Le 30 août 2020, Béline Renault a créé l'association Béline, Pets and Hope. Elle avait alors 20 ans. Aujourd'hui, elle s'est entourée d'une équipe de 5 personnes et de nombreux bénévoles. Rencontre avec cette amoureuse des animaux qui regorge d'idées pour faire évoluer son projet.
"Je voulais mettre en avant une asbl dont les bénévoles ont le cœur sur la main et sont toujours disponibles à toute heure pour sauver des animaux." Voici le message que nous avons reçu via le bouton orange Alertez-nous. Cette asbl, c'est Béline, Pets and Hope, fondée par Béline Renault, 21 ans, le 30 août 2020. Un projet qu'elle a imaginé il y a deux ans, lorsqu'elle travaillait dans une autre association. "J'avais récupéré un chien et on m'avait dit que je n'avais pas les moyens de m'en occuper donc j'ai pensé: tant pis, je vais faire mon asbl toute seule. J'y ai mis toute ma rage."
Au départ, Béline a dans l'idée de lancer quelque chose dans sa commune, Wezembeek-Oppem. Elle crée alors un groupe Facebook. "Au fil du temps, le groupe s'est agrandi, les gens se sont ajoutés parce qu'ils aimaient ce que je faisais. C'est comme ça que m'est venue l'idée de créer l'asbl, aussi pour me protéger et qu'on ne me dise pas que je suis dans la marchandise d'animaux."
© Photos Béline, Pets and Hope
Aujourd'hui, la jeune femme gère la prise en charge des animaux, leurs soins et la recherche de leur famille d'accueil. C'est en effet grâce à ce principe que fonctionne Béline, Pets and Hope. "C'est comme un dog ou cat sitting. Les familles accueillent un animal dans une période indéterminée. Ça peut être 10 jours, le temps qu'on mette l'animal en ordre de vaccination, de papiers etc., mais ça peut être un an. Ça arrive souvent pour des chats noirs ou de vieux chiens qui ont du mal à se faire adopter tout de suite. La famille d'accueil signe un contrat et s'engage à garder l'animal jusqu'au moment de son adoption."
On s'adapte vraiment à chaque animal
N'importe qui ne peut pas être famille d'accueil. L'association fait très attention aux personnes à qui les animaux sont confiés. "Si quelqu'un postule pour être famille d'accueil, on fait une pré-visite. On vérifie si les gens ont un jardin clôturé parce que c'est une de nos conditions pour accueillir un chien. S'ils habitent dans un appartement, on ne peut pas, par exemple, leur confier un American Staff. S'ils ont des enfants, on ne peut pas leur confier un chien trop brusque. On s'adapte vraiment à chaque animal et à chaque famille d'accueil."
Chiens, chats, NAC… et boucs
Béline, Pets and Hope s'occupe principalement des chiens, des chats et des NAC (Nouveaux Animaux de Compagnie). "De temps en temps, on récupère aussi des boucs parce qu'il y en a tellement… À ce moment-là, comme je n'ai pas le terrain approprié, on essaie de trouver des prairies et on les met en famille d'accueil chez ces personnes."
L'association recueille les animaux de différentes manières. "Les gens nous contactent s'ils souhaitent abandonner leurs animaux. Nous, on regarde sur les réseaux sociaux parce qu'il y a beaucoup d'abandons."
Pourtant, depuis le 1er juin 2017, il est obligatoire de passer par un lieu agréé ou un refuge pour acquérir un animal. La vente ou le don via internet ou les réseaux sociaux est en effet interdit chez nous. "Je me mets souvent en route vers les quatre coins de la Belgique pour récupérer des animaux négligés ou en manque de soins, dont les gens ne veulent plus mais ne prennent pas la peine de se diriger vers une asbl ou un refuge." Pour elle, même si la loi existe, les abandons d'animaux sur les réseaux sociaux continuent. "Pourtant, l'animal n'est absolument pas considéré comme un objet, donc je ne comprends pas comment on peut encore accepter ça."
"C'est un carnage !"
Durant l'été, Béline et son association ont récupéré de nombreux chatons. "C'est toujours le même problème, la stérilisation n'a pas été faite." Mais depuis le 1er janvier 2018, à Bruxelles, tous les chats doivent être stérilisés avant l'âge de 6 mois. Durant la période de Pâques, ce sont surtout des lapins que l'association recueille. "C'est un carnage ! On a eu beaucoup d'abandons dans des caisses, dans des boîtes de transport dans les champs. Ce sont souvent des lapins achetés dans des animaleries."
