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Quand un adolescent ukrainien, qui a fui la guerre, rêve d'un avenir belge: "Je veux aller à l'université", dit Mykyta

Suivre des études d'ingénieur en anglais dans une grande université belge. Mykyta, adolescent ukrainien contraint de fuir la guerre avec sa famille, n'aurait jamais songé à un tel projet d'avenir il y a trois mois.

Ce jeune homme de 17 ans compte parmi les 22 Ukrainiens actuellement scolarisés en classe d'accueil pour "primo-arrivants", au lycée d'enseignement technique Technov à Vilvorde, dans la banlieue néerlandophone de Bruxelles.

Si certains camarades ne pensent déjà qu'à retourner au pays, dès que la situation le permettra, lui se prépare à des études supérieures en Belgique. Et veut perfectionner son anglais pour intégrer un programme dans cette langue à l'université catholique de Louvain (KU Leuven), qui accueille beaucoup d'étudiants étrangers.

"Je veux aller à l'université à la fin de cette année, suivre un cursus d'ingénieur, peut-être en électricité", explique Mykyta à l'AFP. "Le niveau des études est plus élevé qu'en Ukraine", ajoute-t-il.

En vacances en Egypte avec ses parents et sa soeur au moment où la Russie a envahi l'Ukraine, le 24 février, l'adolescent n'a jamais remis les pieds à Kiev, sa ville d'origine.

Son père a d'abord accompagné la famille en Belgique, avant de repartir en Ukraine en mars, raconte-t-il. Sa mère et sa soeur espèrent aller le retrouver cet été, tandis que Mykyta compte dénicher le job d'étudiant qui lui permettra de se payer une chambre en Belgique. Et de quitter son oncle et sa tante chez qui il est actuellement hébergé.

"Préparer des gaufres" 

"La plupart des Ukrainiens sont là avec leur mère, en général les pères et les frères sont restés au pays", explique Marc Deldime, le directeur de Technov.

Cet établissement catholique héberge depuis vingt ans des classes dites passerelles, qui réservent aux étrangers tout juste arrivés un an d'apprentissage intensif de la langue locale --le néerlandais en l'occurrence--, la condition pour rejoindre ensuite l'enseignement classique.

Le lycée, qui scolarise actuellement 60 enfants étrangers sur un total d'environ 430 élèves, est habitué à entendre résonner dans ses murs l'écho des crises mondiales, celui des guerres en Syrie et en Afghanistan, avant l'Ukraine.

Les professeurs des classes d'accueil sont formés à détecter les signes de traumatismes encore présents chez les enfants, et peuvent faire appel à des psychologues si besoin, souligne M. Deldime.

Pour l'instant, assure le directeur, les enfants ukrainiens "se sentent bien, l'école leur permet d'oublier un peu la guerre". "Et dans ce groupe de 22 ils sont toujours ensemble et peuvent échanger dans leur langue, partager leur ressenti, c'est très important".

A côté de Mykyta, Lisa, 14 ans, raconte le même retour impossible en Ukraine après un séjour de vacances à l'étranger en février-mars, et l'arrivée précipitée en Belgique, où son père a pu bénéficier de l'aide d'amis.

Et si dans son cas il est trop tôt pour parler études supérieures, elle rêve de décrocher en Belgique le premier job d'été de sa vie. "Je me verrais bien serveuse dans un café, à préparer des gaufres ou des glaces", lâche l'adolescente.

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