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L'imam Abdelbaki Es Satty, suspecté d'être à l'origine de la radicalisation de plusieurs membres de la cellule djihadiste responsable des attentats de Barcelone et Cambrils, s'est rendu à plusieurs reprises en Belgique depuis 2015. Selon nos informations, récoltées par Benjamin Samyn, Dominique Demoulin et Denis Caudron, des titres de transport vers la Belgique auraient été trouvés dans son appartement.
Âgé de 42 ans, Abdelbaki Es Satty a été l'imam d'une mosquée de Ripoll depuis 2015 jusqu'à il y a encore deux mois. "Durant cette période, il a voyagé à plusieurs reprises vers la Belgique", a révélé un journal espagnol. D'après des informations RTLinfo, des titres de transports vers notre pays auraient été trouvés par les enquêteurs dans son appartement.
D'après un journal espagnol, l'hypothèse principale suivie par la police catalane est que l'homme se trouve derrière la radicalisation très rapide d'un groupe de jeunes originaires de Ripoll, une petite localité paisible de 10.000 habitants en Catalogne. Groupe qui a mis en oeuvre les attentats de Barcelone et Cambrils.
L'information sur les voyages à répétition de l'imam en Belgique n'a pas pu être confirmée dans l'immédiat par le parquet fédéral belge. Mais ce dimanche après-midi, le bourgmestre de Vilvorde a affirmé sur la chaîne flamande VRT qu'Abdelbaki Es Satty était vraisemblablement présent à Vilvorde de "janvier à mars l'an dernier". L'information selon laquelle il aurait séjourné à Diegem n'a pas pu être confirmée ou infirmée par le bourgmestre de cette commune.
Le secrétaire d'Etat à l'Asile et à la Migration Theo Francken a précisé dimanche sur Twitter que l'imam, connu sous le nom d'Adbelbaki Es Satty, n'était pas connu de l'Office des étrangers. "Il n'a donc jamais demandé ou reçu un permis de séjour en Belgique. Il est peut-être venu en Belgique, mais l'Office des étrangers ne dispose de rien à ce sujet".
Selon nos informations, il ferait partie des personnes qui ont péri à Alcanar lors de l'explosion accidentelle qui a soufflé la planque des terroristes.
Au moins 120 bonbonnes de gaz retrouvées: le groupe préparait "un ou plusieurs attentats"
La cellule responsable des attentats en Espagne préparait "un ou plusieurs attentats" à la bombe à Barcelone avec 120 bonbonnes de butane retrouvées dans une maison à 200 kilomètres de la capitale catalane, ont annoncé les autorités.
Dans cette maison à Alcanar, endommagée par une explosion accidentelle mercredi, "se préparaient les explosifs pour commettre un ou plusieurs attentats dans la ville de Barcelone", a déclaré le chef de la police catalane, le major Josep Lluis Trapero.
Il a précisé que des traces de TATP, "type d'explosif utilisé par Daesh", un des noms de l'organisation jihadiste Etat islamique qui a revendiqué les attentats, y avaient été retrouvés.
Lien avec les attentats du 11 mars 2004 à Madrid
El Periodico rapporte par ailleurs que le nom de l'imam est également apparu lors d'une perquisition en lien avec les attentats du 11 mars 2004 perpétrés à Madrid. Lors de cette opération de police dénommée 'Chacal' (Jakhals, en espagnol), des photocopies de documents appartenant à Abdelbaki Es Satty ont été retrouvés dans l'habitation d'un des principaux suspects, Mohamed Mrabet Fhasi.
Cet homme a été condamné par le haut tribunal espagnol Audiencia Nacional pour le recrutement de terroristes. Ce jugement a cependant été annulé en appel. L'Audience nationale espagnole a établi que Mohamed Mrabet Fhasi faisait partie d'une cellule opérant depuis la ville catalane de Santa Coloma de Gramenet, laquelle a aidé le terroriste présumé Mohamed Belhadj à se cacher après les attentats du 11 mars, écrit encore El Periodico.
Mohamed Belhadj s'est ensuite enfui via la Belgique et les Pays-Bas pour finalement être arrêté en Syrie. Son frère Youssef a, à l'époque, été arrêté à Molenbeek.
Selon des sources policières, l'imam de Ripoll pourrait avoir été tué dans l'explosion d'Alcanar, survenue la veille de l'attaque à la camionnette-bélier sur les Ramblas. La police pense que les attentats en Catalogne ont été planifiés depuis cette habitation
Toujours d'après les médias, Abdelbaki Es Satty avait déjà fait de la prison pour des délits mineurs.
La cellule "hors d'état de nuire"
Parmi les douze suspects, un seul est toujours en fuite et la police ignore qui il est et s'il se trouve toujours en Espagne. "Si je savais qu'il est en Espagne et où, nous irions le chercher. Nous ne savons pas où il est", a admis le major Trapero.
Plus tôt dans la journée, les contrôles routiers avaient été intensifiés notamment dans la province de Gérone, frontalière avec la France, selon une porte-parole de la police.
Malgré ce suspect en fuite, le chargé de l'Intérieur du gouvernement régional catalan a affirmé que la cellule était "neutralisée". "La capacité d'action de cette cellule a été neutralisée grâce au travail de la police", a déclaré le responsable de l'Intérieur du gouvernement régional de Catalogne, Joaquim Forn.