Une jeune passionnée qui a osé réaliser ce dont rêvent beaucoup de personnes
Contacté par nos soins, le Dr Bruno Veldeman, vétérinaire au centre Vetlife de Braine-l'Alleud, ne manque pas d'éloges pour la jeune femme, qu'il a eue comme élève. "Béline est une jeune passionnée qui a osé réaliser ce dont beaucoup de personnes rêvent sans pour autant s'en donner les moyens. Elle est parvenue, du haut de ses 20 ans, à créer une ASBL venant en aide aux animaux domestiques dans le besoin. Et Dieu sait si le travail est infini dans ce domaine. Tout a commencé lorsque Béline s'est assise dans ma classe de soigneurs animaliers en 2019. Son expérience et son approche du monde animal en faisaient déjà une élève à part. Les animaux n'étaient pas juste un rêve d'enfant pour Béline, mais bien une passion au quotidien. Cet engagement était tel, je vous l'avoue, qu'il l'emmena plus souvent "sur le terrain" que sur les bancs d'école. La suite, vous la connaissez, entourée d'un noyau de personnes de confiance, l'ASBL Béline Pets and Hope vit le jour."
Béline entourée de deux vétérinaires du centre Vetlife, Dr Bruno Veldeman et Dr Julien Binard
"Des passionnés qui ne comptent pas leurs heures"
Régulièrement en contact avec diverses associations animales, dont celle de Béline Renault, le Dr Bruno Veldeman est motivé à l'épauler. "Car si Béline était habituée au fleuve tranquille que constitue l'amour des animaux de la maison, c'est bel et bien vers la haute mer et ses cyclones que l'on se lance lorsque l'on fonde un tel projet. J'ignorais si Béline était préparée à cela. Comment l'être à son âge ? Pouvons-nous seulement l'être un jour ? Le bien-être animal n'a jamais été autant au cœur des préoccupations".
Pourtant, les abandons n'ont jamais été aussi élevés, dit-il. "Les refuges sont plein à craquer; les bénévoles, aussi motivés qu'ils soient, sont débordés et les demandes d'adoption pleuvent de tous côtés. Donc une ASBL de plus dans ce domaine est plus que la bienvenue. Mais, comme souvent dans le monde animal, ce sont des passionnés qui ne comptent ni leurs heures ni leur salaire." Au sein de son équipe, la jeune femme est surnommée "la Brigitte Bardot belge".
Toutes mes journées sont consacrées
À 21 ans, Béline Renault a en effet un emploi du temps bien chargé. "Mon quotidien, c'est se réveiller à 7h du matin parce qu'au siège de l'association (son domicile), il y a quelques animaux, notamment une dizaine de chats, des lapins qui ne peuvent pas être placés en famille d'accueil parce qu'ils ont besoin de soins quotidiens et que j'ai l'expérience au niveau de soins. Ensuite, c'est faire les pré-visites pour les adoptions. Si la pré-visite nous plaît, les adoptants peuvent rencontrer l'animal. Toutes mes journées sont consacrées à ça et aux rendez-vous vétérinaires. Je passe 6 ou 7 fois par semaine dans un cabinet."
Des chiens sauvés lors des inondations
En plus de cela, il y a les sauvetages. Lors des inondations, Béline s'est notamment rendue au camping de Méry, à Tilff, pour sauver des chiens. "Il était 2h du matin et j'ai vu une publication sur Facebook disant que trois chiens étaient bloqués. Je n'ai pas hésité." Avec une amie qui gère une entreprise spécialisée dans le paddle, elles s'équipent et se rendent sur place vers 3h.
"On a décidé de dormir dans notre voiture parce que l'eau était encore trop haute. À 5h, au lever du soleil, on a enfilé nos combis et on est parties dans l'eau, qui m'arrivait au niveau de la poitrine. Trois chiens étaient bloqués, entourés de plein de débris. Quand on arrive sur place, c'est choquant. À la base, au camping de Méry, il y avait des caravanes, des maisons sur pilotis et là, je crois qu'il ne restait que deux maisons. On a récupéré les trois chiens et au bout de trois heures, on a retrouvé leurs propriétaires. Et puis, on a visité les maisons qui restaient debout. Elles étaient ravagées, les meubles étaient retournés les uns sur les autres. On a récupéré pas mal de chats parce qu'il y a beaucoup de chats errants sur place. Ils sont nourris pas les habitants donc ils ont été super fort habitués à la main de l'homme et ne se débrouillent pas."
