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La Commission européenne voudrait renouveler l'autorisation d'utiliser du glyphosate, une substance active dans les pesticides, notamment dans le célèbre Roundup vendu par Monsanto. Mais le glyphosate a été déclaré cancérigène par l'OMS et de nombreuses voix se lèvent pour faire plier la Commission.
Le glyphosate est le produit de base le plus utilisé dans les désherbants, notamment dans le célèbre Roundup, commercialisé par Monsanto. La Commission européenne veut renouveler son autorisation pour 15 ans, mais la contestation a enflé dans les organisations sanitaires et environnementales, qui s'inquiètent du caractère cancérigène du glyphosate et des perturbateurs endocriniens qu'il contient. En mars dernier, la proposition de réautorisation pour 15 ans du glyphosate n’avait pas été votée, faute de majorité au sein du comité d'experts, mais le vote avait été reporté au mois de mai.
Classifié comme cancérigène probable
Le glyphosate est classifié comme cancérigène probable par l'Agence internationale de recherche sur le cancer de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Il est utilisé par les professionnels et les particuliers sans toujours recourir aux protections ad hoc et parfois en surdose, alors qu'il représente un réel risque pour la santé humaine et pour l'environnement, a souligné vendredi le cabinet de la ministre. L'Agence internationale de recherche sur le cancer de l'Organisation mondiale de la santé (Iarc) a classé le 20 mars 2015, cinq pesticides comme cancérogènes "probables" ou "possibles" pour l'homme: le malathion, le diazinon, le tetrachlorvinphos, le parathion et le glyphosate. La Belgique avait déjà pris les mesures d'interdiction de commercialisation pour les quatre premiers.
Aucune restriction?
Le journal Le Monde a obtenu une copie du projet qui doit être voté les 18 et 19 mai à Bruxelles par la Comission européenne. Alors que le Parlement européen avait voté en séance plénière une résolution demandant à la Commission de ne renouveler l'autorisation du glyphosate que pour 7 ans au lieu des 15 prévus, avec de nombreuses restrictions, comme l’interdiction d’utilisation par les particuliers et les collectivités, restriction de certains usages agricoles, le projet consulté par le journal français n’intègre aucune de ces restrictions. "Il précise que certains coformulants – des substances qui renforcent l’efficacité du glyphosate – dits " POE-tallowamines " seront interdits, et qu’une liste de ces adjuvants dangereux devra être établie par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) en coopération avec les États membres et la Commission", peut-on lire.
"Le projet est une vaste plaisanterie sur tous les plans"
Certains députés européens s’opposent encore à la réautoristaion de glyphosate. Des eurodéputés belges, comme Frédéric Ries, Marc Tarabella, Claude Rolin et Tom Vandenkendelaere se sont abstenus lors du précédent vote. En France, l’eurodéputée Michèle Rivasi n’est pas tendre : "Le projet est une vaste plaisanterie sur tous les plans. Ce projet persiste et signe, à ne pas seulement autoriser le glyphosate comme herbicide, mais aussi à traiter les plantes avant la récolte pour accélérer le processus de maturation", a-t-elle déclaré au Monde. En effet, ce processus de maturation est celui qui expose le plus la population aux dangers du glyphosate. "La Commission et les États membres sont prêts à réapprouver cette substance sans savoir si elle est un perturbateur endocrinien et en faisant confiance aux industriels pour leur apporter des éléments objectifs, mais seulement après la décision de renouvellement !", s'est encore énervée Mme Rivasi.
Le gouvernement bruxellois a validé l'interdiction de l'utilisation de pesticides contenant du glyphosate à Bruxelles
Il faudra donc attendre les 18 et 19 mai prochain pour savoir si le glyphosate sera à nouveau autorisé et sous quelles conditions. En attendant, le 15 avril dernier, le cabinet de la ministre bruxelloise de l'Environnement Céline Fremault a annoncé que le gouvernement bruxellois a validé l'interdiction de l'utilisation de pesticides contenant du glyphosate à Bruxelles. L'avant-projet d'arrêté adopté étend l'interdiction au glyphosate. Il prévoit que le ministre bruxellois de l'Environnement puisse accorder une dérogation à l'interdiction notamment pour des raisons de santé publique, de conservation de la nature ou de conservation du patrimoine végétal, mais uniquement en dernier recours, lorsqu'il n'existe aucune alternative possible.
Le gouvernement bruxellois a par ailleurs validé d'autres arrêtés relatifs à l'organisation de l'examen de base, de formation initiale et de la formation continue dans le cadre de la phytolicence (certificat pour l'utilisation professionnelle, la distribution ou le conseil de produit); au plan d'application de pesticides dans les espaces publics qui énumère les mesures nécessaires pour mettre en pratique une réduction progressive de leur utilisation jusqu'au 31 décembre 2018 au plus tard; et à l'affichage et au balisage dans le cadre de l'utilisation de pesticides.