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Protéger l'avortement dans la Constitution? L'Ohio a voté et attend les résultats avec anxiété

L'Etat américain de l'Ohio, contrôlé par les républicains, a voté mardi pour décider d'inscrire ou non la protection du droit à l'avortement dans sa Constitution, un scrutin test suivi de près à travers le pays.

Les bureaux de vote, où des électeurs ont continué d'arriver jusqu'à la dernière minute, ont fermé à 19H30 locales. Maintenant commence l'attente anxieuse des résultats sur cette question qui pèsera sur la présidentielle de 2024.

Pour les défenseurs de l'IVG, il fallait cocher "oui" pour empêcher l'Etat d'interférer dans une "décision personnelle"; pour ses opposants, il était impératif de dire "non" à un texte qui "va trop loin".

Parmi les électeurs dans la capitale Columbus figurait le candidat républicain à la présidentielle Vivek Ramaswamy, 38 ans.

"Je vote non parce que je suis pro-vie", a-t-il dit à l'AFP. Si l'amendement était adopté, "ce ne serait pas une bonne chose pour le pays", a-t-il ajouté.

Au contraire, Jill, 43 ans, qui a préféré ne pas donner son nom de famille, a voté "oui" "en tant que femme, pour protéger (ses) droits".

- Forte mobilisation -

Les deux camps ont mené une campagne acharnée à coups de millions de dollars et de spots télévisés omniprésents.

Depuis que la Cour suprême a cassé à l'été 2022 l'arrêt qui garantissait le droit fédéral des Américaines à interrompre leur grossesse, la question du droit à l'avortement est revenue aux Etats.

Plusieurs l'ont restreint ou interdit, d'autres l'ont renforcé.

L'an dernier, plusieurs votes ont systématiquement été remportés par les partisans du droit à l'IVG, même dans des Etats conservateurs et à la grande surprise des républicains.

Car le sujet mobilise fortement les électeurs. Et même chez des Américains ne s'identifiant pas comme progressistes, certains ont jugé trop radicales les interdictions décidées par plusieurs Etats.

- Scrutin test -

Dans l'Ohio, une tentative de la droite de compliquer l'organisation et l'adoption de référendums (avec l'avortement en ligne de mire) a échoué en août.

Les défenseurs de l'avortement ont eux réussi à rassembler des centaines de milliers de signatures afin de soumettre à la population un amendement constitutionnel consacrant le droit à l'IVG.

Il s'agissait aussi de contrer une loi, entrée en vigueur après la décision de la Cour suprême, qui bannit la plupart des avortements - même en cas de viol ou d'inceste - dès qu'un battement de cœur peut être détecté. C'est-à-dire vers six semaines, souvent avant même qu'une femme ait connaissance de sa grossesse.

Cette législation est actuellement en suspens en raison d'une bataille juridique. Pour le moment, l'avortement est légal dans l'Ohio jusqu'à environ 22 semaines de grossesse.

Mais pendant le court temps durant lequel la loi ultra restrictive a été en vigueur, une fillette de 10 ans enceinte après un viol a dû se rendre dans l'Indiana voisin pour avorter, une affaire qui avait choqué dans tout le pays.

Les électeurs de l'Ohio ont voté par anticipation pendant des semaines avant mardi.

L'amendement prévoit que tout individu ait "le droit de prendre et d'appliquer ses propres décisions" en matière notamment d'avortement, de contraception et de traitement lié à la fertilité ou aux fausses couches.

- Indécis -

Pour ses opposants, comme le gouverneur républicain Mike DeWine, cela ouvrirait la porte à des avortements "à n'importe quel moment pendant la grossesse" et à la possibilité que des mineures y aient recours sans l'accord de leurs parents.

Le camp adverse le dément catégoriquement.

Certains habitants se disaient encore indécis à la veille du vote.

Matthew Hartman, 20 ans, étudiant à l'université d'Etat de l'Ohio, a expliqué à l'AFP qu'en tant que chrétien, il "priait" et "faisait des recherches" pour parvenir à la bonne décision.

Il a dit pencher pour le "oui" parce qu'il pense en particulier que des femmes enceintes après un viol ne devraient pas être contraintes d'avoir l'enfant. "Mais je crois aux décisions de Dieu. C'est donc quelque chose qu'en tant que chrétien je dois résoudre moi-même", a-t-il expliqué.

La question de l'avortement sera dans tous les esprits lors de deux autres scrutins mardi.

Dans le très conservateur Kentucky, le gouverneur démocrate Andy Beshear, candidat à sa réélection, a fait du droit à l'IVG un cheval de bataille face au républicain Daniel Cameron.

Et en Virginie, où se tiennent des élections législatives, si les républicains l'emportent, cela pourrait permettre au gouverneur Glenn Youngkin de tenter d'imposer des restrictions à l'avortement.

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