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Charlotte Rampling est "Hannah", une femme modeste dont on suit pas à pas les tourments intérieurs dans un film énigmatique signé du réalisateur italien Andrea Pallaoro, en salles mercredi.
Dès l'écriture du scénario, le cinéaste a pensé à Charlotte Rampling pour incarner cette femme dont le spectateur ne sait rien, et qui se laisse peu à peu deviner. La comédienne a décroché le prix de la meilleure actrice au festival de Venise en 2017 pour son interprétation sensible d'"Hannah".
"En dissimulant plutôt qu'en montrant", le film entend "exalter l'imagination du spectateur", précise le réalisateur, qui débute avec ce film un triptyque autour de personnages féminins.
C'est donc un portrait pudique, tout en nuances, que porte entièrement sur ses épaules l'actrice de 71 ans. On la voit chez elle, dans un intérieur modeste et vieillot, à son cours de théâtre, à la piscine, dans la maison très chic où elle fait le ménage, au parloir où elle rend visite à son mari.
Très silencieux, voire mutique, le film n'explique rien, se contente de laisser ici et là un petit cailloux pour que le spectateur reconstruise l'histoire lui-même.
On devine donc qu'Hannah subit l'opprobre de tous à la suite de l'incarcération de son mari. On devine des actes graves, touchant des enfants, un déni total chez le vieil homme (André Wilms).
Filmé en longs plans très méditatifs, le film risque de laisser sur le bord de la route certains spectateurs, peu sensibles à la banalité d'un quotidien englué dans la souffrance.
Le réalisateur a choisi de filmer en 35 mm plutôt qu'en vidéo, et l'image caresse souvent en gros plan le visage de Charlotte Rampling. Un beau visage vieillissant, souvent opaque mais parfois comme éclairé de l'intérieur, notamment dans les rapports lumineux qu'elle entretient avec un enfant étrange, dans la maison où elle fait des ménages.