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Notre sondage révèle de nouvelles fractures sociales et culturelles entre francophones et néerlandophones, les premiers soutenant l'opposition du ministre-président wallon au traité de libre-échange, dans sa forme actuelle, entre l'Europe et le Canada, à l'inverse des seconds.
Les Wallons soutiennent majoritairement le choix de Paul Magnette de refuser la signature du CETA, ce traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada. Mais pas les Flamands...
Un sondage exclusif réalisé iVOX pour RTL info, mené ce mardi auprès de 1.000 personnes (603 néerlandophones, 397 francophones), a permis d'évaluer l'avis des Belges sur l'actuel blocage du traité, la Wallonie étant la seule entité parlementaire d'Europe à ne pas avoir donné son accord.
Flamands contre Wallons...
La Belgique va-t-elle plonger dans une nouvelle crise existentielle ? L'opposition socio-économico-culturelle d'une Wallonie plus conservatrice et socialiste, et d'une Flandre plus libérale, refait à nouveau surface.
"D'un point de vue de politique intérieure, cela aura des conséquences énormes. Les Wallons ont brisé le principe de la loyauté fédérale, c'est du jamais vu", a confié ce mardi à l'AFP une source proche du fédéral.
Un différence d'opinion qui transpire dans les chiffres d'un sondage exclusif RTL info - iVOX.
En effet, on y a apprend, avec une marge d'erreur de 3,02%, que 72,6% des francophones ont répondu 'Oui' à la question "Soutenez-vous le ministre-président wallon Paul Magnette dans son combat pour une modification du CETA, le traité de libre-échange avec le Canada ?". 11,7% ont répondu 'Non' et 15,6% ont répondu 'Sans avis'.
A contrario, seulement 29,6% des néerlandophones interrogés disent qu'ils soutiennent l'opposition de Magnette au CETA. Mais il y a tout de même beaucoup d'indécis: 24,2% sont 'Sans avis', tandis que 46% ne soutiennent pas le président wallon.
Assez bien suivi
Le CETA, depuis quelques jours, intéresse de plus en plus de Belges, mis sous le feu des projecteurs malgré eux. Du coup, il y avait ce mardi 68% des Belges qui se disaient au courant des débats "dans les grandes lignes", et 21% qui "le suivent de près".
Autres résultats intéressants: 58,9% des Belges estiment que les débats autour du CETA auront un impact positif sur l'image de la Belgique, 24,7 % pensant le contraire. C'est l'inverse côté flamand: 64,7% pensent que l'affaire n'aura pas un impact positif...
Les derniers rebondissements
Ce mardi à 16h, une réunion intrabelge a eu lieu pour tenter de sortir de l'impasse, à l'initiative de Didier Reynders, en sa qualité de Ministre des Affaires étrangères. Paul Magnette en a profité pour rappeler à la presse présente sur place, à nouveau très nombreuse et 'européenne', que personne ne pouvait forcer son parlement à céder sur le CETA, dont la signature, prévue jeudi, est toujours bloquée par le manque d'unanimité en Belgique.
"On ne peut pas nous forcer à céder sous la pression", a-t-il déclaré, menaçant même de "cesser les négociations", à son arrivée à la réunion à Bruxelles, convoquée à l'initiative du ministre des Affaires étrangères Didier Reynders.
Le CETA en préparation depuis 2009
Les discussions entre l'UE et le Canada sur le CETA avaient été entamées en 2009 et conclues en septembre 2014. L'accord est ensuite entré dans une phase de "nettoyage juridique", autrement dit des avocats ont vérifié la cohérence entre les éléments mentionnés tout au long des quelque 1.500 pages du texte.
Souvent présenté par les leaders européens comme l'accord commercial bilatéral le plus ambitieux jamais négocié, le traité porte sur de nombreuses questions influant sur les exportations européennes de biens et de services vers le Canada, au niveau provincial et fédéral. Il a également pour objectif de faciliter l'investissement et de créer un environnement plus prévisible pour les entreprises.
3,6 millions de Wallons bloquent 500 millions d'Européens
La Wallonie, région de 3,6 millions d'habitants voit dans cet accord concernant plus de 500 millions d'Européens les prémices du traité TTIP (ou Tafta), encore plus controversé, que l'UE négocie très laborieusement avec les Etats-Unis, et réclame plus de garanties, notamment en matière de protection de ses agriculteurs et face aux puissantes multinationales.
La question des tribunaux d'arbitrage est en réalité la plus sensible du Ceta: elle concerne la possibilité donnée aux multinationales investissant dans un pays étranger de porter plainte contre un Etat adoptant une politique publique contraire à leurs intérêts.
Est désormais prévue la création d'un tribunal permanent composé de 15 juges professionnels nommés par l'UE et le Canada, dont toutes les auditions seraient publiques. Mais les ONG jugent que cette concession ne va pas assez loin et craignent que ces "pseudo-juges" soient des avocats d'affaires liés à des cabinets privés.