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"Il n'y a pas de contagion directe": après la faillite bancaire de la Silicon Valley, les dirigeants européens tentent de rassurer

"Calmez-vous, calmez-vous!", a lancé lundi aux investisseurs le ministre français des Finances Bruno Le Maire alors que les dirigeants européens tentent de rassurer les marchés financiers sur l'absence de risques en Europe liés à la faillite de la banque américaine SVB.

"La réalité, c'est que le système bancaire français n'est pas exposé à la SVB. Il n'y a pas de liens entre les différentes situations" aux Etats-Unis et en Europe, a-t-il dit, interrogé à Bruxelles sur la chute des actions bancaires européennes, notamment les françaises BNP et Société Générale.

"Il n'y a pas de contagion directe et la possibilité d'un impact indirect est quelque chose que nous devons surveiller mais pour le moment nous ne voyons pas de risque significatif", a assuré de son côté le commissaire européen à l'Economie, Paolo Gentiloni, avant une réunion des ministres des Finances de la zone euro.

Une vague de retraits bancaires a provoqué la défaillance de trois banques américaines la semaine dernière: SVB, Signature Bank mais aussi Silvergate Bank, plus petite mais connue pour ses liens privilégiés avec le milieu des cryptomonnaies.
SVB, qui ne parvenait plus à faire face aux retraits massifs de ses clients, a été fermée vendredi par les autorités américaines.

Ces dernières ont annoncé dimanche une série de mesures pour rassurer particuliers et entreprises sur la solidité du système bancaire américain et vont notamment garantir le retrait de l'intégralité des dépôts de SVB.

Les Américains peuvent "avoir confiance" dans leur système bancaire, a assuré lundi le président américain Joe Biden, qui a promis de faire tout ce qui est nécessaire pour qu'il reste "solide".

"Nous apprécions et prenons note de l'initiative prise par les autorités américaines pour éviter une contagion aux États-Unis", a commenté Paolo Gentiloni, qui a indiqué que la Commission européenne suivait "la situation en contact étroit avec la Banque centrale européenne".

Ces annonces n'ont pas empêché Wall Street d'ouvrir en baisse lundi matin après deux séances de fort recul et plusieurs banques régionales s'effondraient. Vers 15H30 GMT, 
Wall Street est revenue toutefois en terrain positif: l'indice Dow Jones prenait 0,75%, le S&P 500 0,80% et l'indice à technologique Nasdaq 1,32%.

Chute "prévisible" des valeurs bancaires 

En Europe aussi, les places européennes restaient en forte baisse mais se reprenaient un peu après avoir perdu plus de 3% en début d'après-midi: Paris et Francfort reculaient de 2,34% et de 2,49%. Londres cédait 2,04% et Milan 3,24%. Les valeurs bancaires encaissaient aussi de fortes baisses.
A 15H05 GMT, l'action de BNP Paribas chutait de 6,7% à 56,24 euros et celle de Société Générale de 6,2% à 23,94 euros. En Italie, Unicredit chutait de 8,3% à 17,07 euros. En Espagne, Santander abandonnait 7,9% à 3,32 euros. La Deutsche Bank reculait de 5,6% à Francfort, à 10,07 euros.

Un impact sur le cours des actions des banques européennes était "prévisible", a estimé Paolo Gentiloni. Mais pour les dirigeants de l'UE le recul en bourse n'est pas synonyme de risque financier.

"Nous ne voyons pas de risque de contagion pour la France. Les banques françaises ne sont pas exposées, les modèles économiques français sont très différents", a martelé Bruno Le Maire. "Nous constatons que le gouvernement américain et les institutions financières américaines ont agi avec détermination", a souligné son homologue allemand Christian Lindner. Selon lui, les institutions de surveillance financière en Europe "ne laissent aucun doute quant à la stabilité" du système financier du Vieux continent.

"Nous apprécions la rapidité avec laquelle les autorités américaines sont intervenues et nous sommes convaincus que, si nécessaire, les autorités européennes interviendront également avec la même rapidité, en évaluant les implications pour la conduite de la politique monétaire et la stabilité financière", a assuré le ministre italien de l'Economie, Giancarlo Giorgetti. 

Le président de l'Eurogroupe, instance qui réunit les 20 pays partageant la monnaie unique, s'est cependant montré prudent. "Je pense que nous n'en sommes qu'au tout début des conséquences de l'effondrement effectif" de la SVB, a reconnu Paschal Donohoe.
"Il faudra un certain temps avant qu'une évaluation complète soit faite, mais nous avons vu le coût des emprunts augmenter pour l'Irlande et tous les autres États membres de l'UE ces derniers temps, et cela ne fait que souligner la nécessité pour nous de gérer les finances publiques avec précaution", a-t-il dit.
 

 

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