Partager:
Une vaste opération antiterroriste a été menée jeudi par la police dans plusieurs villes de Belgique, qui a fait deux morts parmi les suspects, des jihadistes dont certains revenaient de Syrie et qui planifiaient des attentats imminents.
Une vaste opération anti-terroriste s'est déroulée dans notre pays jeudi en fin de journée. Commencée à Verviers où elle a occasionné la mort de deux jihadistes récemment revenus de Syrie, elle s'est également déployée en plusieurs endroits de la région bruxelloise (Molenbeek, Anderlecht, Bruxelles-Ville) ainsi que dans sa périphérie flamande (Vilvorde et Zaventem). Alors que les opérations (une dizaine au total) n'étaient pas encore achevées, le parquet fédéral s’est exprimé à 20h20 lors d'une brève conférence de presse. "Les unités belges spécialisées en terrorisme ont mené en tout une dizaine de perquisitions dans les arrondissements de Verviers, Bruxelles et Halle-Vilvorde. Elles ont été interceptées dans le cadre d’une enquête portant sur une cellule opérationnelle composée de personnes dont certaines revenaient de Syrie et qui était sur le point de commettre des attentats d’envergure de manière imminente en Belgique."
L'OCAM, l'Organe de coordination pour l'analyse de la menace, a réévalué le niveau de vigilance dans le pays à la suite de ces actions. Il est passé de 2 à 3 sur une échelle de 4. Le Premier ministre Charles Michel, le ministre de l'Intérieur Jan Jambon et le ministre de la Justice Koen Geens sont réunis jeudi soir avec les services de sécurité, a-t-on appris par ailleurs.
Verviers: les jihadistes ont ouvert le feu avec des armes de guerre
C'est à Verviers, dans la province de Liège, que la principale opération de la police a eu lieu peu avant 18h (voir plus bas le détail de l'intervention à Verviers). Elle visait un groupe "sur le point de commettre des attentats d'envergure en Belgique, et ce de façon imminente", a expliqué au cours d'une conférence de presse à Bruxelles un des substituts du procureur du parquet fédéral, Thierry Werts. Les suspects "ont ouvert le feu au moyen d'armes de guerre et d'armes de poing", dont certaines de type Kalachnikov, a-t-il précisé. Même blessés et au sol, ils ont continué à tirer. "Deux suspects sont décédés, un troisième a été interpellé sur place. Aucun témoin ou policier n'a été blessé", a-t-il ajouté. "Aucun lien n'a été établi à ce stade avec les attentats de Paris", a précisé son collègue Eric Van Der Sijpt.
Au total, une dizaine de perquisitions ont eu lieu dans le pays, principalement à Bruxelles et dans les environs. Elles visaient "une cellule opérationnelle composée de personnes dont certaines revenaient de Syrie", selon le parquet. La menace visait les services de police, a précisé le parquet.
A Verviers, l'opération a été menée dans une ancienne boulangerie par la police antiterroriste. "Les policiers ont investi une ancienne boulangerie de la rue des Collines. Ils étaient lourdement armés. Ils ont lancé des grenades et il y a eu de nombreux tirs", a indiqué notre journaliste Julien Modave, en direct dans le RTLinfo 19h. L'opération concernait trois jeunes partis combattre en Syrie, et revenus il y a une semaine, qui avaient été mis sur écoute par la police. Selon les données officielles, 184 Belges sont partis combattre en Syrie, 50 y sont morts et 101 sont revenus en Belgique.
Riverains à Verviers: "On s'est mis à courir"
Plusieurs riverains ont contacté la rédaction de RTLinfo.be. "Des mitrailleuses ont tiré pendant 10 minutes", nous a assuré un riverain. "J'ai vu une voiture de police passer devant moi à toute allure, puis j'ai entendu une rafale de tirs", a relaté un autre témoin sur place. "J'ai vu une voiture de police passer devant moi tous feux ouverts et entendu trois grosses détonations puis des pétards", a déclaré un témoin. "Un homme habillé tout en bleu foncé avec cagoule nous a poussés dans le dos. On s'est mis à courir, on a entendu une grosse explosion et des coups de feu en rafales suivis par d'autres explosions", nous a encore raconté une femme. Les explosions étaient liées à l'intervention de la police, a-t-on expliqué de source judiciaire.
"La police nous a confinés à l’intérieur et a fait fermer la vitrine"
Vers 18h30, M. Henrard se trouvait lui dans le magasin Vranken, situé à quelques mètres de la fusillade. Depuis le magasin, "on voit des ambulances, les pompiers avec la grande échelle, beaucoup de policiers cagoulés", a-t-il confié à RTLinfo. "La police nous a confinés à l’intérieur et a fait fermer la vitrine", a-t-il ajouté.
L'opération menée par la police fédérale à Verviers jeudi soir a pris fin, a déclaré vers 22h Marcel Simonis, le chef de corps de la zone Vesdre. Les descentes sur le terrain se poursuivent néanmoins, a-t-il ajouté. Le chef de corps a précisé que des mesures de sécurité seront maintenues, voire accrues, tandis que de nouvelles mesures seront prises. Plus tôt dans la soirée, les policiers étaient intervenus dans une habitation de la rue du Palais, probablement pour une perquisition.
Verviers est considéré, avec certaines banlieues de Bruxelles, comme un des foyers de radicalisation islamiste en Belgique. Selon les sources, entre six et 10 jeunes de la ville seraient partis se battre en Syrie ces derniers mois.
Perquisitions en région bruxelloise
L'opération a également consisté en plusieurs perquisitions dans des quartiers et des banlieues de Bruxelles. Françoise Scheepmans, la bourgmestre de Molenbeek-Saint-Jean, a indiqué que des perquisitions avaient lieu "dans un quartier de sa commune", qui fait partie de l'agglomération bruxelloise et compte une forte population d'origine immigrée. La police recherchait par ailleurs un homme armé qui aurait proféré des menaces et crié "Allah akbar" dans le métro bruxellois, à Molenbeek. Celui-ci aurait été arrêté selon La Capitale. Il s'agissait d'un homme ivre selon le journal.
A Anderlecht, la police fédérale a également mené ce jeudi soir une perquisition. Selon le bourgmestre Eric Tomas, elle a eu lieu dans un immeuble située rue Lieutenant Liedl, mais celle-ci n'a rien donné, a-t-il précisé.
Des menaces avaient été proférées ces dernières heures sur internet par des jihadistes belges.
Une opération belge
Selon une source judiciaire, l'opération menée jeudi était une opération belge, sans lien avec des opérations dans d'autres pays. Mais la justice cherche à déterminer s'il existe des liens entre Amedy Coulibaly, l'un des trois auteurs des attaques de Paris, et un trafiquant d'armes présumé domicilié en Belgique, a indiqué jeudi le parquet fédéral. "La question des armes est sous enquête", a déclaré M. Van der Sijpt au lendemain de l'inculpation pour "trafic d'armes" d'un habitant de Charleroi, Neetin Karasular. Selon le parquet fédéral, il est établi que cet homme, déjà connu de la justice pour divers trafics, avait racheté la voiture de Hayat Boumeddiene, la compagne de Coulibaly.