Béline et son amie se sont également vu confier un bichon, prénommé Tommy. Son maître est décédé dans les inondations et c'est le meilleur ami de ce dernier qui a décidé de leur donner l'animal.
Tommy
Béline Renault se consacre à 100% à l'association qu'elle a créée. "Je suis H24 avec les animaux recueillis et je les considère comme les miens. C'est un temps plein, il n'y a pas d'heure pour les animaux. Par exemple, on m'a déjà appelé à 1h du matin pour des chatons abandonnés. À ce moment-là, il faut agir tout de suite et c'est vrai que les refuges ne sont pas ouverts. Ou il peut y avoir des urgences, avec des animaux qui se sont fait écraser, sont souffrants. Généralement, on m'appelle un peu à toutes les heures."
Dexter, ancienne mascotte de l'association
La jeune femme est amoureuse des animaux depuis l'enfance. Récemment, elle a perdu Dexter, un berger blanc qu'elle avait récupéré sur Facebook. "Des personnes ne voulaient plus de chien et à 18h, ils allaient s'en débarrasser. Dexter vivait dans un appartement et servait, à mon avis, pour la reproduction. Je ne pensais vraiment pas l'adopter. Je ne peux pas me permettre de prendre un animal, étant tout le temps sur la route pour en sauver. Et puis, je m'y suis attachée parce qu'on a plus ou moins le même caractère. Je me suis rendu compte en retraçant un peu sa vie via son passeport que c'était un chien qui avait déjà fait 5 familles alors qu'il n'a que 4 ans. Je ne pouvais donc pas le faire adopter." Dexter, qui s'entendait très bien avec les autres chiens, était aussi devenu la mascotte de l'association.
Dexter
Aujourd'hui, Béline, Pets and Hope est composée de 5 personnes: Béline, Mariska, Philippe, Sophie et Alexandra. Cette dernière fait en effet partie de ce qu'elle appelle "les bénévoles récurrents de la team". "On a plusieurs bénévoles qui nous aident et puis, il y a ceux qui sont là pour travailler, faire les pré-visites, les visites, les rencontres, les sauvetages, aller chez le vétérinaire…"
Alexandra Bieuvelet a découvert Béline, Pets and Hope un peu par hasard il y a un an. Une de ses amies cherchait un chat et elle s'est rendue sur place avec elle. "J'ai rencontré Béline et je me suis dit que j'allais l'aider." Bénévole pour l'association, Alexandra est heureuse de pouvoir mettre en pratique sa formation de comportementaliste canin. "On n'avait pas de chien à la maison quand j'étais petite parce qu'on était beaucoup en vadrouille. Mais mon livre de chevet à l'époque, c'était un livre sur les races de chiens. Aujourd'hui, j'ai deux chiens et deux chats." Deux d'entre eux ont d'ailleurs été adoptés via Béline, Pets and Hope.
Ça a redonné un peu plus de sens à ma vie
Employée de bureau dans une entreprise, Alexandra est en burn-out depuis un an. C'est au même moment qu'elle commence à s'impliquer dans l'association. "J'avais du temps et ça a redonné un peu plus de sens à ma vie, un peu de punch, quelque chose que j'aime vraiment. Employée de bureau, ça ne passe pas." Au moment où nous l'appelons, Alexandra est d'ailleurs dans son nouveau "bureau", en promenade avec des chiens au Parc de Tervuren, pour une rencontre entre un protégé de l'association et sa future famille. Un moment "hyper gratifiant" pour la bénévole. "Ce sont à chaque fois des émotions différentes. La dernière adoption qui m'a touchée, c'était une grand-mère qui voulait un chien mais avait du mal à se déplacer. Finalement, sa fille et sa petite-fille ont décidé de lui faire adopter un chat et elle était super émue. Elle n'était plus toute seule dans sa vie."
Elle-même famille d'accueil, Alexandra est émue lorsque le chien ou chat qu'elle gardait est adopté. Elle a alors le sentiment d'avoir accompli sa mission. "En général, les gens qui adoptent auprès de nous ont la mentalité de tout faire pour le chien, de le sauver. C'est plus réfléchi que d'aller dans un magasin. Il y a des personnes qui me demandent si je ne veux pas le garder. Mais non, sinon je ne pourrai pas en prendre un autre et ce n'est pas le but."
