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Vous avez certainement déjà perdu l'une de vos relations Facebook. Se pose alors la question : que va devenir son compte, qui pendant quelques semaines/mois/années, va rester actif, comme si elle vivait encore. Un sujet très sensible illustré par le témoignage de Marie, habitante du Brabant wallon.
Année après année, notre vie digitale, c'est-à-dire notre présence sur internet (principalement les réseaux sociaux) et les traces qu'on y laisse, prend de l'ampleur.
Un compte Facebook, pour ceux qui l'utilisent activement, représente désormais bien d'avantage qu'un site web avec quelques informations personnelles. C'est devenu un album photo/vidéo, complété d'une biographie et d'un journal intime. Certains s'en servent même pour jouer, pour acheter et vendre, etc...
C'est pour cela qu'il convient de le protéger le mieux possible: en réglant correctement les paramètres de confidentialité, en n'acceptant que les personnes qu'on connait, en réfléchissant avant de publier quoi que ce soit, et surtout en changeant régulièrement de mot de passe.
C'est pour cela aussi que lorsqu'une personne décède, se pose cette question délicate: que va-t-on faire de son compte Facebook ? Marie est actuellement confrontée à ce problème. Elle voudrait supprimer le profil Facebook d'une proche décédée, mais se heurte à un problème administratif avec le réseau social américain: "On discute sur les preuves de nos liens de parenté avec cette personne, or on a fourni le certificat de décès", s'est-elle exclamée après avoir contacté la rédaction de RTL info via le
La grand-mère de son compagnon
Tout a commencé au mois d'octobre dernier. Le compagnon de Marie a perdu sa grand-mère d'une septantaine d'années. "Ce n'était pas sa grand-mère de sang, mais son grand-père s'est remarié assez jeune". La défunte était donc considérée comme grand-mère depuis de longues années, même si "elle n'a plus de famille, au niveau des liens du sang".
Avec la famille restante (soit Marie, son compagnon et les parents de son compagnon), ce qui représente au final "assez peu de personnes, on était quatre", il est convenu que le compte Facebook de la grand-mère par alliance doit être supprimé.
"Comme je me débrouille bien en informatique et sur Facebook, j'ai proposé de m'en charger", nous explique Marie, soulageant ainsi les proches d'une tâche ingrate ("ils ont bien d'autres choses à faire").
Le formulaire prévu par Facebook
D'abord trouver le bon formulaire en ligne...
Notre témoin a ensuite entamer les démarches pour contacter Facebook et lui demander de supprimer le compte de la défunte. Premier couac. "Si vous cherchez via Facebook, ça va vous prendre un temps de dingue", précise Marie. Le réseau social propose d'innombrables options quand on regarde dans les paramètres, mais pas celle que cherchait Marie.
"Finalement via Google j'ai fait la recherche 'supprimer compte facebook personne décédée', et je suis tombée sur la bonne page". En réalité, il suffit de passer par la page d'aide de Facebook, sur
On tombe alors sur
Supprimer ou transformer en 'compte de commémoration' ?
"Après avoir rempli le nom du défunt, copié le lien vers son compte Facebook, renseigner son propre nom, Facebook nous demande une preuve de décès, comme, par exemple, l’acte de décès de la personne. Jusque-là pas de problème, c’est même plutôt logique sinon n’importe qui peut faire supprimer n’importe quel compte Facebook", reconnait Marie.
Notre témoin, qui avait utilisé le nom de son compagnon (identique à celui de sa grand-mère par alliance) pour plus de facilité, joint donc une copie scannée du certificat de décès. "On peut également choisir si l'on souhaite que le compte soit supprimé ou transformé en 'hommage'. Nous, on voulait le supprimer complètement, j'ai coché la case et je l'ai reprécisé dans la zone de commentaires".
Pour info, si le profil du défunt n'est pas supprimé, il devient un 'compte de commémoration', selon les termes de Facebook. L'expression 'En souvenir de' est apposée avant le nom, et certaines options changent. Par exemple, il n'est plus repris dans les suggestions d'amis, mais tout ce qu'il a partagé demeure, et les amis peuvent écrire des messages et poster des souvenirs, en fonction des paramètres de confidentialité.
