgique?
Michel Claise: Le blanchiment et la corruption, qui sont quand même les deux infractions majeures en termes d'organisations criminelles, vous ne pouvez pas vous en passer… eh bien la Belgique a fait l'objet, comme d'autres pays, d'une enquête avec des personnes entendues. 22 recommandations ont été émises par le Greco, avec un grand problème. C'est que nous avions jusque juin 2021 pour nous mettre en ordre. Sur ces 22 recommandations, je pense qu'il y en a une seule qui a été exécutée. Donc nous risquons des sanctions de la part du Conseil de l'Europe.
Pascal Vrebos: Comment expliquez-vous cela?
Michel Claise: C'est une question qu'il faudrait poser au monde politique. Il faudrait peut-être redemander à monsieur De Croo ce qu'il en pense. Pour autant, bien entendu, qu'il soit au courant.
Pascal Vrebos: Mais c'est le ministre de la Justice qui devait…
Michel Claise: Affaires étrangères, Justice et Intérieur sont directement concernés.
Pascal Vrebos: Une recommandation sur 22, vous le dénoncez?
Michel Claise: Oui, bien sûr.