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"Repartir de zéro": des migrants regagnent le Venezuela faute d'avoir pu entrer au Etats-Unis

Une étreinte, des pleurs de joie malgré la frustration: des centaines de migrants vénézuéliens ont regagné mercredi leur pays après une tentative ratée de se rendre aux Etats-Unis qui leur ont fermé la porte.

Deux avions en provenance du Panama, avec chacun environ 70 migrants à bord, ont atterri à l'aéroport Simon Bolivar de Maiquetía, qui dessert Caracas, a constaté l'AFP.

Un autre, transportant quelque 300 migrants, était arrivé peu avant minuit en provenance du Mexique. En soirée, une autre centaine était revenue.

Alejandrina González accourt pour embrasser son fils, Yorvis Carrasquel, en le voyant arriver dans le terminal.

Le jeune homme, âgé de 25 ans, arbore un tatouage "je t'aime maman, papa". Il dit avoir "émigré pour chercher une vie meilleure, chercher un avenir meilleur, mais cela n'est pas arrivé".

Maintenant, il ne lui reste qu'à "travailler et aller de l'avant", ajoute-t-il, résigné. "On tombe et on se relève".

Comme de nombreux autres migrants, il a traversé la dangereuse jungle du Darién, entre la Colombie et le Panama, pour tenter de rejoindre les Etats-Unis et y demander asile.

Le 13 octobre, le département américain de la Sécurité intérieure (DHS) a annoncé que les Vénézuéliens qui traversent illégalement la frontière américaine seront désormais renvoyés automatiquement au Mexique.

- "Cinq jours dans la jungle" -

En contrepartie, Washington promet d'instaurer un programme humanitaire pour immigrer légalement directement depuis le Venezuela. Il doit concerner 24.000 Vénézuéliens.

Washington espère ainsi freiner le rythme des arrivées. Depuis octobre 2021, 155.000 Vénézuéliens sont entrés aux Etats-Unis par la frontière mexicaine, un nombre qui a triplé en l'espace d'un an.

Plus de six millions de Vénézuéliens ont quitté leur pays depuis 2015 selon l'ONU, face au régime autoritaire de Nicolas Maduro et au marasme économique.

Beaucoup ont initialement trouvé refuge dans d'autres pays d'Amérique latine. Mais le flux vers les Etats-Unis a récemment explosé. Washington, qui n'a plus de relations diplomatiques avec Caracas, permettait jusqu'ici aux Vénézuéliens d'être admis aux Etats-Unis pour déposer une demande d'asile.

La nouvelle politique du gouvernement du président démocrate Joe Biden a pris par surprise Emmanuel Montero, 21 ans. Il a décidé de revenir dans son pays depuis le Panama.

"Nous avions déjà traversé quatre pays, nous étions au Honduras", explique-t-il. "Nous sommes restés cinq jours dans la jungle, nous avions pris la route la plus courte qui est aussi la plus chère". "Tout se passait super bien", malgré un passage "difficile" à cause de la pluie par le Darién.

A présent, il ne sait pas de quoi l'avenir sera fait. La situation économique est complexe. Il a dépensé les 300 dollars qui lui restaient pour payer son retour.

- "Le rêve américain" -

Nombre de ces Vénézuéliens avaient dû vendre leurs biens pour financer leur voyage vers les Etats-Unis.

Jorge Luis Piñeda, 39 ans et chauffeur de taxi, a vendu son véhicule pour partir vivre "le rêve américain que tout le monde recherche pour gagner un peu plus et donner un peu plus" à sa famille.

Il est arrivé à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis le 19 octobre, après le changement de politique migratoire. Il comptait se rendre aux autorités américaines et pouvoir rester.

"On se disait +bon, on va voir ce qui se passe+ et ils nous ont chassés" vers le Mexique, explique-t-il à l'AFP avant de monter sur un vol spécial de la compagnie d'Etat vénézuélienne Conviasa qui lui a coûté 210 dollars.

Il considère avoir été "trompé" par les Etats-Unis et préfère rentrer car il tient à sa famille. Il ne pense pas faire de nouvelle tentative.

"Nous allons repartir pratiquement de zéro", constate Ernesto Laitano, 24 ans, natif de Maracaibo (nord-ouest) à la frontière colombienne.

Lui raconte avoir vendu sa voiture et sa maison pour se payer le voyage et être parti le 25 septembre, avec une cinquantaine de personnes de son quartier.

La semaine dernière, une vingtaine de Vénézuéliens étaient déjà revenus depuis le Guatemala. Et il est prévu encore davantage de retours de migrants.

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