Un bref échange avec Justin de Facebook
Facebook n'a pas assez confiance
Mais visiblement, la demande de Marie n'a pas été totalement prise en considération. Elle a reçu une réponse, "pas une automatique, c'est une personne qui a répondu, et qui nous a présenté ses condoléances de manière forcément très générique".
L'interlocuteur, un certain Justin, lui précise ensuite qu'il "faut encore fournir de la documentation confirmant (que le compagnon de Marie est) un membre immédiat de la famille, ou un exécuteur testamentaire du titulaire du compte", a-t-on pu lire dans un email.
Facebook lui demande de joindre "un certificat de naissance de la personne décédée", ou "une preuve par les autorités que (le compagnon de Marie est) le représentant légal du défunt". Des informations et/ou des documents que Marie n'a pas vraiment sous la main... Et qui ne sont pas précisées à la base
"Pourquoi le certificat de décès ne suffit pas ?"
En attendant, le réseau social, contrairement à ce qu'avait stipulé Marie, a transformé le compte de la grand-mère par alliance de son compagnon en 'compte de commémoration'. Bref, "ils n'ont pas du tout tenu compte de ma demande et des commentaires", regrette-t-elle.
"Même en leur expliquant que cette personne n’a plus de famille, dans le sens 'liens de sang', et que l’on ne va pas commencer à courir à gauche à droite pour obtenir un document notarial juste pour faire fermer un compte, Facebook ne veut rien entendre".
Pour aller plus loin, il faudrait sans doute que le père de son compagnon, "qui n'a pas de compte Facebook et n'a vraiment pas la tête à s'occuper de ça", intervienne lui-même et fournisse les preuves. Et encore, n'étant "que" le beau-fils, cela suffira-t-il à convaincre le réseau social ?
Au final, Marie se dit "choquée" par le refus de Facebook: "On discute des preuves des liens familiaux, alors qu'on a fourni un certificat de décès... Pourquoi ne suffit-il pas ? On ne va tout de même pas inventer ou voler ce genre de chose".
Elle "comprend cependant" que le plus grand réseau social au monde, qui atteindra bientôt les deux milliards d'utilisateurs, "demande de fournir des preuves", sinon "il y aurait des abus".
Le plus simple est de dire maintenant à Facebook ce qu'il doit faire...
Conclusion: et si vous prévoyiez des obsèques digitales ?
Gérer les comptes des personnes défuntes est une partie très délicate de l'activité de Facebook. Même si le réseau social est sans aucun doute le site web qui se préoccupe le plus de cette problématique (il y a des formulaires, des règles, des pages d'aide en français), le sujet reste très sensible lorsqu'on entre dans les détails.
Il y a des aspects pratiques. Comment savoir si le certificat de décès belge est un document officiel, à moins de faire la demande au service de population de chaque pays ? Quel autre document, parfois régional, peut donner autorité complète à celui qui veut faire fermer un compte ? Ces appréciations doivent être localisée (elles sont propres à chaque pays, a priori) pour être précises. Un travail très (trop) fastidieux...
Il y a également des aspects plus éthiques. Facebook fait une distinction étonnante: dans l'histoire de Marie, il a transformé le compte de la défunte en 'hommage', reconnaissant dès lors la mort de son titulaire. Mais le réseau social n'accepte pas de le supprimer, comme le demande son entourage. Il faut visiblement, pour une suppression totale, être en lien familial direct ou 'exécuteur testamentaire'. Bref, Facebook veut à tout prix protéger ses usagers, parfois aveuglément, et même après leur mort...
Le plus simple est sans doute de prévoir tout ça avant sa mort, un peu comme des obsèques digitales. Cherchez la petite flèche en haut à droite de votre page Facebook, cliquez sur Paramètres > Sécurité > Contact légataire. Vous pouvez alors décider dès maintenant que votre compte sera supprimé en cas de décès. Plus d'infos