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La Chambre ne s’est pas prononcée ce jeudi en séance plénière sur la proposition de loi sur le secret professionnel des travailleurs sociaux dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. L'opposition a déposé une série d'amendements et a pu réunir suffisamment de députés pour obtenir leur examen par le Conseil d'Etat, à la grande colère de la N-VA, auteur du texte. Plus de 500 personnes s'étaient rassemblées vers 13h devant le Palais de justice de Bruxelles pour protester contre cette proposition.
Cette mobilisation a été initiée par le mouvement "École en colère" et le réseau wallon de Lutte contre la Pauvreté avec le soutien de nombreuses associations, de syndicats, de plusieurs écoles sociales, du Comité de Vigilance en Travail social ainsi que de la Ligue des Droits de l'Homme (LDH) à l'origine d'un "front peu commun" visant à faire réfléchir les parlementaires sur ce texte. Des présidents de CPAS, des représentants universitaires, des travailleurs sociaux du secteur de l'aide à la jeunesse ainsi que des membres de la justice et du secteur médical étaient présents.
"Un cadre légal existe déjà pour lever le secret dans différents cas de figure, par exemple quand des personnes sont en danger", remarque Vanessa De Greef, vice-présidente de la LDH. "La proposition vise à le lever automatiquement et même à demander aux travailleurs sociaux de dénoncer activement tout indice sérieux qui serait lié à des suspicions terroristes. Il faut être formé pour cela et leur rôle en serait fondamentalement modifié. On porte ici atteinte à la relation de confiance avec les allocataires sociaux. Les trois fédérations de CPAS ont signé un courrier en octobre pour attirer l'attention des parlementaires sur le fait que la proposition de loi concernait des infractions à signaler aux Parquets, autres que celles relevant du terrorisme".
Aux CPAS de Seraing et Verviers, où Vincent Jamoulle et David Muller se sont rendus pour le RTLinfo 19H, on est sur la même longueur d'onde.
La LDH souligne par ailleurs l'atteinte au respect de la vie privée, mais aussi aux droits à la sécurité et l'aide sociales. Vanessa De Greef estime également que les propositions législatives en matière de lutte contre le terrorisme "se trompent de cible. Les moyens utilisés ne sont pas appropriés, sont disproportionnés et ne semblent pas efficaces. Surveiller tous les allocataires sociaux ne fera pas avancer la lutte contre le terrorisme. Il serait plus intéressant de suivre les personnes reportées à surveiller, et pour lesquelles on n'arrive pas à déployer des moyens suffisants."