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Bernard Lobet, journaliste pour Bel RTL, a recueilli des témoignages de mamans dont les enfants sont partis en Syrie. Ce matin dans les journaux de 7h et 8h, ces mamans témoignaient du moment où leur vie a basculé et des quelques rares contacts qu'elles ont désormais avec leurs enfants.
Le 20 mai 2013 la vie de Samira bascule. Sa fille Nora part en Syrie. Dans une lettre d'adieu laissée à sa maman, Nora écrit ceci: "Je t'aime à la folie maman, mais j'aime Allah avant tout". Samira réagit: "On aime tous Allah au dessus de tout, mais Allah a dit, les parents d'abord."
Quatre jours plus tard la maman a rendez-vous dans un cyber café et là le choc, sur l'écran un couple qu'elle ne reconnaît pas. "Il y avait un type avec lequel elle était mariée et elle portait la burqua. Je lui ai dit: "S'il te plaît, montre moi ton visage que je puisse être sûre que c'est toi. Elle a ensuite levée son voile et je l'ai reconnue. Elle était bien en Syrie".
"J'étais en pleurs"
Aussitôt la connection est coupée. Deux semaines plus tard, nouveau coup de fil. "Elle m'a dit: "Maman, je dois te dire quelque chose". Je lui ai dit: "Mais qu'est ce qu'il y a?". J'étais en pleurs. Et là, elle m'a répondu que son mari nous avait quittés et qu'il était mort en martyr et qu'il ne fallait pas pleurer. Il fallait être fier."
Des mois plus tard, après avoir fait le deuil de son mari, Nora reprend contact avec sa maman. Elle lui explique, que là-bas, elle reste entre femmes, et a quelques nouvelles activités. "Elle m'a dit qu'elle aidait, qu'elle lisait le coran, aidait les enfants sans parents. Elle ne touchait pas aux armes," confie Samira, soulagée que sa progéniture ne sois pas une combattante.
Sa fille est dans "une prison"
Depuis 5 mois, Samira n'a plus de nouvelles. C'est toujours Nora qui prend contact. Samira regrette cette situation :"Ils ne nous disent rien. Quand on les a au téléphone, c'est pour nous dire le minimum". Samira a le sentiment que sa fille vit dans une prison. "Elle ne peut pas marcher dans la rue, seule. Elle ne peut rien faire seule". Cette maman en colère a un message pour les prédicateurs: "Si tu envoies les jeunes là-bas, montre l'exemple, vas-y toi".
Le fils de Malika parti pour des "raisons humanitaires"
Une autre maman, prénommée Malika témoignait également ce matin dans le journal de Bel RTL. Le fils de Malika est parti en Syrie en 2013. C'était pour des raisons humanitaires avant l'installation de Daesh. "Nos enfants n'ont pas été radicalisés mais volés, par cette secte qui a endoctriné nos enfants. Ces enfants, ils ne sont pas partis dans le but de tuer. Ils sont paretis dans le but d'aider les autres." Le dernier contact téléphonique avec son propre fils était il y a un mois et demi. "On ne parle pas de ce qu'il se passe là-bas. C'est pas une chose à aborder", déplore Malika.
Une de ses amies, une autre maman dont le fils est mort en Syrie parle du fils de Malika: "Même si son fils a changé et qu'il n'est plus radical, il n'a plus d'autre choix que de rester en Syrie. Ceux qui reviennent c'est ceux qui sont disposés à faire quelque chose. Mais ceux qui veulent venir mettre à l'abri leurs enfants et leur femme, ils n'ont pas la capacité de le faire", déplore cette amie.