L'Etat islamique a revendiqué l'attaque via son agence de presse Amaq. La France entame samedi trois jours de deuil national après l'attentat de Nice qui a fait au moins 84 morts, dont 10 enfants, tués par un Tunisien. Les liens de ce dernier avec l'islamisme radical sont sujets à caution. Par ailleurs, quatre personnes ont été interpellées et placées en garde à vue. L'ex-femme du tueur était déjà entre les mains de la police.
Le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a revendiqué samedi l'attentat qui a fait 84 morts, dont dix enfants, le 14 juillet à Nice, mais les enquêteurs s'interrogent toujours sur les motivations du tueur, dont la radicalisation islamiste n'est pas avérée. Le tueur "est un soldat de l'Etat islamique" qui a agi "en réponse aux appels lancés pour prendre pour cible les ressortissants des pays de la coalition qui combat l'EI", affirme samedi l'agence Amaq liée au groupe jihadiste qui avait déjà revendiqué les attentats parisiens du 13 novembre, les plus meurtriers jamais commis en France avec 130 morts.
Quatre nouvelles interpellations
L'enquête doit déterminer les motivations de Lahouaiej-Bouhlel. Outre son ex-épouse, quatre hommes de son entourage ont été interpellés vendredi et samedi à Nice et placés en garde à vue. "Le tueur était en relation avec des personnes elles-mêmes en contact avec des islamistes radicaux", a-t-on affirmé à l'AFP de source proche de l'enquête, "mais à ce stade cela ne prouve rien et l'enquête devra établir s'il a bénéficié de complicités".
Pour le Premier ministre Manuel Valls, "c'est un terroriste sans doute lié à l'islamisme radical". Mais son ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a refusé pour l'heure de confirmer un tel lien.
Le camion utilisé dans l'attentat de Nice "a forcé le passage en montant sur le trottoir"
Le camion de 19 tonnes utilisé lors de l'attentat qui a fait 84 morts à Nice le 14 juillet "a forcé le passage en montant sur le trottoir", a indiqué samedi la préfecture des Alpes-Maritimes. L'interdiction d'accès à la Promenade des Anglais, au point d'entrée du camion, était "matérialisée par le positionnement de véhicules (de police) bloquant l'accès à la chaussée. Le camion a forcé le passage en montant sur le trottoir", a affirmé la préfecture dans un communiqué, ajoutant que la sécurité des "points les plus sensibles" était confiée à des équipages de la police nationale, renforcés d'équipages de la police municipale.
"Ce dispositif était complété jeudi soir par l'engagement de 20 militaires, soit 5 patrouilles, dans le cadre de la mission Sentinelle", poursuit la préfecture notant que "Nice est l'une des villes de France les mieux couvertes par le dispositif Sentinelle".
45 secondes entre le moment où il pénètre dans la zone et le moment où il est abattu
Auparavant Anthony Borré, directeur de cabinet du président de la région Paca Christian Estrosi avait donné, devant la presse, des détails sur l'attaque, filmés par les caméras de vidéosurveillance. Le terroriste est arrivé en vélo pour récupérer le camion. Une fois au volant, il a ensuite "pulvérisé facilement le barrage" pour pénétrer dans la zone réservée aux piétons. Pour arrêter ce camion de 19 tonnes "lancé à 90 km/heure, il aurait fallu un mur de béton. Or il fallait laisser passer les secours", a-t-il dit. Par ailleurs, selon M. Borré, "il s'est passé 45 secondes entre le moment où il (le terroriste présumé, ndlr) a pénétré dans la zone interdite et le moment où il a été abattu".
"Il semble" que le tueur "se soit radicalisé très rapidement"
"Il semble" que l'auteur de l'attentat de Nice se soit "radicalisé très rapidement", a déclaré samedi le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, évoquant "un attentat d'un type nouveau" qui "montre l'extrême difficulté de la lutte antiterroriste". A la sortie d'une réunion à l'Elysée, il a souligné le fait que le Tunisien Mohamed Lahouaiej-Bouhlel "n'était pas connu des services de renseignement" et estimé que, désormais, "des individus sensibles au message de Daesh s'engagent dans des actions extrêmement violentes sans nécessairement avoir participé aux combats, sans nécessairement avoir été entraînés".
Inconnu des services de renseignement
Le chauffeur-livreur en instance de divorce était "totalement inconnu des services de renseignement" et n'était pas signalé pour une quelconque radicalisation, a assuré François Molins. Il était en revanche connu de la justice pour des "faits de menaces, violences, vols et dégradations commis entre 2010 et 2016".
Lahouaiej-Bouhlel, père de famille de 31 ans, avait fait une dépression au début des années 2000 et n'avait pas de lien avec la religion, a affirmé à l'AFP son père en Tunisie. "Il devenait colérique, il criait, il cassait tout ce qu'il trouvait devant lui". L'homme est également décrit par ses voisins à Nice comme n'ayant aucune pratique religieuse affichée, taciturne, violent notamment envers son ex-femme.
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