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Younnes est un ancien combattant de l'organisation terroriste Etat islamique. Dans une interview, il justifie son départ pour la Syrie en se faisant passer pour une victime dans notre société. Avec son témoignage, "on peut comprendre tout le processus de radicalisation, toutes les étapes", a expliqué Alain Ruffion, spécialiste de la prévention contre la radicalisation.
Michaël Delefortrie, dit Younnes, vient de publier un livre autobiographique. Cet ex-combattant de l'Etat islamique témoigne dans une interview réalisée il y a quelques jours par Georges Huercano, le directeur des magazines sur RTL-TVI. "Après avoir rejoint Sharia for Belgium, je me suis rendu compte que nous étions publiquement criminalisés. C'est pourquoi la plupart des membres du groupe sont partis en Syrie. Ils étaient stigmatisés. La police les contrôlait en permanence et les arrêtait parce qu'ils prêchaient en rue. C'est là que tout a commencé", a-t-il indiqué.
Revenu en Belgique, le jeune de 27 ans justifie notamment sa décision de partir se battre pendant un mois en Syrie. "Moi ce que je me suis dit, c'est qu'ici en Europe on ne me donnait aucune chance. Tout ce que je fais me conduit à la prison ou ce genre de choses. Je me suis donc dit que quoi qu'on trouve là-bas, ce sera mieux qu'ici. Même si c'est la guerre. Cela montre jusqu'où l'Etat mène des gens comme moi. Mieux vaut mourir là-bas que vivre ici".
"Il se crée un préjudice comme quoi il est une victime irresponsable de sa situation"
Alain Ruffion, spécialiste de la prévention contre la radicalisation, s'est dit choqué par les propos du jeune Anversois sur le plateau de l'émission "C'est pas tous les jours dimanche". "On ne peut être que choqué par ces propos. On ne les partage évidemment pas et tout notre travail consiste à déconstruire ce genre d'arguments. Par contre, avec Younnes, on a une situation où l'on peut comprendre tout le processus de radicalisation, toutes les étapes, et il y a un facteur psychologique à décortiquer qui est la notion de préjudice. Il se crée un préjudice comme quoi il est une victime irresponsable de sa situation et cela le légitime à recourir à une idéologie radicale pour changer cette société qui complote pour le mettre dans la situation où il est".
L'expert a encore indiqué qu'un tel témoignage pouvait être très utile pour aborder d'autres cas. "Comprendre n'est pas légitimer, loin de là, mais la valeur du témoignage va nous permettre de lutter plus efficacement, à la fois pour le traitement et la prévention éventuelle de la radicalisation d'autres jeunes", a conclu Alain Ruffion.