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Lioudmila, une Ukrainienne, découvre un missile dans son salon en rentrant des courses: "Cet appartement a été payé au sang"

Samedi matin, Lioudmila Khartchenko était sortie de son appartement de Bakhmout pour aller chercher du pain. A son retour une heure après, elle découvre son domicile en ruines et, au pied de son canapé en velours, la tête encore chaude du missile qui a perforé son salon.

Mme Khartchenko, 63 ans, son sac de courses sous le bras, s'était apprêtée avec un trait de rouge à lèvres pour l'une des rares sorties qu'elle s'autorise au milieu de la terrifiante bataille qui déchire la petite ville de l'est de l'Ukraine.

Le face à face quotidien des troupes d'artillerie et d'infanterie ukrainiennes et russes, débuté en août, est devenu l'une des plus longues batailles en cours dans une ville ukrainienne depuis le début de la guerre.

"J'ai reçu un appel qui me disait qu'il y avait une distribution de pain. J'y suis allée", dit la retraitée.

Une fois arrivée à la distribution, ses voisins lui ont dit que son immeuble avait été touché.

"J'ai couru à la maison, en espérant qu'ils se soient trompés. Mais je suis arrivée et j'ai vu le désastre", poursuit-elle, réalisant à peine que cette course lui a sauvé la vie.

Prostrée devant la petite commode en bois miraculeusement intacte de son entrée, exposant une fleur violette encore dans son vase, Lioudmila Khartchenko porte la main à sa bouche et suffoque.

Les pompiers sont arrivés vers 11h00, 20 minutes après l'impact et ont déjà éteint l'incendie qui a noirci le petit deux-pièces, perché au neuvième et dernier étage de la barre d'immeuble de ce quartier dans le nord de Bakhmout.

"Payé au sang"

La fumée se dissipe à travers le trou laissé par la perforation du missile, qui laisse alors voir un bout de ciel bleu.

La tête du missile, de type Smerch, de plus d'un mètre et demi de long, peinte en vert camouflage est couchée sur un reste du tapis carbonisé. Un autre cylindre de la même taille, pouvant faire penser à un tir de lance-roquettes multiple, est fiché debout à l'autre bout du salon.

Un pompier casqué l'asperge de sa lance à eau et emporte à bout de bras le tube métallique.

L'explosion a décroché les cadres des murs. Un portrait encadré d'or d'elle et son mari s'est coincé droit sur le canapé juste au-dessus du missile.

La propriétaire se risque à faire quelques pas à l'entrée de la pièce et lève ses yeux bleus embués de larmes vers le trou du plafond et les lambeaux de toit qui s'en décrochent

"Cet appartement a été payé au sang et à la sueur", assène Mme Khartchenko, avant de rassembler dans un calme propre à l'état de choc quelques affaires pour aller se réfugier chez son fils dans un autre quartier de la ville.

"Merci beaucoup d'avoir éteint le feu, ne vous occupez pas des décombres, je le ferai moi-même", leur dit-elle.

Selon les autorités municipales, près de la moitié des 70.000 habitants de la ville de Bakhmout ont refusé l'évacuation, malgré les combats et les frappes d'artillerie quotidiennes.

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