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Les dangers de la spirale internet ne sont plus à prouver. Anthony, père d’une fille de 11 ans, a été horrifié en découvrant le nouveau défi dramatique qui circule sur TikTok, le réseau social aux 800 millions d’utilisateurs. Des jeunes, qui ont un mal-être profond, ont lancé un mouvement au départ d’un objet que nous possédons tous : le Labello (marque de baume à lèvres).
"Tout a commencé il y a quelques jours, et désormais il y a plein de vidéos sur TikTok, plus ceux qui ne montrent rien mais qui disent y 'jouer' en commentaire. Ils sont des centaines, ils font ça dans leur chambre, à l’abri du regard de leur parents", s'inquiète Anthony.
Symbole du malaise des adolescents, ceux-ci coupent quotidiennement leur beurre de cacao en fonction des événements qu’ils ont mal vécu dans leur journée. Au plus l’événement a été difficile à vivre pour le jeune, au plus le morceau coupé sera important. Quand ils arrivent au bout du tube, les jeunes se scarifient ou mettent fin à leurs jours. Le challenge circule vite. Un hashtag #LabelloChallenge a même été mis en place pour inciter d’autres utilisateurs du réseau social à suivre la "tendance."
L’adolescence est par définition une période de grands bouleversements
Le jeu du Labello n’est pas unique. D’autres défis dangereux naissent régulièrement au sein des communautés de jeunes. Pour Emmanuel De Becker, pédopsychiatre aux Cliniques universitaires Saint-Luc (UCLouvain), si les réseaux sociaux ont accentué les comportements à risque, le phénomène n’est pas nouveau : "L’adolescence est par définition une période de grands bouleversements où l’existence est questionnée. Il y a parfois un véritable malaise, une détresse, voire même de la solitude." Il poursuit : "L’adolescence, c’est aussi s’ouvrir au monde et chercher à appartenir à un groupe. Il y a une volonté de s’identifier à ses copains et copines. Et justement, les réseaux sociaux comme TikTok sont nés pour permettre cela." Faire comme les autres pour appartenir à un groupe dans une période compliquée de la vie, tous les ingrédients sont réunis pour favoriser l’émergence de comportements préjudiciables pour la santé.
Que faut-il faire ?
Anthony, comme d’autres parents, choisissent d’interdire l’utilisation de la plateforme TikTok. Pour le pédopsychiatre Emmanuel De Becker, ce n’est pas une bonne solution. "Je préconise plutôt la discussion et la réflexion. L’adulte, qu’il soit parent ou éducateur, doit conscientiser l’enfant sur les effets néfastes des réseaux sociaux. Il ne s’agit pas de complètement les bannir parce que le jeune éprouve le besoin d'avoir des contacts sociaux. Il a besoin de s'ouvrir au monde. D'autant plus que, lorsque les ados sont face à une interdiction, ils sont complètement marginalisés. Ce qui est aussi négatif." Le pédopsychiatre insiste sur le dialogue : "Les risques peuvent être décuplés si le jeune se rend sur les réseaux sociaux dans le dos de ses parents."