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Les discours d'un imam aurait-il joué un rôle dans la radicalisation de jeunes? "Une ligne est franchie, il y a incitation à la haine"

La radicalisation des jeunes se fait parfois au sein même des mosquées. A Verviers notamment, un imam traine derrière lui une fâcheuse réputation. L’une de nos équipes a analysé le contenu de ses discours aux fidèles.

Début 2014, Redouane Hagaoui 21 ans, quitte Verviers pour aller combattre en Syrie. Quelques mois avant son départ, il se met à fréquenter une mosquée somalienne de Verviers. A l’époque, c’est l’imam Shayh Alami qui s’occupe des prêches.


Des prêches au ton agressif publiées sur internet

Publiées sur internet, ses prêches, souvent sur un ton agressif, ne font pas dans la dentelle. Par exemple, lorsqu’il parle d’un intellectuel marocain qui prône la laïcité. "J’implore Dieu pour qu’il lui coupe la langue et les pieds", prêche l’imam devant les fidèles.

Radouane Attiya est d’origine marocaine, chercheur en islamologie à l’université de Liège. "Pour le simple fait d’avoir dit quelque chose, cet imam demande qu’on lui coupe la langue", remarque le chercheur. "Une ligne est franchie ici. Il y a incitation à la haine."

Mais l’imam Shayh Alami se défend. "Mes paroles n’incitent pas à la violence. Dans notre religion, celui qui est contre Dieu, il faut lui répondre avec la parole."

Des paroles martelées pendant des années à Verviers

"Quelques jeunes, au moins trois, qui seraient parti en Syrie, sont passés par la mosquée somalienne au moment où cet imam faisait des prêches du vendredi", nous informe Michael Privol, islamologue. "Ils ont écouté ces discours, cela a certainement donné une sorte de liant ou en tout cas une sorte de structure, de squelette à leurs propre parcours de radicalisation."


Il pousse au repli des musulmans sur eux-mêmes

"Je ne savais pas que ces jeunes allaient partir", maintient l’imam. "Je les connais de vue, c’est tout. J’ai appri leur départ sur internet." "Toute chose qui contredit le Coran est nulle et non avenue. Ceux qui appellent à un autre mode de vie sont dans l’erreur", prêchait il y a peu l’imam. 

Charge contre la démocratie, esprit opposé à la cohabitation des communautés, les prêches de Shah Alami poussent les musulmans à se replier sur elles-mêmes.


On islamise l'espace hostile ou on le quitte

"L’imam dit en quelque sorte ‘nous ne sommes pas chez nous mais dans un espace hostile’", analyse le chercheur Redouane Attiya. "Une fois que le mot est lâché, est devant deux voies possibles : on islamise cet espace qui nous est hostile ou alors on le quitte. "

Depuis janvier 2014, Shayh Alami ne prêche plus à Verviers, officiellement. 

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