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La tranquillité d'un quartier populaire de Port Talbot au Pays de Galles est perturbée depuis plusieurs jours par l'apparition d'une nouvelle oeuvre du mystérieux street-artiste britannique Banksy, qui attire les curieux et a contraint la petite ville industrielle à prendre des mesures de sécurité.
L'oeuvre, présentée sur le compte Instagram de Banksy, simplement accompagnée du message "Meilleurs voeux" (Season's greetings"), est apparue mardi sur les murs formant l'angle d'un garage situé dans une petite rue résidentielle, proche de l'imposante aciérie fumante du géant sidérurgique indien Tata Steel.
Sur un pan de mur, elle représente un enfant, bras ouverts, tirant la langue pour attraper des flocons de neige. Mais ceux-ci sont en fait de la cendre rejetée par une poubelle en feu dessinée sur le mur perpendiculaire.
Beaucoup voient dans ce graffiti, le premier de Banksy au Pays de Galles, une dénonciation de la pollution de l'air.
"Déclaration sociale forte"
Depuis son apparition, l'oeuvre attire de nombreux fans et curieux. Ils étaient une vingtaine samedi matin, certains prenant la pose pour une photo.
"C'est charmant parce que cela véhicule un certain nombre de messages", explique Kirstin Tucker, une habitante de la ville de quelque 35.000 âmes, à l'AFP. "Quand on voit les flammes et la pollution sur l'autre côté du dessin, cela fait ressortir toutes sortes de pensées sur ce qu'était Port Talbot, sur le côté industriel des choses".
"Il est venu ici et a fait quelque chose pour la communauté locale, (c'est) une déclaration sociale forte", estime Jason Nicholas Smart, un autre habitant, admirateur de l'artiste.
L'engouement est tel que les autorités locales ont décidé de protéger le graffiti en érigeant des barrières autour des deux murs du garage. Elle ont également engagé deux agents de circulation pour gérer le grand nombre de voitures se garant sur le bas-côté de la rue.
"C'est une mesure temporaire pour les vacances de Noël (...) parce que nous pensons que cette zone de Port Talbot va attirer un grand nombre de visiteurs, en raison de la publicité mondiale" reçue, a déclaré un porte-parole.
"Stressant"
Le propriétaire du garage, Ian Lewis, 55 ans, ne dort pas bien depuis que l'oeuvre est apparue sur ses murs. "C'était amusant au départ mais maintenant c'est devenu stressant", a-t-il raconté, cité par l'agence de presse britannique Press Association.
"Je n'ai jamais vécu quelque chose de semblable (...). Mon téléphone n'arrête pas de sonner, il y a un millier de messages sur ma ligne fixe. Je suis allé dix minutes à la pharmacie et tout le monde m'a parlé", a-t-il ajouté.
Ce travailleur de Tata Steel a affirmé payer une entreprise de sécurité de sa poche pour protéger le dessin des vandales, et avoir accepté l'offre d'un fan de le recouvrir de plexiglas en attendant de décider de son sort.
L'identité de l'artiste, un secret bien gardé
L'identité de Banksy est un mystère bien gardé depuis ses débuts dans les années 1990. De lui, on connaît sa nationalité (britannique), sa ville d'origine (Bristol), sa page Instagram aux 5 millions d'abonnés et son site internet où il met en ligne ses oeuvres.
Banksy a fait de son art de rue un moyen de protestation et se joue de sa récupération à des fins commerciales, comme en octobre quand il avait prémédité la retentissante autodestruction de sa célèbre toile "Girl with balloon", adjugée pour plus d'un million d'euros aux enchères à Londres.
Cette reproduction en peinture acrylique et aérosol de l'une des plus célèbres oeuvres de Banksy, montrait une petite fille laissant s'envoler un ballon rouge en forme de coeur. Juste après avoir été adjugée pour 1,042 million de livres, la toile était passée partiellement à travers la partie inférieure de son cadre, découpée en fines lamelles verticales.