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Le président américain Barack Obama a appelé mercredi en Grèce à un "changement de cap" dans la mondialisation afin de réduire les inégalités, grand défi des démocraties modernes.
Les inégalités criantes, à la fois entre pays et au sein même des pays, nourrissent "un profond sentiment d'injustice", a souligné M. Obama au dernier jour de son voyage à Athènes, après une visite de la majestueuse Acropole, qui surplombe la ville.
Dans un discours truffé de mots grecs et de références à ce que la Grèce "a donné à l'humanité au cours des âges", le président américain n'a jamais nommé Donald Trump, qui lui succédera le 20 janvier à la Maison Blanche, mais a multiplié les références et les piques indirectes à ce dernier.
"Comme vous l'avez peut-être remarqué, difficile de faire plus différent que le prochain président américain et moi-même", a-t-il lancé dans un sourire.
Insistant sur la frustration que pouvait générer le fait de voir "des élites (...) vivre selon des règles différentes, ne pas payer d'impôts, accumuler les richesses", il a souligné combien, par l'intermédiaire du téléphone portable, ces contrastes s'étalaient désormais en pleine lumière.
L'augmentation des disparités sociales, associée à une meilleure prise de conscience de leur existence même, est "un mélange explosif", a-t-il mis en garde, exhortant à s'assurer que les bénéfices de la mondialisation "soient partagés plus largement et par plus de monde".
Réaffirmant sa foi dans une combinaison de démocratie, droits de l'homme et économie de marché, le président américain a reconnu que l'exercice démocratique, "comme toute affaire humaine" était imparfait, parfois "lent, frustrant, confus".
- 'Dernier grand leader américain' -
"La démocratie peut-être compliquée. Croyez-moi, je le sais !", a ajouté celui qui s'apprête à quitter la Maison Banche après deux mandats au cours desquels il s'est heurté à une véritable guérilla parlementaire de la part de ses adversaires républicains.
Mardi, à l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre Alexis Tsipras, il avait reconnu avoir été "surpris" par la victoire de Donald Trump. Et avait souligné que ce dernier avait réussi à capitaliser sur "la méfiance vis-à-vis de la mondialisation, la méfiance vis-à-vis des élites et des institutions".
Une impressionnante file d'attente s'était formée en milieu de journée devant l'immense centre culturel Stavros Niarchos, inauguré cette année et conçu par l'architecte italien Renzo Piano, où M. Obama a prononcé son discours.
"C'est fantastique d'être là", s'enthousiasmait Anaïs Karayanis, lycéenne de 17 ans. "Il a beaucoup de choses à nous apprendre, de conseils à donner. Pour Trump, je serais venue aussi mais par simple curiosité, car je ne le soutiens pas".
Betty Kazakopoulos, sexagénaire travaillant dans les relations publiques, est ravie d'avoir l'occasion d'écouter Barack Obama, "un homme que j'estime, peut être le dernier des grands leaders américains".
Le président américain s'est ensuite envolé pour Berlin où il devait arriver en fin d'après-midi, deuxième étape de son dernier voyage qui le mènera également au Pérou.
Il s'agira de sa sixième visite en Allemagne où il retrouvera Angela Merkel, son "partenaire le plus proche tout au long de sa présidence".
Il participera à un mini-sommet avec, outre la chancelière, les chefs de gouvernement britannique et italien, Theresa May et Matteo Renzi, ainsi que le président français François Hollande.
Au moment où l'Europe traverse une crise de confiance, et à l'approche d'une série d'échéances électorales - dont l'élection présidentielle française où la candidate d'extrême droite Marine Le Pen devrait jouer les premiers rôles - il entend une nouvelle fois louer l'importance du projet européen.
"Aujourd'hui, plus que jamais, le monde a besoin d'une Europe démocratique", a-t-il souligné dans son discours aux Athéniens.
"C'est ici, il y a 25 siècles, qu'une nouvelle idée a émergé: demokratia", a-t-il rappelé, sous des applaudissements nourris.