Une trentaine de bénévoles leur vient également en aide. Selon le Dr Bruno Veldeman, c'est "cet esprit d'équipe qui fait toute la différence".
"L'ASBL mûrit de jour en jour, se réjouit le vétérinaire. Avec sa propre identité et ses propres choix. Une sorte de pied de nez aux personnes qui abandonnent un animal. Embellissant celui-ci et lui offrant l'opportunité d'une vie meilleure. Bien sûr tout n'est pas rose. Quand on travaille avec des êtres vivants, on ne peut pas toujours aller à l'encontre de la nature. La phrase "Struggle for life (la lutte pour la vie)" prend tout son sens ici. On ne saura pas sauver tous les animaux. Les chats peuvent être porteurs de virus hautement pathogènes qui sont capables de disséminer l'ensemble des chats en contact en quelques jours. C'est précisément là que se situe l'importance du vétérinaire : guider Béline et l'aider à prendre des décisions qui vont parfois à l'encontre de son cœur. Heureusement, l'ASBL a un sacré carnet d'adresses et connaît la moitié des vétérinaires francophones. Il n'est pas rare que Béline passe la journée avec moi et mes collègues au Centre vétérinaire VETLIFE. Mon collègue, le Dr Julien Binard et moi-même étant professeurs, nous tenons à garder un pied dans l'encadrement des jeunes en termes de soins animaliers. Nous connaissons le fossé qui existe entre l'image que véhiculent ces métiers au contact des animaux et la réalité sur le terrain."
Familles d'accueil recherchées
L'association manque cruellement de familles d'accueil. Le vétérinaire conseille à tous ceux qui souhaitent s'engager dans la cause animale de "commencer en tant que famille d'accueil". "Vous aurez rarement de sentiments aussi forts qu'en participant à la rencontre entre un animal abandonné et son "sauveur". N'hésitez donc pas à contacter Béline, chacun peut aider à sa manière."
À l'avenir, Béline aimerait avoir un refuge. "Je suis un peu bloquée parce que j'espère vraiment trouver un endroit, pour commencer par faire une chatterie, par exemple. Les chats, c'est vraiment un problème parce qu'on en a tellement…" Dans le futur, la responsable de l'association a aussi de plus gros projets en tête. "J'espère avoir un jour une ferme où je pourrai accueillir des chevaux ou, en tout cas, de plus grosses bêtes de ferme. Et pourquoi pas sensibiliser les enfants à l'école, sur la façon dont on prend en charge un animal."
Pas de subsides mais des dons
Si elle n'a pas encore de local pour l'instant, c'est notamment à cause des restrictions, car "c'est très difficile de trouver un endroit qui permette d'accueillir des animaux", mais aussi du budget. "S'il faut commencer à payer un loyer etc, je pense que je ne peux plus prendre autant d'animaux. Parfois, j'ai des animaux blessés qui me coûtent 1.000 ou 2.000 euros, donc je ne peux pas me permettre de payer un loyer."
L'association ne reçoit pas de subsides. Ce sont surtout les frais d'adoption et les dons qui lui permettent de continuer le projet. "Souvent, quand on manque de quelque chose, comme des croquettes, on en fait la demande, explique Béline. On reçoit aussi des dons de personnes de notre commune, qui nous aident beaucoup." Il est également possible de parrainer un animal, sous forme de don financier.
Je ne me considère pas comme un héros
"Pour moi, le but est vraiment de sauver une vie." Et c'est bien plus de vies qu'elle a pu sauver puisqu'au total, Béline a déjà permis l'adoption de 300 animaux. Cet été, un de ses bénévoles l'a nominée aux Be Heroes, une initiative citoyenne qui veut mettre en valeur des héros du quotidien et les remercier à l'occasion de la Fête Nationale. Touchée et impressionnée, Béline ne se rend pas compte du travail qu'elle accomplit au quotidien. "Pour moi, c'est un travail normal et de la passion, surtout. Je ne me considère pas comme un héros."
Alexandra était présente aux débuts de l'association et a aidé Béline, notamment d'un point de vue administratif. Pour elle, la jeune femme est "super inspirante" et "elle sait ce qu'elle fait". Motivée par les bénévoles et les adoptants qui l'entourent, Béline Renault se voit continuer encore longtemps à œuvrer pour le bien-être animal. Aujourd'hui, ce qui compte pour la jeune femme est de trouver un local, des subsides et des familles d'accueil pour pouvoir sauver encore plus d'animaux.
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