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"On a beaucoup trop de contraintes dans notre travail": des centaines d'agriculteurs manifestaient à Mons hier soir

Une centaine d'agriculteurs sont allés à Mons ce samedi soir, au festival des Lumières. Leur but? Se faire entendre, sensibiliser la population et interpeller les politiques pour tenter de faire bouger les choses.

Parmi les manifestants, il y avait Philippe, agriculteur à Roisin depuis 1989. Pour les problèmes ne datent pas d'hier: il produit du lait et avait dû, à l'époque, acheter tous les quotas nécessaires pour pouvoir produire son lait. "Il y en avait pour des centaines de milliers d'euros. Les quotas sont tombés à l'eau, l'Europe les a fait disparaître donc en réalité, j'ai acheté du vent", nous confie-t-il. 

Il donne un autre motif de ses revendications: toujours travailler plus pour gagner la même chose. "Avant, mes parents faisaient 60.000 litres de lait par an. Moi, je fais 60.000 litres de lait par mois et je ne gagne pas plus qu'eux... Donc, il y a quand même un problème", note-t-il. 

Philippe nous parle aussi de la nouvelle PAC de 2024 et le fait qu'on leur impose 4% de jachère. "L'année dernière, à cause de la guerre en Ukraine, ils l'ont supprimé... Mais il y a toujouirs la guerre en Ukraine, donc je ne vois pas pourquoi cette année-ci, on devrait mettre 4% de jachère", s'interroge l'agriculteur.

Une surcharge administrative

Herman est flamand, mais il habite en Wallonie depuis 24 ans. S'il est venu manifester, "c'est pour être solidaire avec les autres agriculteurs", nous dit-il. "Et aussi, du côté de l'Europe, on nous emmerde beaucoup trop dans les papiers. On a beaucoup trop de contraintes dans notre travail à cause de l'Europe."

Il reproche notamment qu'on leur demande de noter tout ce qu'ils font : "Les engrais verts doivent être semés à cette date. On ne peut pas labourer avant 3 mois (...) Chaque année, les primes qu'on nous donne diminuent." Même s'il reconnaît qu'il est encore possible de vivre en tant qu'agriculteur, il dit cependant que cela devient de plus en plus compliqué. 

L'offre et la demande

Les autres revendications avancées par les agriculteurs sont notamment l'importation des céréales ukrainiennes en Europe, ce qui a un impact sur la vente des céréales belges, selon Philippe. "Nos céréales se vendent très mal à cause de ça. Et comme l'Europe voudrait que l'Ukraine l'intègre, ils ont déjà supprimé les droits de douane. On est inondé et à cause de ça, nos céréales à nous se cassent la gueule."

"Tout est mondialisé, donc à partir du moment où il y a un peu de trop sur le marché, c'est le principe de l'offre et la demande, le prix se casse la gueule. On le voit très bien dans le lait : quand il y a 1% de production en trop, le prix du lait diminue de 10% à chaque pourcent excédentaire... A chaque fois, on le vérifie", rajoute l'agriculteur de Roisin. 

Les agriculteurs pointent aussi du doigt les normes environnementales qui ne tiennent pas compte de la météo et l'importation de viande de l'étranger, notamment du bœuf d'Argentine. 

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